Depuis plus d’un an maintenant, nous vivons dans l’incertitude. Celle de la fin de cette pandémie, celle des impacts sociaux de ce grand bouleversement, celle du futur qui se dessine différent, celle des séquelles qui nous perdureront au-delà du déconfinement. On a dû travailler notre tolérance, notre patience et notre capacité d’adaptation.
Dernièrement, j’ai eu droit à un nouveau soubresaut dans ma vie personnelle. Je me suis blessée au genou, assez sévèrement, ce qui a eu comme impact de freiner complètement ma pratique du sport. Et comme pour moi la course est directement reliée à mon équilibre, autant mental que physique, j’ai vécu durement cette nouvelle perte de contrôle.
On tient pour acquis notre santé, on s’en est vite rendu compte avec cette foutue pandémie. Mais comme je suis double vaccinée et que j’ai réussi à me sauver de cette maladie, je me sentais plus libre et confiante. Malheureusement la vie nous ramène parfois la réalité en pleine face, de façon assez brutale. Après des mois de privation, je revenais à la case départ…
Après la crainte de devoir me faire opérer et d’avoir plusieurs semaines, voire mois, de convalescence et réhabilitation, j’étais assez déprimée et frustrée de cette embûche s’ajoutant au lot. Heureusement, ou peut-être miraculeusement, je pourrai éviter l’opération. Quelques semaines de guérison et d’activité minimale me permettront de me remettre sur pied et de reprendre tranquillement mes activités.
Malgré cette bonne nouvelle, je sens que ma capacité de patience s’amenuise. Car après une année particulièrement mouvementée, je me sens plus à cran, moins tolérante au changement. J’ai réalisé que c’était humain et normal d’avoir besoin de retrouver liberté et spontanéité et qu’un quelconque frein à mon élan me cause des soucis.
La vie nous met souvent à l’épreuve pour nous apprendre des choses, comme des leçons et exercices. On pratique nos réactions, notre capacité à gérer le tout, comme un test pour voir si on a progressé dans notre cheminement. J’essaie de le voir comme ça, pour donner un sens à ces moments peu agréables.
Sinon, on peut facilement tomber dans la spirale négative et voir du noir partout. Je me dis que je dois apprendre à ralentir, à ne pas vouloir tout contrôler, à accepter que tout ne se déroule pas toujours comme je le voudrais. Et qu’après tout, dans ma vie, je suis chanceuse dans mes malchances. Comme on dit, ça aurait pu être pire…
J’ose croire que les prochains mois, et surtout l’année 2022, seront plus sereins et nous permettront de retomber sur nos pattes, de retrouver nos repères et de mettre à profit ces apprentissages forcés. Ce moment imposé de ralentissement dans ma vie me fait réaliser à quel point le sport a pris une place prépondérante et cruciale dans ma routine. Faut bien que ça serve à quelque chose au fond!
Le plus ironique, c’est que c’est en essayant un nouveau sport que je me suis blessée… En voulant faire sortir le méchant, j’ai croisé le fer avec la douleur. L’importance de la course à pied m’est apparue comme majeure pour mon équilibre de vie. Ça m’assure une stabilité, par les efforts physiques, le tonus, la sécrétion d’hormones et l’effet de dépassement de soi que ça procure.
On dit souvent que c’est quand on est privé de quelque chose qu’on en mesure la pertinence. Je le vis intensément en ce moment et je sais que lorsque je serai apte à recommencer à pratiquer mon sport, je savourerai ce moment encore plus intensément. Et si cela signifie de me restreindre et ne pas essayer d’autres activités, je vivrai bien avec cela.
Et vous, avez-vous découvert ce qui primait dans votre vie et dont vous avez été privé? Est-ce que la pandémie ou d’autres situations ont testé votre capacité d’adaptation?
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