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Une fin de vie programmée

Nolan Issac

Ces jours-ci, phénomène banal mais oh combien frustrant de la vie moderne : ma machine espresso rend l’âme, tranquillement. Après cinq ans de loyaux services, elle semble être en fin de vie, réclamant sa retraite à grand coup de lenteur et de toussotement. Comme si livrer un café était devenu au-dessus de ses forces. Problème de riche, me direz-vous? En quelque sorte oui, mais je dirais surtout que c’est un enjeu de société que l’obsolescence programmée de nos bébelles.

Cinq ans, c’est si court dans une vie. Si on calcule que je devrais me procurer un nouvel appareil à tous les lustres, et donc disposer de l’ancien, ça en fait des déchets, même s’ils sont récupérés par l’écocentre. Et je ne comprends pas comment on peut concevoir des produits avec une si courte durée de vie. Ce n’est pas comme si j’avais négligé le nettoyage ni fait une utilisation excessive. On peut clairement considérer cela comme un usage normal dans mon cas.

Je parle de cet article de cuisine mais mon four grille-pain a vécu la même tragédie deux ans auparavant et je sens que mon réfrigérateur ne survivra pas au-delà des deux prochaines années. Après la laveuse qui a rendu l’âme l’an dernier, je me sens dans un cycle perpétuel de remplacement. Il n’y a jamais de fin puisque chaque élément de l’écosystème trouve son moment pour mourir.

Je déteste savoir que je vais produire des déchets, même s’ils sont sagement démontés et recyclés, même si on en dispose de la façon la plus louable possible. Ça demeure, au final, un nouvel achat, une consommation excessive d’objets. Je m’ennuie du temps où les réfrigérateurs duraient vingt ans et qu’ils allaient terminer leur vie au chalet ou dans le sous-sol, pour « la bière et la liqueur ». Les vieilles chaînes stéréo qu’on voyait survivre, vestiges d’une époque révolue, les meubles-télévisions qui prenaient la moitié du salon et qui nécessitaient un léger coup de poing sur le dessus pour retrouver leurs ondes d’antan…

Je suis nostalgique et c’est rare, mais je le suis de cette époque où les entreprises se forçaient pour créer pour le long terme, où la fidélité des clients se mesuraient autrement que par le nombre de courriels de colère envers des produits toujours plus fragiles. Je me souviens du premier baladeur qu’on pouvait réparer soi-même, des voitures qui ne comportaient aucune technologie, ou si peu, et que n’importe mécanicien pouvait restaurer et des appareils de cuisine qui se transmettaient de génération en génération, grâce à une qualité de confection exceptionnelle.

Certains me diront que je n’ai qu’à m’en passer, que ce n’est pas primordial dans une vie d’avoir un café au lait tous les matins et ils ont bien raison. Mais ça fait partie de mes petits plaisirs de la vie et on est loin d’un gadget superflu pour faire des boissons gazeuses à la maison. Ça a beau constituer un certain luxe, il me semble que ce n’est pas normal de dépenser quelques centaines de dollars tous les cinq ans parce que le mécanisme n’est pas assez robuste pour perdurer au-delà de ce délai.

C’est un exemple parmi tant d’autres et je suis convaincue que les parents peuvent raconter une panoplie d’histoires de jouets qui se sont brisés prématurément et ont créé beaucoup de peine à leur progéniture. Je n’ai pas la solution mais je me questionne sérieusement sur notre pouvoir, en tant que consommateur, sur ces entreprises qui produisent de plus en plus, avec de moins en moins de souci de qualité. Acheter, c’est voter, dit-on. Alors, pour qui votons-nous dans ce cas?

 

Photo : Unsplash | Nolan Issac

Gare à la consommation impulsive!

rawpixel.com

Et oui, c’est déjà le retour du vendredi fou, notre version du black Friday américain. Cette journée de rabais et d’aubaines peut devenir vite une source de stress pour quiconque consomme de manière compulsive et trouve toujours une bonne raison pour acheter. J’ai fait partie de ce clan pendant longtemps et même aujourd’hui, en voyant les publicités dans la Presse+ et sur Facebook, ça me travaille.

Depuis un bout, je me suis désabonnée des nombreuses infolettres de magasins pour cesser d’être constamment sollicitée et influencée. J’ai compris que je n’avais besoin de rien mais que je me créais des besoins au fur et à mesure que les promotions rentraient dans ma boîte de réception. Comme on dit, si on le voit pas, ça n’existe pas. Donc, ma première barrière à la surconsommation est de ne pas faire entrer virtuellement chez-moi la tentation.

