Posts by "trouv" — Page 19

Respirer à fond

Michelle

Quand c’est le chaos au boulot, qu’on a la tête pleine d’informations, qu’on a trop d’options, des choix à faire et une fatigue lancinante qui perdure, on fait quoi? On respire par le nez! Mine de rien, c’est le meilleur médicament qu’on peut offrir à notre système nerveux pour le calmer et ça vaut mieux que toutes les petites pilules qui nous engourdissent. Pourquoi? Parce que c’est inné, naturel, disponible à l’infini, gratuit et qu’en bonus, ça nous amène à sentir ce qui nous perturbe.

La tendance actuelle est pourtant de prescrire calmants et autres trucs chimiques pour couper la sensibilité et endormir nos angoisses. Mais, cette petite anxiété, elle nous dicte que quelque chose cloche. La fébrilité qui nous envahit quand on est trop sollicité est là pour nous amener à ralentir, à prendre du recul, à revoir nos priorités, à SE prioriser. Si on ne fait que s’engourdir, on ne ressent plus.

Je ne parle pas de médicaments pour le diabète ou la haute pression, on s’entend. Je parle du petit somnifère pris sporadiquement, de l’anxiolytique qu’on a toujours à portée de main. Ces tranquillisants peuvent avoir du bon en cas de force majeure. Le souci c’est quand ça devient une béquille. Tout comme l’alcool, la drogue ou les jeux vidéo peuvent l’être pour certaines personnes, les médicaments peuvent prendre une place trop importante dans l’hygiène de vie.

Respirer, donc. Ce geste simple qu’on fait sans s’en rendre compte. Mais justement, c’est ce qui nous tient en vie, c’est ce qui nous énergise, nous purifie et nous calme. Et lorsqu’on se concentre sur notre souffle, on ressent de manière plus profonde toutes nos tensions, nos crispations et le poids de nos préoccupations. Pour relativiser, on doit se reconnecter à soi et la respiration en est le point de départ.

Hier soir, après une journée intense de réunions enfilées l’une après l’autre et un rendez-vous personnel qui s’en suivit, je suis rentrée à la maison complètement vidée. Après un petit repas, je me suis installée pour fureter sur mes possibilités d’hébergement pour mon voyage. Encore plus d’informations dans mon cerveau déjà saturé. Alors, au coucher, mon hamster était surexcité et impossible à calmer.

Je me suis donc installée sur le dos dans mon lit, les mains sur mon ventre, et j’ai inspiré, profondément. Puis j’ai expiré, après une micro-pause. J’ai répété cet exercice simple pendant de longues minutes, en sentant mes épaules se détendre, mon visage s’apaiser, mon hamster ralentir. J’ai réussi à me calmer et à revenir à l’essentiel : la vie en moi.

On oublie parfois que tout ce qui nous arrive, tous nos petits soucis, nos mésaventures, nos conflits et nos questionnements, ce ne sont que des choses extérieures à nous. À la base, nous ne sommes qu’un être humain qui se débrouille avec son coffre à outils dans une vie mouvementée. Mais ce mouvement, on peut le moduler à nos envies et nos aspirations. Oui, ça demande de faire des choix, ça exige des remises en question, parfois même des deuils et des abandons. Car on ne peut pas tout avoir sans effort. Mais le bonheur, celui qui nous fait vibrer et qui nous met un sourire au visage naturellement, il doit venir du dedans, pas du dehors.

Il m’arrive quelques fois de regarder ma vie et de me dire que je pourrais tout plaquer en un claquement de doigt. Une sorte de fantasme de simplicité. Je sais pertinemment que je n’en ferai rien, pour la simple raison que j’aime trop certains aspects de ma vie pour m’en priver. Mais j’accepte ce fait et je tente de régler les petits irritants qui grugent mon énergie. Le reste ne vaut pas la peine que je m’y attarde. Alors, je prends un grand « respire » et je continue ma route, sereinement.

Photo : Unsplash | Michelle

Les petits pas de côté

Anthony Ginsbrook

Quelqu’un m’a dit un jour : la vie, c’est des hauts, c’est des bas, mais c’est aussi des pas de côté. J’ai longtemps médité cette parole pour finalement me dire que, la vie, c’est un sept carré! On change de bord, on recule, on avance, on saute de joie, on tape des mains et on reprend son chemin. Pour les plus audacieux, ça peut ressembler à un Achy breaky dance.

Danser pour oublier ses ennuis, c’est quand même pas mal comme façon de voir la vie, non? Peut-être que notre one-hit wonder profil cowboy détenait le secret du bonheur après tout. Chose certaine, à mes yeux, quand on sent qu’on s’enlise, qu’on stagne et qu’on n’est pas dans le bon bassin, il faut bouger, essayer, aller voir ailleurs si on y est ou du moins, ne pas fuir ou s’engourdir pour ne plus ressentir.

