Quand j’étais plus jeune, je savais exactement ce que j’aimais. L’offre musicale était moins accessible alors l’achat d’un album constituait un événement en soi. Aller voir un concert, une pièce de théâtre ou une exposition coulait de source et je n’avais qu’à ouvrir le journal Voir pour déterminer ce qui me tentait parmi la multitude de possibilités. C’est surtout que, arrivée à Montréal, j’avais un monde à découvrir.
J’ai réalisé qu’avec le temps, je sortais moins. Bien entendu, il y a la question de l’âge qui fait que je ne peux plus me permettre de veiller tard un mardi sans en payer le prix toute la semaine par une fatigue lancinante que je traîne jusqu’au samedi. Mais il y a aussi un aspect curiosité qui s’est étiolé avec les années. Cela ajouté au fait que plusieurs de mes ami(e)s se sont éloignés et/ou ont fondé une famille ce qui a grandement affecté leur disponibilité pour une sortie.
J’ai aussi constaté que, quand on est plus jeune, on se fait des amis facilement. Les opportunités se font nombreuses et les affinités sont plus évidentes. Quand on vieillit, si on exclut le travail, les occasions de rencontrer de nouvelles personnes se font plus rares et d’autant plus quand on a envie de rencontrer des gens qui vont nourrir notre esprit. Avec la tendance à être vissé aux écrans aujourd’hui, disons que les croisements de regard sont devenus exceptionnels alors penser entamer une discussion avec un(e) inconnu(e) à une expo ou une conférence, ça relève de l’exploit!
J’aimerais vous dire que je blague mais pourtant, non. L’individualisme et la tendance à rester dans sa bulle sont devenus de réels freins à l’échange et la spontanéité. C’est rendu que pour rentrer en contact avec les autres, il faut presque leur rentrer dedans. Car autrement, ils ne lèvent plus leurs yeux de leur appareil abrutissant intelligent. Alors comment on fait pour élargir son réseau personnel, pour bonifier sa clique?
Je ne parle pas de rencontres amoureuses ici, je parle de rapports humains, d’amitiés, d’intérêts communs, de partages sur un thème ou un style de vie. Ça m’a pris des années à me connaître et aujourd’hui j’ai envie d’échanger avec des gens qui ont les mêmes goûts ou la même philosophie que moi. Mais on fait comment, en 2018, pour aller vers les autres quand ils sont si fermés?
Ça me trouble, cette ère du petit moi enclavé par son appareil, qui fuit presque les gens parce c’est tellement plus simple de converser via un écran. Ce sera quoi dans 15 ou 20 ans? Plus personne ne s’adressera la parole? Aura-t-on oublier, qu’à la base, l’être humain en est un de relation? Que le contact avec les autres fait grandir et nourrit l’âme?
Je trouve cela désolant. Et ce n’est pas réservé aux urbains. Malheureusement, même en pleine montagne, je vous souvent des gens, les yeux rivés sur leur appareil au lieu d’admirer le paysage. Comme si leur cerveau était dépendant de la vision à travers l’écran. Pourtant, la vie là, elle se déroule devant nos yeux.
Je nous souhaite sincèrement de retrouver ce plaisir de se côtoyer, d’apprendre à se connaître et de découvrir ce qui nous entoure. Être ouverts aux autres, c’est s’offrir un cadeau, une opportunité d’apprendre, de grandir et d’avancer. Il n’y a pas une série sur Netflix qui va battre le fou rire commun qu’on peut avoir entre amis. Parce que ça sécrète les hormones du bonheur. Et que ça, il y a peu de personnages de fiction qui peuvent nous offrir cela…
Photo : Unsplash | Jamie Taylor