Travailler son intérieur

Charisse Kenion

Hier, j’ai passé presque toute la journée à me demander quand j’irais courir. Il pleuvait sans arrêt, je voyais l’eau et la slush s’accumuler dans la rue et mon intérêt diminuait grandement, lessivé par toute cette pluie. Je m’étais même installée confortablement avec un bouquin et un petit verre de vin en fin d’après-midi me disant que ce n’était pas la fin du monde si j’annulais simplement ma sortie.

Mais, l’esprit étant ce qu’il est, j’avais toujours en tête que je devais sortir. Finalement, sans attentes, vers 18 h, je me suis changée et j’ai chaussé mes souliers me disant qu’au pire, je ferais une mini-sortie, simplement pour me contenter et me dire que j’aurai essayé. Malgré mes chaussures mouillées et les gouttes qui s’accumulaient dans mes lunettes, j’avais du plaisir. Et étrangement, les conditions ne me dérangeaient pas.

Pourquoi je vous raconte cela? Car même moi, je ne sais pas ce qui s’est passé dans ma tête. Il n’y a pas si longtemps, je n’aurais même pas songé sortir, ça m’aurait paru complètement absurde. Mais aujourd’hui, j’en ai besoin. Autant le corps peut devenir dépendant de la drogue ou autres substances, autant il peut devenir accro à l’adrénaline et l’endorphine du sport.

Ce qui me perturbais le plus, avant de sortir, c’est ce sentiment de déception et d’abandon. J’avais l’impression de m’abandonner moi-même au profit du confort et de la paresse. La fameuse zone de confort était si moelleuse et relaxante… Le sapin illuminé, la chandelle aux effluves apaisantes, petite musique de fond pour compléter le tableau du dimanche pluvieux à rester en mou. Mais le petit diable dans mon esprit avait décidé, lui, que je devais me botter les fesses!

Bien sûr, quand je suis revenue après ma course, j’étais trempée jusqu’aux os (il était temps que j’arrive disons) et j’en avais ma dose. Mais la fierté que j’ai ressenti d’avoir bravé la grisaille m’a fait comprendre qu’il faut parfois taire notre petite peur intérieure et simplement faire confiance à la vie, à ses capacités et juste, ne pas trop réfléchir. Parce que le cerveau est bon pour nous démoraliser, accompagné de son fidèle acolyte, l’égo.

Les raisons étaient nombreuses pour me décourager. Et si vous êtes restés emmitouflés dans une doudou toute la journée hier, c’est très bien aussi. Je ne suis pas là pour culpabiliser qui que ce soit. Mais j’ai simplement réalisé qu’on change avec le temps et qu’il est possible de modifier ses perceptions, de voir les choses autrement. Et ça fait un bien fou de prendre conscience qu’au bout du compte, on est la personne qui nous freine le plus dans nos élans.

J’ai longtemps détesté l’hiver et le sport et aujourd’hui, j’attends impatiemment que le mercure se calme le pompon à l’automne pour pouvoir reprendre l’entraînement. Je suis passée de l’état de lézard au soleil à celui de coureuse hivernale. Donc, ne vous découragez pas, tout est possible! ?

Je crois que tout cela est aussi venu avec le fait qu’avant, mon image comptait trop, je ne voulais pas être trempée de sueur, au naturel, les joues bien rouges et risquer de croiser quelqu’un. Aussi bête que cela puisse paraître, ça ne me convenait pas. Mais tranquillement, ma santé a pris le dessus sur mon apparence. Pas que je me laisse aller mais j’ai décidé que mon intérieur comptait autant que mon extérieur.

Tout cela pour dire que si vous hésitez à démarrer une nouvelle activité, que vous êtes tentés par un sport ou une sortie mais que le confort de votre foyer vous garde prisonnier, foncez! Cessez de trop réfléchir et essayez. Le pire qui va vous arriver, c’est de ne pas aimer cela. Mais au moins, vous pourrez le rayer de votre liste et passer à la prochaine tentative. C’est à travers nos essais qu’on apprend à se connaître vraiment, pas en restant sur place à attendre que ça tombe du ciel, avec la pluie.

 

Photo : Unsplash | Charisse Kenion

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