Prendre le taureau par les cornes, ça ne demande pas de grand bouleversement ou une transformation majeure. Parfois, il faut seulement prendre du recul pour voir les choses autrement, sous un nouvel angle. Un peu comme la peinture sur un mur peut changer selon la luminosité, notre situation peut aussi paraître différente quand on se positionne autrement.

Bien souvent, on a tout pour être heureux mais on cherche le bonheur ailleurs. On veut toujours plus, on s’est habitué à notre confort, tellement qu’il est devenu inconfortable, trop commun, banal. On oublie que, bien souvent, d’autres nous envient. L’herbe est souvent plus verte dans le jardin (ou le compte de banque) du voisin. Alors, aller se confronter à d’autres réalités suffit bien souvent à nous faire prendre conscience de notre propre bonheur.

Les hauts, les bas et les pas de côté, ce sont des éléments nécessaires à la vie, pour se sentir en vie. Je dis souvent que ça prend des moments désolants pour apprécier les bons. Et, je me dis que, tant que j’ai un toit, un réfrigérateur assez rempli et assez de sous pour subvenir à la base, le reste est du bonus. Les voyages, les grands crus, les vêtements, les accessoires de mode et décorations futiles, tout cela, c’est le crémage du gâteau. Mais le gâteau, il est bon, même nature.

Parfois, on veut tellement tout qu’on perd la capacité de voir et de sentir la subtilité des choses. Mais apprécier les rayons chauds du soleil après plusieurs journées froides et grises, voir les bourgeons au printemps, entendre rire des enfants, ce sont des moments précieux qui méritent notre attention et qui n’influent pas sur le cours de la bourse. C’est la bourse du bonheur qui en bénéficie, celle qui ne s’achète ni ne se vend. Celle qui se vit.

Les petits sauts de côté dans la vie, ceux qui nous permettent d’aller sur le bas-côté quelques instants pour changer de perspective, ça peut prendre la forme de vacances, d’année sabbatique ou simplement de détachement quotidien. Je pense à cette lectrice qui profite de son trajet en train pour s’aérer l’esprit ou cette amie qui marche tous les jours pour évacuer son stress. Ça prend peu pour nous aider, il suffit d’un peu de volonté.

Suivre le rang, la foule, le troupeau, ça nous amène souvent là où on ne veut pas être. Mais à force de ne pas se poser de questions et de foncer tête baissée, on peut atteindre les mauvaises destinations. À ce stade, on aura appris sur nous et sur notre besoin d’être soi, d’avancer à son rythme, avec son propre GPS interne. Ce n’est pas un échec mais plutôt une prise de conscience utile. Reculer pour mieux avancer, c’est aussi ça la vie.

Photo : Unsplash | Anthony Ginsbrook

Foncer malgré les doutes

Annie Spratt

Qu’est-ce qui nous motive dans nos choix? Quels sont les facteurs qui influencent le plus nos décisions ou la direction que prend notre vie? Étrange question ce matin, alors que les vents fouettent les fenêtres et bardassent l’extérieur. En planifiant mon périple vénitien hier, je me questionnais sur ce qui teintait mes choix. Mes intérêts, bien entendu, mais aussi l’aspect pratique de chaque option. L’envie de pouvoir prendre mon temps refait surface à tout coup.

Hier, en saisissant l’âge que j’aurai lors d’une excursion, j’ai dû entrer le « 40 » pour une première fois. Ça m’a donné un petit frisson mais, du même coup, ça m’a rappelé tout ce que j’avais vécu, les épreuves traversées déjà, les fous rires et les moments de bonheur qui ont parsemé mon chemin. Il y a longtemps, cet âge signifiait la fin imminente alors qu’aujourd’hui, on peut espérer n’en être qu’à la moitié, et encore.

Mais il n’en demeure pas moins que c’est un cap, un passage de réflexion et de réalignement quasi inévitable. Car, quand on est jeune, on peut se permettre d’explorer et de changer d’idée souvent pour découvrir ce qui nous convient. Mais vient un moment où l’on a envie d’être plus efficace et ciblée dans ce qu’on entreprend, pour ne pas perdre de temps et pour savourer chaque minute de notre vie. Se concentrer sur l’essentiel tout en s’ouvrant au monde qui nous entoure : quel beau paradoxe!

Plus je réfléchis à ce que j’ai envie d’avoir dans ma vie, plus je réalise que ce ne sont ni les objets ni les nombreuses personnes qui m’importe. C’est l’adéquation entre ce que je ressens et ce que je suis qui compte. Et ce n’est pas toujours évident de se fier à son instinct et ses émotions car celles-ci varient. C’est surement pour cela qu’on dit toujours de ne pas prendre de décision sur un coup de tête. Prendre le temps de digérer et de s’imprégner avant d’agir, quelle sage façon de vivre.

