Il arrive dans la vie qu’on vive des épreuves, petites ou grandes. Les grandes peuvent être vécues comme des tremblements de terre, des ouragans majeurs qui bouleversent notre vie, notre routine, qui changent notre perception des choses. Les petites, quant à elles, sont comme des roches dans nos souliers, des éléments perturbateurs qu’on ne sent pas toujours sur le coup mais qui, à la longue, finissent par nous irriter, par laisser leur marque.
Chaque journée, des discussions, des interactions ou des événements viennent jouer sur notre humeur, sur notre équilibre. Et on n’a pas tous la même tolérance, la même capacité à faire face. En fait, selon notre état, la même situation peut nous affecter différemment, à quelques jours d’intervalle.
Alors, comment fait-on pour ne pas se laisser submerger par tous ces irritants? Eh oui, le fameux lâcher-prise. Ce terme sur-utilisé qui est associé à toutes les causes a, dans son fondement, un sens primordial. Celui de laisser aller, celui de ne pas s’accrocher. On l’oublie parfois car la psycho-pop en a fait une vedette internationale mais, à la base, ça demeure un concept indispensable dans nos vies.
Lâcher-prise, ça veut dire laisser une situation, une relation ou un événement en dehors de son esprit, ne pas lui donner une emprise sur notre état, le garder en dehors de notre bulle. Car en réalité, l’enjeu est là. Sur ce qu’on laisse nous atteindre. On a souvent critiqué la fameuse carapace qui peut devenir un mur qui empêche d’entrer en relation. Mais, parfois, il faut mettre une distance entre soi et l’extérieur. Comme on dit, trop c’est comme pas assez.
Et trop s’ouvrir et se rendre accessible, ça peut devenir dangereux. Que ce soient les critiques, les commentaires, l’humeur ou les réactions des autres, tout cela ne nous appartient pas. Il faut cesser de se sentir visé par tout, de s’inclure dans chaque situation, d’avoir cette impression que tout nous concerne. Je sais, à prime abord, on se dit qu’on n’agit pas ainsi… Mais finalement, quand on prend un pas de recul, on se rend compte qu’il nous arrive d’être perméable à tout cela…
L’important dans la vie, ce n’est pas d’être parfait tout le temps. C’est de tenter d’être soi, d’être conscient et d’être à l’écoute, autant de soi que des autres. On peut vouloir donner beaucoup mais il faut aussi accepter de recevoir, tout comme on doit prendre du temps pour soi afin d’être apte à en donner aux autres. C’est une question d’équilibre.
Alors quand une petite roche apparaît dans notre soulier, au lieu de pester et de tenter de juste la tasser, il faut s’arrêter et se demander pourquoi on l’a laissé entrer et ce qu’elle signifie. Sinon, à la longue, une blessure se créera et on sera encore plus atteint. Concrètement, cela signifie que chaque petit souci mérite d’être observé et traité, peu importe son ampleur, peu importe sa source. Car c’est une occasion de grandir et d’apprendre.
On dit souvent que c’est notre façon de réagir aux épreuves qui en dit long sur nous. Il ne s’agit ni de courage ni de performance, cette fameuse maladie du siècle qui voudrait qu’on soit toujours au top, adéquat et inébranlable. Il s’agit d’avoir la souplesse d’esprit et la capacité à faire face aux changements, aux transformations que génèrent ces changements.
Être fort, ce n’est pas être insensible. C’est être capable d’accepter l’aide, de demander du soutien et de se rapprocher des autres pour y puiser l’énergie de se relever. Car, pour émerger d’une épreuve, on a besoin de la main tendue et du regard empathique de ses proches, pas de bomber le torse.
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