On m’a encore demandé pourquoi j’étais seule. Cette question qui revient souvent, ce statut qui perturbe les gens dans leurs certitudes, dans leurs propres insécurités. Car oui, quand on me questionne sur mon célibat, quand on projette sur moi des intentions, des peurs ou des émotions, ça parle plus de mon interlocuteur que de moi. Mais j’ai appris à vivre avec cela et à faire comprendre, dans le respect, que moi, je suis bien dans ma situation.
La société actuelle nous dicte que le bonheur, c’est d’être en couple. Et pourtant, je connais plusieurs personnes qui m’envient. Car souvent, on voit la vie plus verte dans le jardin du voisin, on idéalise la vie des autres. Nous sommes de véritables paradoxes sur deux pattes. Mais apprendre à vivre seule, à s’y plaire, à ne pas attendre des autres, ça fait un bien fou. Car on apprend tout d’abord à s’aimer soi-même et à se faire confiance. Puis, on apprend à s’ouvrir aux autres, à les accueillir tels qu’ils sont, car on est disponible, émotionnellement.
Pendant des années, la solitude me faisait peur. Je comblais le vide de mille et unes façons. Le silence m’effrayait donc j’avais constamment de la musique ou la télévision en fond sonore. Je passais mon temps à magasiner, à fureter sur le Net, à chercher ailleurs mon bonheur. Puis, tranquillement, j’ai apprivoisé cette solitude et j’ai compris qu’elle m’apaisait pour peu que je la laisse exister.
Être célibataire, pour quelqu’un qui est dépendant affectif, c’est sans doute la plus grande peur. Il m’est souvent arrivé de me faire questionner sur ma vie, sur comment je faisais pour vivre seule en sentant dans le regard de l’autre le désarroi que ce statut inspirait à cette personne. Il y a longtemps, je croyais que je devais à tout prix être en couple, que c’était normal, souhaitable et que ça constituait une certaine réussite dans la vie.
Mais j’ai compris que de vouloir être en couple à tout prix, ça peut nous amener à faire de mauvais choix et surtout, nous inciter à ne pas être à l’écoute de soi, à taire notre instinct et à faire fi des émotions qui nous dictent de partir. Rester ensemble juste pour ne pas être seul, c’est très malsain. Et pour l’avoir expérimenté à quelques reprises, ça peut être très nocif pour la santé mentale…
Pourquoi suis-je seule? Parce que je m’aime assez pour ne pas dépendre de quelqu’un, pour ne pas endurer une relation pour le simple fait de correspondre à une norme. Aussi parce que j’ai envie de laisser la place à la spontanéité et à l’ouverture aux autres. Parce que, lorsque je rencontrerai la bonne personne, je serai entièrement disponible et disposée à entrer en relation.
Avec les années, j’ai appris à me connaître, à m’apprécier mais aussi à avouer mes faiblesses, à accueillir ma vulnérabilité. Longtemps, je vivais comme si rien ne pouvait m’atteindre, avec une immense carapace pour empêcher à toute possibilité de me blesser de m’atteindre. Mais, vous vous en doutez, j’ai aussi rejeté les bons sentiments avec les mauvais. Et j’ai été blessé par ma propre attitude, par ma fermeture comme mesure de protection.
Aujourd’hui, je me suis construite et je suis fière de ce que je suis devenue. Imparfaite mais consciente de cela, profonde et résiliente pour me permettre d’avancer encore dans la découverte de moi, de la vie et des autres. Et je ne cherche plus la perfection chez l’autre non plus. Je cherche plutôt la vérité dans chaque être humain que je rencontre.
L’authenticité est pour moi la clé de toute bonne relation. En amitié, en amour et en affaires, être soi évite de perdre son énergie inutilement et permet de rapidement savoir si on est à notre place. Pas de jeu, pas de supercherie. Que du vrai, connecté à soi. Ça clique? On continue. Pas un bon feeling? On arrête. Simple comme ça.
Photo : Unsplash | Obi Onyeador