De retour depuis samedi sur notre territoire, je vogue encore entre deux eaux. Mitigée entre le plaisir de retrouver le confort de mon petit cocon à moi et la nostalgie des beautés italiennes, je reviens tranquillement, à mon rythme. Ce tempo qui a été le mien, d’ailleurs, dans ce beau périple. Partir seule, c’est aussi cela. Se permettre d’y aller à sa façon, sans compromis, en se laissant bercer par son instinct (et la météo).
Il y avait longtemps que je n’avais pas eu ce plaisir d’apprécier la lenteur, le calme, la douceur des matins sans pression ni contraintes. Un horaire vide, aucun plan, aucune obligation. Le bonheur! Certains me diraient que ça fait peur, tant d’inconnu, mais dans ma vie structurée au quart de tour, j’ai besoin de ce saut dans le vide pour apprécier le reste de l’année. C’est mon équilibre, le poids dans la balance qui me permet d’affronter les défis constants de nos vies débordantes d’engagements.
J’ai vu tant de belles choses que mon esprit peine à faire le tri, à rassembler, à mémoriser. Mais l’important, c’est ce que mon cœur a ressenti, ce que mon âme a perçu et tout ce qui s’est imprégné en moi. Me « perdre » dans les rues de Venise a sans aucun doute été un élément important de la qualité de mon voyage. Une fois les repères enregistrés, on peut se laisser aller comme rarement ailleurs. Car, en réalité, il est impossible de s’y perdre et jamais je ne considérerais comme une perte de temps un détour impromptu dans cette merveille unique.
Tristement, j’ai vu beaucoup de gens passer un temps fou avec leur téléphone intelligent à la main. Comme si le fait de ne pas savoir exactement où ils étaient les angoissait. J’ai personnellement préféré m’habituer à ce manque de structure plutôt que de m’accrocher aux outils technologiques. Paradoxal pour une travailleuse du numérique comme moi. Mais quand je décroche, je décroche.
J’ai lu beaucoup, sur les terrasses, dans des parcs et un peu partout. Parce que la lecture permet ce lâcher-prise complet et amène l’esprit à s’ouvrir pour accueillir. J’ai visité des lieux indescriptibles tant ils sont majestueux. L’histoire, le passé si présent, l’impression d’être si petite dans toute cette immensité, ça permet de relativiser.
Les italiens ont cette faculté d’être dans le moment présent. Surtout à Venise où la vie est particulière : aucune voiture, seuls les vaporettos servant de transport en commun circulent dans les canaux. Mais j’ai préféré marcher pour découvrir les trésors cachés et pouvoir m’arrêter quand l’envie me prenait de déguster gelato, pizza, pasta et vino… Sortir du circuit officiel pour découvrir par soi-même les petites perles de Venise : bonheur assuré!
Mon coup de cœur entre tous est sans aucun doute la fabuleuse île de Burano. Ses maisons colorées, ses petites rues coquettes et sinueuses, ses fleurs et ses vélos à profusion… L’endroit rêvé pour s’arrêter, mettre sa vie sur pause et s’enraciner, se connecter. Cette petite visite d’un jour m’aura donné de l’énergie pour les mois à venir. C’est lorsqu’on explore de tels endroits qu’on réalise à quel point la vie ici peut être stressante et imposante. Mais on peut toujours se rappeler ces moments où le temps semble s’être arrêté pour nous donner l’opportunité de vivre pleinement, sans compromis.