Par contre, il peut être judicieux de profiter de cette journée où on « casse les prix » si on a un réel besoin ou si on veut faire nos emplettes de Noël à l’avance. Mais encore là, il faut vraiment vérifier si les prix n’ont pas été gonflés avant le rabais, si ce sont des produits de qualité, si c’est vraiment nécessaire et utile dans notre vie, si le destinataire du cadeau sera satisfait (les retours sont en conséquence du rabais en général et rendu au 26 décembre, il sera peut-être trop tard)… Bref, avant d’acheter, on doit se questionner, être certain de notre achat et faire nos devoirs.

Si vous êtes comme moi et que vous n’aimez pas les foules, le magasinage en ligne peut être très tentant. Bien installé confortablement dans notre foyer, ça peut être une approche intéressante pour magasiner mais le manque de proximité avec les objets affichés sur l’écran peut donner une impression différente et nuire à notre discernement. Par expérience, je sais que ça peut sembler moins grave d’acheter en ligne, on n’a moins l’impression de dépenser, caché derrière l’écran de notre iPad. Mais ce sont les mêmes dettes, les mêmes montants qui s’accumulent. On n’a juste pas une vendeuse qui nous dit merci et bonne journée à la fin…

Il faut être prudent dans notre consommation car ça peut devenir un piège. J’ai acheté récemment un manteau de qualité en seconde main pour me rendre compte après quelques semaines que je n’étais pas confortable dedans. Et bien devinez quoi? Je suis prise avec car je ne peux ni le retourner ni le revendre sur le site d’où je l’ai acheté. Donc on peut ainsi accumuler beaucoup d’objets dans nos maisons dont on ne se sert jamais. On n’a qu’à penser au contenu de nos armoires de cuisine qui, bien souvent, ne sert qu’en partie.

Bref, je n’ai pas de solution miracle à vous fournir aujourd’hui ni de trucs infaillibles puisque chaque personne est différente et consomme à sa façon. Mais je sais qu’en général, dans la société, il y a un certain problème avec l’achat impulsif et non justifié. Déjà, d’en être conscient, c’est un grand pas. Cesser de se mettre la tête dans le sable, être alerte et prendre le temps de se demander pourquoi on achète, ça peut nous éviter quelques faux pas. Respirer, aller faire un petit tour pour voir si, vraiment, on en a réellement besoin, si ce n’est pas juste une impulsion malsaine… Avoir une liste à la base, ça aide mais même là, on peut se créer des besoins inutiles.

Soyez vigilants, apprenez à vous connaître et pensez à toutes ces années sans l’objet de votre convoitise pour voir si vraiment votre vie était moins belle sans celui-ci. Je sais, ça peut sembler extrême, mais je peux vous jurer que ça m’a évité quelques dépenses inappropriées. Je ne suis pas parfaite, j’ai encore mes faiblesses et j’évite l’autoflagellation. Mais pour chaque achat dont je ne suis pas fière, je donne à Renaissance pour qu’au moins, les moins nantis profite de mes erreurs. Le malheur des uns fait le bonheur des autres, dit-on ?

 

Photo : Unsplash | rawpixel.com

Tout est relatif…

Lubomirkin

Avec Noël qui approche, on voit de plus en plus de projets « faites-le vous-mêmes », ou dans sa version originale, du DIY (Do it yourself). Je trouve personnellement cette vague intéressante étant donné les enjeux environnementaux que nous avons. En effet, si ça peut éviter d’ajouter encore de nouveaux objets jetables dans la quantité déjà immense de déchets polluants, on serait fou de ne pas être en faveur de ce mouvement.

Mais encore une fois, il ne faut surtout pas tomber dans la culpabilisation généralisée. J’ai vu des groupes de gens prônant un retour aux sources, le minimalisme et la consommation responsable dénoncer des pauvres parents qui tentaient de se regrouper pour acheter en vrac plutôt qu’à l’unité, et d’autres qui s’échangent les promotions dans les magasins pour s’informer et s’entraider.

Je comprends bien qu’il faut consommer intelligemment et tenter le plus possible de réduire notre empreinte sur la planète souffrante mais je pense qu’il devient crucial de relativiser et de surtout, ne pas ajouter de charge mentale sur les familles qui peinent à joindre les deux bouts ou à simplement arriver au vendredi en même temps que tout le monde.

On va se le dire, je ne connais rien à la réalité familiale, ou si peu, étant célibataire et sans enfants. Mais je suis entourée de parents et, quoique la majorité tente de faire de son mieux pour concevoir elle-même ce qu’elle peut (conserves, savon, crème, vêtements et dentifrice, entre autres), ces familles n’ont pas toujours le temps ni l’énergie pour se lancer dans des aventures plus exigeantes. Faire son pain n’est pas donné à tous, ni même faire de la couture. Et tous n’ont pas le même talent pour les tâches manuelles.

