Retrouver son cœur d’enfant

Sharon McCutcheon

L’Halloween vient à peine de se terminer que déjà, Noël envahit nos vies. J’aime cette fête, mais il me semble que c’est un peu tôt pour sortir le sapin, non? C’est bien parce qu’ils sont aujourd’hui majoritairement artificiels qu’il est possible de les afficher si tôt dans l’année car le sapin naturel aurait perdu presque toutes ses épines, rendu au 25 décembre!

Noël est lié originellement à la renaissance du soleil lors du solstice d’hiver mais plus personne n’en parle aujourd’hui. L’aspect chrétien de la chose a aussi pris le bord dans bien des familles, pour se transformer plutôt en grand rassemblement et en orgie de cadeaux et de bouffe. On voit des gens qu’on n’a pas vu depuis belle lurette, parfois depuis le dernier réveillon, on mange et on boit sans penser à notre ligne ni à la balance et on échange chaleureusement, sans gêne, avec les siens.

Je me souviens de mes Noëls d’enfance où il fallait se coucher avant minuit pour se faire réveiller pour les cadeaux. Des cadeaux, il y en avait beaucoup parce que c’était à ce moment-là, ainsi qu’à notre anniversaire, qu’on en recevait. Et que toute la famille élargie était réunie. Ma tante distribuait un a à un les présents et les enfants, excités, découvraient enfin ce à quoi ils avaient rêvé pendant des semaines.

Il y avait une sorte de cérémonie, un protocole, une façon de faire que tout le monde respectait. On chantait, on riait, on était heureux. Mais on ne se mettait pas de pression pour trouver les recettes les plus flyées, pour avoir plein de cadeaux, pour être habillés différemment de l’an passé. On était nous-mêmes et on s’acceptait comme ça.

C’est en entendant des collègues parler de leur party de bureau que j’ai réalisé que c’est rendu stressant aujourd’hui. Premièrement, on impose une thématique, ce qui favorise la surconsommation car la petite robe noire parfaite n’est peut-être pas dans la coupe des années 50, thème de 2018. Et si le thème est disco, entre vous et moi, je connais peu de gens qui se garde un tel kit dans leur garde-robe.

Les échanges de cadeaux sont aussi devenus source de stress. Il ne faudrait surtout pas avoir l’air fou avec notre petit présent ordinaire. Être à la hauteur est devenue une mission de vie! On peut passer des heures à chercher LA bébelle qui fera fureur et qu’on s’arrachera. Mais une fois la fête terminée, plus personne ne se souviendra de cela… Tout est si éphémère.

Alors pourquoi dépense-t-on autant d’argent et d’énergie à vouloir impressionner, marquer les esprits, pour quelques secondes? Personnellement, j’ai la chance de ne pas avoir de tels échanges dans mon entourage et j’en suis bien heureuse. Mais le nombre de personnes que je vois stresser pour dénicher la perle rare suffit à me décourager un peu.

J’ai une amie qui redécore, à chaque année, ses boules de Noël. Elle achète de nouveaux brillants ou autres ornements et s’amuse à recréer un look à partir de la même base. Je trouve cela génial et il suffit de voir le visage illuminé de ses enfants quand ils découvrent les créations de leur mère pour comprendre que le coût leur importe peu.

Je crois qu’on a perdu notre cœur d’enfant et qu’il serait grand temps de le retrouver. Cesser de nous inquiéter de l’opinion des autres, arrêter de vouloir impressionner et se concentrer sur le bonheur, le pur, le vrai. Celui du câlin sincère, du sourire coquin, du regard bienveillant, des plats faits avec amour, des présents conçus maison… Et si on cessait de surcharger nos cartes de crédit pour plutôt s’ensevelir d’amour et de moments réconfortants. Il me semble que les effluves de Noël dureraient plus longtemps. Et ça ferait moins de cadeaux à retourner après les fêtes ou à emmagasiner dans nos sous-sols…

 

Photo : Unsplash | Sharon McCutcheon

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