Je me laisse donc bercer par les photos et les témoignages de voyageurs ayant fait un arrêt à Venise. Étrangement, beaucoup de gens y restent seulement quelques jours alors que cette ville m’inspire farniente et lâcher-prise. Me perdre dans ses dédales et en faire ma destination principale, voilà qui semble se dessiner comme mon objectif. L’accessibilité de nombreuses destinations périphériques en fait un lieu intéressant.

Si on m’avait dit que je serais, à l’approche de la quarantaine, dans la planification d’un voyage en solo dans cette ville romantique, je ne l’aurais surement pas cru. J’y croiserai assurément plusieurs couples, des amoureux déconnectés du reste du monde, des duos plus discrets, mais cela ne m’attristera pas. Car je préfère être seule que mal accompagnée et j’ai appris à apprécier cette solitude. Celle qui nous ouvre aux autres, celles qui nous permet de s’écouter et de naviguer à sa guise, celle qui nous force à sortir de notre cocon, celle qui nous apprend à se connaître profondément.

J’ai longtemps attendu ceci ou cela pour partir mais le temps est venu de penser à moi, d’agir pour moi et de mettre de côté la petite voix qui tente de me retenir : celle de la peur. Il y a mille et une raisons d’avoir des craintes et d’anticiper. Mais cette anticipation anxiogène ne fait que freiner l’élan du cœur alors je la fais taire, je ne la laisse pas me mener.

Je vivrai assurément des petits moments de doute, des instants de frousse, des inquiétudes et des sentiments mitigés. Cela fait partie de chaque expérience. Une fois qu’on comprend cela, on relaxe et on conçoit que c’est ce qui nous garde en vie, alerte et agile. Si tout était facile et simple, ça en serait plate et déprimant. Un peu de piquant, quelques petites touches d’imprévu et d’inconnu, ça nourrit et ça nous fait sentir vivante. Alors, je fonce et advienne que pourra!

Photo : Unsplash | Annie Spratt

Prendre soin de son moi

rawpixel

On en parle de toutes les façons, on se met une pression monstre pour être dans la tendance du vegan/slow food/écolo/zéro déchet et que sais-je encore. Mais au bout du compte, pourquoi on essaie tout cela? Si le fondement de notre démarche est de bien paraître, j’ai comme le feeling que ça ne durera pas. Si, en revanche, on prend conscience de notre impact sur l’environnement, on prend le temps de mesurer les effets des changements sur notre santé, notre sommeil, notre respiration, nos douleurs, on a plus de chances d’intégrer à long terme ces nouvelles habitudes.

Mais aujourd’hui, tout doit aller tellement vite. On s’attend presque à avoir des bénéfices dans les minutes qui suivent un changement. On voudrait pouvoir le diffuser sur Facebook ou Instagram rapidement, en faire la promotion à notre souper de filles du samedi et surtout, ne pas avoir à trop faire d’efforts pour avoir des résultats. C’est comme ça, on est rendu dans une société qui nous habitue à l’instantanéité. Alors ça crée des attentes.

L’important, c’est d’être conscient du processus qui est nécessaire. Premièrement, le corps, la tête et tout l’ensemble de notre être doit percevoir le changement. Ce n’est pas comme la cortisone, ça prend du temps à être ressenti. Le changement, le corps le perçoit graduellement. On change notre alimentation mais ça prend plusieurs jours avant d’en constater les effets. On arrête ou on diminue notre consommation d’alcool mais le corps a besoin de temps avant de se purifier. On prend des produits naturels mais ce n’est pas magique.

Combien de fois ai-je entendu quelqu’un me dire : ah j’ai essayé tel truc mais ça n’a pas marché. Et quand je demande pendant combien de temps le test a été fait, on me répond souvent « une semaine ». Alors, on se gave de cochonneries pendant des années, on se soucie peu de son alimentation pendant 20 ans, on ne bouge pas, on dort mal, bref, on ne prend pas soin de soi pendant une longue durée et il faudrait qu’en quelques jours, tout cela soit inversé?

Je ne suis vraiment pas là pour faire la morale à qui que ce soit, ni pour juger ou critiquer. Mais j’ai juste envie qu’on prenne conscience que de déprogrammer notre cerveau d’une vieille habitude, de décrasser notre carcasse, de purifier notre système et de modifier nos comportements, ça demande du temps. Même si prendre son temps n’est plus dans l’air du temps, c’est un passage obligé, c’est un processus inévitable.

Et chacun son chemin comme on dit. Si ça ne vous tente pas de vous donner le temps, ça vous appartient. J’espère seulement que vos attentes seront proportionnelles aux efforts que vous mettez, pour que vous ne soyez pas déçus ou découragés. Et je sais que tout autour de nous nous pousse à faire vite, à tourner les coins ronds, à procéder efficacement. Mais notre corps et notre âme, c’est bien souvent de calme, de lenteur, de ressenti et de reconnexion avec soi qu’ils ont besoin. Prendre soin de son moi, c’est exigeant et ça demande un investissement réel, concret.

