Stop ou encore?

Omar Prestwich

Est-ce qu’on essaie trop de faire en sorte que la réalité corresponde à nos attentes, à nos désirs? Accepte-t-on le fait que ça ne se passe pas toujours comme on veut? On parle souvent de nos fameuses attentes irréalistes mais prend-on vraiment le temps de les décortiquer, de les comprendre et de se demander pourquoi elles sont là? Parce que rien n’arrive pour rien, ce qu’on ressent y compris.

Quand on voudrait des mots, il y a le silence, quand on voudrait la paix, il y a le chaos. Ces contradictions entre nos envies et la réalité sont bien souvent là pour nous apprendre à s’ajuster, à s’écouter, à accepter. Si tout fonctionnait toujours comme on le désire, on trouverait surement le moyen d’être insatisfait. Au lieu de pester contre ce qui nous frustre, si on prenait le temps de ressentir et de se demander ce que ça fait monter en nous, ce qui résonne?

Si on confronte toujours la réalité comme si c’était un complot, on dépense une énergie folle, dans le vide. N’est-il pas plus profitable de mettre cette énergie sur nous-mêmes, sur la compréhension de nos mécanismes de défense, sur nos blessures, les traces de notre passé pas encore tout à fait assumé?

Cette fameuse expression surutilisée sur les sites et applications de rencontres : passé réglé. Ça m’a toujours fait sourire. Souvent, ces gens croient qu’en balayant bien loin sous le tapis ce qui a teinté les années passées, tout cela disparaîtra. Mais on est forgé de nos expériences antérieures et nos réactions sont bien souvent des reflets de tout cela. Si on ne se connecte pas, on subit sans s’en rendre compte. On devient le pantin de notre histoire…

Accepter, c’est sans doute un des verbes les plus difficiles à appliquer au quotidien. Accepter qu’on ne contrôle pas grand-chose, accepter qu’on soit comme on est, accepter notre corps, nos défauts, nos travers, accepter que tout ne fonctionne pas comme on s’y attendait, accepter que la vie sème sur notre route des beaux comme des moins beaux moments, accepter qu’on ne sera peut-être jamais comme on le rêvait, accepter qu’on ne nous accepte pas toujours comme on est…

C’est le travail d’une vie d’accepter mais c’est au quotidien qu’on en mesure les bienfaits. Car on peut vivre une vie de galère, à toujours se battre contre vents et marées, à toujours vouloir que tout s’adapte à nous. Ou on peut choisir de lâcher-prise et de laisser la vie nous guider, en s’écoutant et en se respectant. Pour avoir essayé les deux, je peux vous dire que la seconde option est moins éreintante et plus gratifiante.

On ne peut pas être aimé de tous, c’est une des leçons que la vie nous apprend avec le temps. Quand on est jeune, dans la cour d’école, on voudrait tellement que tous les amis nous apprécient. Puis, avec le temps et les rencontres, on sent qu’on préfère se tenir loin de certaines personnes, sans trop en être conscient. Mais quand on devient adulte, on a plus de choix et de décisions, et on investit dans les relations qui nous apportent plus de positif, idéalement.

Investir son temps sur ce qui vaut la peine, ce qui nous nourrit, ce qui nous fait rire et qui apporte du bonheur dans notre cœur. Ça devrait être ça, au fond, notre objectif. Parce que ce qui nous gruge l’intérieur, ce qui perturbe notre état et notre équilibre, c’est un signe que ce n’est pas vraiment pour nous, que ça ne s’aligne pas avec nos valeurs. Et s’il n’y a pas moyen de faire des ajustements pour retrouver cet équilibre, on risque de patauger inutilement… C’est à nous de choisir si on veut faire du sur-place, ou si on préfère continuer d’avancer, à notre rythme…

Comme dirait Plastic Bertrand :

J’fais des galas, ou des galères
Je reste comme ça, ou je persévère
Stop ou encore

Photo : Unsplash | Omar Prestwich

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