Savoir apprécier

Annie Spratt

Depuis plus d’un an maintenant, nous avons dû nous ajuster, ralentir voire arrêter. Pourtant, depuis des années, ce n’était que frénésie, course à la performance, optimisation et recherche constante de la petite chose qui allait nous faire gagner du temps. Le temps… On s’est fait mettre cette notion en plein visage depuis les derniers mois. Certains le prennent mieux que d’autres et je crois qu’on peut s’entendre pour dire que ça nous fait le plus grand bien d’être moins « dans le jus », malgré tous les désagréments vécus.

Le printemps nous donne une bouffée d’air, comme si Dame Nature avait jugé qu’on en avait assez bavé comme ça. Elle nous permet de sortir, de profiter des chauds rayons du soleil, de se promener et de voir (de loin) notre monde. Voir sortir nos vivaces de la terre n’a jamais été aussi plaisant, annonçant la couleur et la beauté de nos terrains. Ces terrains qu’on habitera plus que jamais cet été.

Beaucoup se sont rués sur les chalets et les terrains de camping pour sortir et voir autre chose que leur cour pour la saison chaude. Personnellement, j’ai juste envie de m’enraciner chez-moi, de profiter de ma maison et de mon terrain acquis il y a à peine un an. J’ai pris grand plaisir à découvrir le repère des cacahuètes des écureuils locaux dans mon terrain avant-hier. En nettoyant minutieusement les plates-bandes, je découvre, les deux mains dans la terre, ce qui s’y cache. Arrivée en juin l’an dernier, je n’ai pas eu ce bonheur de voir la vie reprendre et j’en avais plein les bras avec l’emménagement. Je me suis concentrée sur le dedans. Maintenant, je peux m’occuper du dehors.

Fille de campagne, j’ai toujours eu cet amour de la terre mais cette année, avec le peu de déplacements en ville et les activités limitées, je peux me dédier à cette activité enrichissante. Parce que oui, voir la nature évoluer, c’est riche et nourrissant pour l’âme. On réalise à quel point on fait partie d’un tout, d’un écosystème. Car en tant qu’humain on a parfois tendance à se croire supérieur mais la nature nous rappelle tous les jours à quel point on est petit et dépendant de plusieurs éléments. L’eau, l’air et la végétation entre autres.

Quand je regarde les conditions de vie de certaines populations ailleurs dans le monde, je nous trouve réellement privilégiés d’avoir des maisons chaudes, de l’eau courante et du terrain pour planter des fleurs alors que d’autres peinent à trouver de quoi se nourrir d’un seul repas par jour. Je ne sais pas si c’est la pandémie qui me rend plus consciente et reconnaissante de nos conditions mais je remercie le ciel d’être ici pour vivre ce chamboulement.

J’espère seulement qu’une fois la tempête passée, on gardera cet esprit plus ouvert, plus calme et plus empreint de gratitude qu’avant. Bien sûr, ce n’est pas facile tous les jours et certains citoyens souffrent profondément de cette situation, même chez-nous. Quand je vois les féminicides s’accumuler, ça me donne sérieusement froid dans le dos. Je garde la foi en l’humanité et j’espère que le beau temps calmera les démons qui mènent à ce genre de violence.

Pour finir ce marathon qu’est la course au vaccin, soyons vigilants et à l’écoute de nos voisins, de nos proches. La ligne est mince entre un simple coup de stress et une surcharge émotive qui mène au dérapage. Je demeure convaincue qu’on est sur le point de retrouver un équilibre de vie qui apaisera les ardeurs et l’anxiété généralisée afin de nous redonner la liberté salvatrice.

Et si vous avez un doute sur la situation que vit un(e) proche, n’hésitez pas. Mieux vaut prévenir que guérir comme on dit. Il vaut mieux vivre avec un malaise d’avoir mal interprété des propos ou une situation qu’un regret de n’avoir pas vu venir l’horreur d’un crime.

Photo : Unsplash – Annie Spratt

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