Je n’aime pas la radicalisation, le comportement dénonciateur qui fait que les gens se sentent coupables d’exister. Et quand je vois ces groupes être sans pitié pour la pauvre mère à l’épicerie qui a eu le culot de prendre des sacs d’épicerie jetables (lire ici mon sarcasme) car elle avait oublié ses sacs réutilisables, entre la gastro de sa fille et la fièvre du petit dernier, je m’insurge. C’était quoi de lui en offrir un des vôtres ? C’était quoi de lui demander si elle avait besoin d’aide au lieu de la juger sévèrement, sans aucune empathie ?

Même moi, qui n’a que ma petite personne à penser, ça m’arrive d’oublier… Est-ce qu’on peut se donner un petit break dans le jugement svp ? Oui, c’est décevant quand on voit systématiquement le voisin seul acheter sa livre de bœuf haché et prendre un sac jetable. Mais peut-être qu’il fait son compost, peut-être qu’il utilise la pelle plutôt qu’une souffleuse, qu’il fait des travaux manuels chez ses enfants pour les aider, qu’il leur a « gossé » une table de salon dans un bûche ou des cabanes d’oiseaux pour partager sa passion avec ses petits-enfants… Ce que je veux dire, c’est qu’on ne connaît pas la réalité ni les raisons des gens.

Oui, j’adore quand mon amie m’offre des savons et des crèmes faits de ses propres mains à Noël, ou quand mon autre amie me tricote des lingettes lavables pour le visage. J’envisage d’aller prendre un cours pour faire du pain maison avec une amie, sans engagement ni promesse que plus jamais je n’achèterai de pain du commerce. Juste pour essayer, pour voir, pour savoir et apprendre.

Je reviens encore au concept d’expérimenter qui me tient tant à cœur. Mais ça doit être fait sans pression et sans que ça sous-entende qu’il n’y a pas de retour en arrière possible. La sérénité est notre alliée, gardons notre esprit flexible et ouvert au lieu de chercher des bibittes partout. Ça ne compte peut-être pas dans nos émissions de gaz à effet de serre mais ça compte dans notre santé mentale. Et ça, ça se mesure au quotidien, dans notre tête comme dans notre cœur.

 

Photo : Unsplash | Lubomirkin

La jeunesse inspirante

Ce matin, je ne sais pas si c’est la vue des terrains dégagés de neige, le plaisir de pouvoir partir de la maison sans les bottes et gros manteaux ou le simple fait d’entendre les oiseaux chanter en ouvrant la porte mais j’ai comme un besoin de contact avec la nature, un sentiment d’être loin de la terre, du concret, de l’essentiel. En ouvrant mon Facebook, une image de Permavenir m’est apparue comme révélatrice de mon état d’esprit :

Permavenir
Photo : Permavenir

Certains me traiteront de bohème de campagne, et ça me fait sourire si c’est le cas, mais j’ai perçu cette image comme une triste réalité. On est entouré de grandes chaînes, d’épiciers qui n’ont comme seul objectif de faire du profit et qui bien souvent ne se soucient guerre de la provenance et de la qualité des produits qu’ils nous vendent.

J’ai fait beaucoup de recherches sur les maraîchers bios pour être en mesure de m’approvisionner directement d’un producteur en produits de qualité qui ne nuiront pas à ma santé cette année. Oui, j’aurai un potager mais je sais pertinemment que je ne pourrai pas être auto-suffisante, encore moins la première année. Je veux de la diversité mais pas à n’importe quel prix et surtout pas de n’importe qui.

Le regard de cette jeune femme et son sourire m’ont charmé car je sens chez la nouvelle génération un attrait particulièrement fort pour l’agriculture biologique, le zéro déchet et d’autres pratiques qui donnent un nouveau souffle à notre planète qui en a grand besoin.

On voit de plus en plus de projet de minimaisons, de boutiques offrant du vrac, de techniques DIY (Do It Yourself, faites-le vous-mêmes) et d’initiatives citoyennes pour le troc, le partage et l’échange de services ou de produits ayant tous pour objectif commun de réduire, réutiliser ou recycler. Et je trouve ça beau… On sent que tranquillement, les efforts portent fruit et qu’il y a de l’espoir dans cette jeunesse florissante.

Il n’y a pas si longtemps, j’étais cette génération jeune et dynamique qui tentait de tailler sa place, de faire son chemin et trouver sa voie, son ton. Aujourd’hui, je fais partie de ceux qui les regardent avec admiration et qui a envie de s’en inspirer, d’embarquer dans la danse. Les temps changent mais chaque génération bénéficie des efforts des précédentes. C’est ainsi qu’on améliore le sort du monde.

