Ce matin, j’ai souri en lisant la Presse+. Bon, ça arrive tout de même à l’occasion, entre deux catastrophes ou scandales douteux de nos politiciens imbus, de voir passer une bonne nouvelle. Mais c’est la conversion de Fred Savard qui a amené cet air heureux sur mon visage. Car de bougon parfois aigri campé dans son personnage de cynique, il s’est transformé en homme zen et accompli.
Pour ceux qui, comme moi, sont fans de l’émission de radio La soirée est (encore) jeune, le départ de Fred a été un choc mais pas vraiment une surprise. On sentait depuis un certain temps qu’il se forçait et qu’il n’avait plus le même plaisir ni la même spontanéité dans cette aventure. En d’autres mots, c’était devenu un simple travail, un boulot à accomplir, un engagement à respecter.
Lorsqu’il a commencé à aborder sa sobriété sous le thème « je me suis choisi », plusieurs l’ont taquiné, dont ses acolytes. Mais il transparaissait une attitude profondément lasse dans ces dernières participations. Heureusement, au lieu de foncer dans le mur de l’épuisement, il s’est écouté et a décidé de faire le saut. Personne ne lui avait encore proposé de nouvelles occasions de se faire entendre. Et c’est ce qui m’a touché ce matin : ce plongeon vers l’inconnu qu’il a osé faire.
J’en parle souvent et je sais que c’est plus facile à dire qu’à faire, qu’on n’a pas tous les conditions de vie pour sauter dans le vide. Mais être malheureux nous fait perdre beaucoup plus qu’un confort : c’est notre santé qui est en jeu. Les témoignages comme celui de l’ex-Zapartiste, ça en prendrait tous les jours pour nous faire prendre conscience du risque plus grand encore de rester dans une situation malsaine.
Je salue grandement le parcours de cet homme franc et dynamique qui a préféré quitter la facilité pour aller expérimenter ce qui l’animait, ce qui le faisait sentir vivant. Être décideur, choisir ses collaborateurs et sujets, oser aller au-delà de ce qu’il connaissait et être même prêt à quitter ce milieu si aucune opportunité ne lui permettait d’être heureux. Parfois, on reste dans un domaine uniquement parce que c’est le nôtre depuis un bon moment et qu’on croit bêtement que c’est tout ce qu’on sait faire…
Ses réflexions songées me manquaient à la radio et je suis très heureuse de pouvoir le retrouver dès demain dans ce nouveau projet simplement intitulé La balado de Fred Savard. Lancée grâce à une campagne de sociofinancement qui a connu un vif succès, l’émission accueillera pour le moment Hélène Faradji, Godefroy Laurendeau, Manal Drissi, Simon Jodoin, Guy A. St-Cyr, Barbara Judith-Caron et Geneviève Garon à titre de collaborateurs.
Étrangement hier, je tombais par hasard aussi sur une publication qui parlait du documentaire Jeune bergère, relatant l’histoire de Stéphanie Maubé, une jeune femme française qui réussissait plutôt bien dans son domaine après ses études en cinéma mais qui, un jour, a tout plaqué pour devenir bergère. L’appel de la terre, du concret mais aussi une sorte de désir de simplicité et une détermination à toute épreuve nourrie par l’instinct : voilà ce qui ressort de son récit mis en image par Delphine Détri.
Ces histoires, et toutes celles du même style, pourraient sonner ésotériques si elles n’étaient pas aussi sincères et ne respiraient pas autant l’authenticité. Se lever un matin et sentir qu’on n’est pas à sa place, qu’on n’est pas heureux, qu’on ne fait pas ce qu’on devrait de notre vie, ça peut arriver à tout le monde. Ce qui diffère toutefois, c’est l’oreille que chacun aura pour cette petite voix, c’est la réception que tous n’auront pas. Mais la vie, ce n’est qu’un passage alors aussi bien qu’il soit agréable, gratifiant et qu’on arrive au bout en ayant le sentiment d’avoir fait les bons choix…
Photo : Unsplash | Dayne Topkin