Un vent de liberté

Frank Vessia

Avec le déconfinement qui nous permet de sortir un peu plus et de voir notre monde, je m’autorise ces temps-ci plus de rencontres, plus de découvertes et surtout plus de liberté. Pas que je me défonce ou que j’enfreins les règles allègrement, mais je ressens un besoin de sortir de ma coquille, après tout ce temps enfermée chez-moi et privée de contacts humains.

Autant j’ai envie de voir du monde, autant j’apprécie et je savoure mes moments calmes à la maison, à pouvoir lire un livre sur ma terrasse, en savourant un rosé bio ou en écoutant de la musique, sans but précis. Quand je croise des amis ou de la famille, je profite de chaque minute au contact des miens, comme si je refaisais le plein.

Avec cette période trouble que nous avons vécue et qui n’est malheureusement pas encore terminée (demeurons prudents svp), on retrouve des plaisirs enfouis, on redécouvre nos joies simples et nos petits bonheurs. C’est l’avantage des grands bouleversements; ils nous font prendre conscience de la valeur de ce qu’on tenait pour acquis.

La spontanéité est sans aucun doute une des caractéristiques qui nous a fait le plus défaut dans les derniers mois. Pouvoir, sur un coup de tête ou une envie soudaine, aller prendre un verre avec un ami, casser la croûte sur le pouce ou partir en voiture pour découvrir un vignoble, était chose impossible. Mais revenir à cette réalité n’est pas une mince affaire. Nos réflexes ne sont plus aussi aiguisés mais surtout, cette peur, cette crainte d’un ennemi invisible qu’on a eu bien présente dans le cerveau s’accroche.

On doit se purifier, s’exorciser de cette tension qui a trop duré dans nos vies. Sortir le méchant, retrouver notre légèreté, rire à gorge déployée (car avouez que les gouttelettes nous ont fait peur pendant longtemps)! On en a sans doute pour des semaines à devoir réapprendre à vivre sans craindre le moindre objet contaminé tant on s’est fait tremper dans le Purell pendant longtemps.

Mais la question que plusieurs se posent : veut-on vraiment revenir à la vie d’avant? Le métro-boulot-dodo, le trafic, les embouteillages, la course folle… Ça vous manque vraiment? Pas moi… Mais vraiment pas! Juste aller à un rendez-vous à Montréal en voiture me tire du jus en ce moment alors je ne m’imagine pas retourner au centre-ville régulièrement. Et je sais que je ne suis pas la seule.

Je comprends que les parents de jeunes enfants ont hâte de retrouver une routine saine et d’envoyer la marmaille à l’école. Mais n’y a-t-il pas des modèles à revoir, des priorités à repenser, des façons de gérer tout ce chaos de façon plus saine? Le fameux présentiel a clairement été écarté et personne n’en est mort. Pourtant, pendant des années, les gens se sont épuisés à s’obliger une présence physique dans les bureaux. On sait maintenant que la distance ne crée pas tant de remous et que bon nombre de travailleurs sont même plus efficaces de la maison.

J’espère sincèrement que nos modèles seront revus, tant pour notre santé mentale que pour le bien de la planète. On a fait grand bruit des animaux qui reprenaient leur droit dans certains coins urbains soudainement abandonnés par les humains. On en a bien ri mais c’est révélateur de certains aspects incohérents de nos vies. Et parfois, je me demande qui agit le plus comme un animal car on ressemble parfois à du bétail, tous entassés dans nos cubicules gris…

L’ère de l’aire ouverte semble en péril, c’est ce que j’entendais ce matin à la radio. Personnellement, retourner dans un monde cloisonné ne me tente pas du tout. Je préfère hautement le confort de mon foyer, le début de journée beaucoup plus zen de chez-moi, le chant des oiseaux me procurant une mélodie réconfortante.

Chacun aura son rythme, chacun trouvera ses repères. L’important, je crois, est de se respecter et de ne pas mettre de pression. Avec la pénurie de personnel qui fait rage dans plusieurs milieux de travail, les contraintes trop sévères auront de toute façon un impact majeur sur le taux de roulement. Soyons flexibles, soyons agiles et ouvrons notre esprit à de nouvelles façons de faire. C’est une opportunité qui s’offre à nous, saisissons-la au passage!

Mais d’ici là… Bon été!

Photo : Unsplash \ Frank Vessia

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