Mais, malgré ce constat, malgré ce vertige devant l’engagement nécessaire, je peux vous garantir que ça vaut le coup, et que l’énergie qu’on investit en soi nous est profitable sur le très long terme. Se prioriser, ce n’est pas être égoïste car quand on a un genou à terre, quand on n’est pas à son maximum, il est plus difficile d’être disponible pour les autres. C’est un cercle, un cycle. Se donner à soi permet de redonner aux autres. Alors, je vous souhaite un beau week-end de détente, de bonheur, de plaisir et surtout, d’écoute, de soi et des autres. Parce que ça, ça ne s’achète pas.

Photo : Unsplash | rawpixel

La laideur humaine

Trần Toàn

Vous avez surement vu passer sur les réseaux sociaux et autres médias les commentaires haineux qui ont défilés sous la publication de la nouvelle de TVA concernant la famille qui a été victime d’un incendie majeur à Halifax, où 7 enfants ont perdu la vie. Cette famille syrienne s’était installée au pays grâce à un parrainage en 2017. Malheureusement, leur rêve a viré au cauchemar en cette triste nuit. Les parents ont survécu et sont actuellement hospitalisés. Je n’ose imaginer leur peine, leur désarroi.

Ce drame affreux qui a décimé une famille ayant déjà dû quitter son pays d’origine a fait remonter le plus laid de l’humain : le racisme, la haine et l’intimidation. Je ne citerai pas ce que j’y ai lu parce que c’est tellement ignoble que ça ne mérite pas d’être publié à nouveau. Mais à chaque fois que je vois ce type de réaction, je me demande où s’en va le monde. Ces gens n’ont rien en commun, ils ne connaissent pas les victimes, habitent à des milliers de kilomètres de la tragédie mais se permettent de juger et de salir la réputation de parfaits inconnus.

Pourquoi? Je ne saurais répondre à cette question. Mais ça en dit long sur ces détracteurs, sur leur faculté d’empathie, d’altruisme et leur capacité de se projeter dans une situation vécue par autrui. Je ne comprendrai jamais ce besoin de déverser sa haine à de purs inconnus sur une situation tellement loin de soi. L’intolérance n’a pas sa place en société et plusieurs semblent oublier à quel point on est privilégié de vivre dans un pays sans danger ni catastrophe. Accueillir les moins chanceux est notre devoir de citoyen et rien ne nous appartient. Ce n’est pas parce qu’on est né ici qu’on va agir en barbare et souhaiter la mort de ceux qui nous ressemblent moins.

La souffrance humaine, ça fait ressortir de beaux gestes de solidarité et de compassion mais ça met aussi en lumière la laideur, les blessures profondes et ça projette des échos sombres et malsains trop loin, trop fort. J’ai mal à mon âme quand je vois ce type de réaction, je me demande où on a échoué collectivement pour que certains des nôtres se permettent tant de méchanceté.

Je suis peut-être utopiste, naïve ou trop optimiste mais j’ai envie qu’on s’aide et qu’on s’aime, pas qu’on se tape sur la gueule et qu’on s’insulte à tout vent. Car ma motivation première est mon propre bien-être et celui de tous. Et ce n’est pas dans la haine et dans la violence verbale ou physique qu’on vit bien, qu’on est zen, qu’on a envie de sourire et de grandir.

Je suis abasourdie, c’est le mot. Je crois que je préfère croire qu’on est tous profondément bons et qu’il faut seulement se parler pour mieux se comprendre. Peut-être me direz-vous qu’il y a des cas perdus, des causes qui ne valent plus la peine qu’on s’y attarde mais ça fait mal à tout le monde quand déferle cette vague de laideur alors on doit, collectivement, se soutenir, réagir, s’élever et dénoncer.

Oui, les médias ont une part de responsabilité en ne laissant pas perdurer une telle situation. Laisser faire c’est encourager, cautionner. Mais, en temps normal, avant cette possibilité d’écrire tout ce qui nous passe par la tête, on aurait fait quoi? Quelqu’un, sur le trottoir, déverse son fiel ainsi à haute voix? On appelle la police et on tente d’aider cette personne à reprendre contact avec la réalité, on le soigne, on l’écoute, on l’accompagne dans sa réhabilitation. Mais quand c’est virtuel, on fait quoi?

La solution ne peut pas être de fermer les yeux. Et si, collectivement, on y pensait et on tentait de trouver une solution, un code d’éthique, une ligne directrice? Ça fait trop mal pour laisser cela passer. Ce n’est pas nous, ça.

Photo : Unsplash | Trần Toàn