C’est en ayant la foi et en ajoutant constamment de petits gestes dans notre quotidien qu’on arrive à changer nos habitudes, notre routine de vie. Ce n’est pas difficile, ça demande seulement d’être convaincu qu’on le fait pour la bonne raison. Une fois que notre cœur y est, rien ne peut nous faire changer d’avis. C’est ainsi qu’on donne l’exemple, qu’on en inspire d’autres et qu’on se donne le goût, ensemble, de vivre dans un monde meilleur, en harmonie avec cette belle nature qui nous englobe.

Bon printemps!

 

Photo : Unsplash | Rodrigo Capuski

L’appel de la terre

Markus Spiske

Depuis quelques semaines déjà, je réfléchissais à mon projet de petit potager en regardant la neige fondre (puis s’accumuler à nouveau) et en rêvant de chaleur et de verdure. Ayant toujours aimé jardiner, j’avais envie de pousser plus loin (pousser, haha) et de m’offrir le privilège de récolter à même ma cour arrière le fruit de mes efforts. Le plaisir ressenti à savourer ses propres produits de la terre est infini et j’ai décidé que c’est cette année que ça se passait.

Par contre, l’an dernier, j’ai eu droit à une marmotte particulièrement vorace et grande amatrice de coriandre qui m’a complètement démoli mes plants de fines herbes qui ont eu peine à reprendre. Alors je cherchais une solution inaccessible aux rongeurs pour éviter d’avoir à utiliser des répulsifs (on parle quand même d’aliments ici). En furetant sur le Net, je regardais sans intérêt les jardinières surélevées des grandes chaînes, probablement made in China, en ayant au fond de moi un sentiment étrange. Vouloir cultiver mais encourager ces entreprises? Incohérence et doute m’accompagnaient dans mon processus…

Puis, Eurêka! Telle une épiphanie, la solution s’est présentée à moi (miracle Pascal?). Une compagnie d’ici, et quand je dis ici c’est vraiment le cas car elle est située à quelques kilomètres de chez-moi, fabrique des potagers surélevés en ​cèdre blanc du Québec et les livrent à domicile. Conçus de manière artisanale, ils sont livrés dans des contenants écologiques que l’on peut recycler et ne requiert aucun outil. Et le comble? Chaque achat d’un micro jardin génère un petit don à La Tablée des Chefs. Que demandez de plus?

Honnêtement, j’étais excitée comme une puce par ma trouvaille car non seulement je venais de trouver une solution moins chère mais surtout, je découvrais une entreprise locale, soucieuse de l’environnement et gérée par des gens passionnés. Et pour moi, c’est très important, spécialement dans une démarche pour produire mes légumes et fines herbes biologiques ayant pour but de réduire mon empreinte sur l’environnement et me nourrir plus sainement. Comme on dit, tout est dans tout.

Alors cette merveilleuse découverte se nomme, roulements de tambour : Micro Jardins du Québec! J’aime bien leur concept de se concentrer sur quelques produits seulement, de ne pas se perdre dans une offre diversifiée qui encombre un entrepôt et dilue les connaissances. En parcourant leur site, vous découvrirez qu’il s’agit réellement d’artisans, d’une petite équipe formée d’enthousiastes entrepreneurs qui ont à cœur la santé de notre planète.

Micro Jardins du Québec
Photo : Micro Jardins du Québec

Alors, depuis que j’ai passé ma commande, je trépigne comme une enfant devant le sapin de Noël, impatiente de recevoir mes colis et de monter mon potager à l’épreuve de Madame la marmotte. En plus, pour joindre l’utile à l’agréable, comme les potagers sont montés sur pattes, mon vieux matou ralenti par l’arthrose et les séquelles de 2 ACV pourra se coucher à l’ombre en dessous, recevant l’énergie positive de cette nouvelle vie qui poussera dans les bacs. Non, mais, est-ce qu’on parle ici d’une formule gagnante?

Ah, et si jamais vous cherchez des trucs pour améliorer vos talents de jardiniers amateurs, et que vous n’avez pas déjà succombé à cette bonne humeur contagieuse, je vous suggère fortement les capsules de Madame Marthe Laverdière (elle était surement prédestinée à cette carrière), une horticultrice hilarante qui s’adonne à des petites vidéos humoristiques et très informatives. Ses serres Li-Ma forgent le décor parfait pour ces astuces livrées de manière sincère et sentie avec toujours une note cocasse et un ton franchement joyeux. À voir!

 

Photo : Unsplash | Markus Spiske