Posts in "Réflexion" Category — Page 14

Pourquoi attend-on?

Nathan Dumlao

Drôle de question? Pas tant que cela… En fait, je parle d’attendre avant d’oser, attendre pour se gâter, attendre avant de faire ce qu’on aime, attendre avant de changer de boulot, attendre avant de quitter une personne qui ne nous rend pas heureux. Attendre avant de se choisir. Car, oui, bien souvent, on laisse les choses aller, espérant que magiquement, ça se règle tout seul. Mais, bien souvent, on se fait souffrir et on peut blesser les autres.

Ces dernières années, j’ai appris à m’écouter plus, à entendre la petite voix de mon instinct, à déceler les signes de stress ou d’anxiété qui remontaient. Et j’ai aussi appris à agir face à cette prise de conscience. Quand je ne suis pas confortable dans une situation, je tente de rééquilibrer les choses. Et si cela signifie de mettre fin à une relation, de quitter un lieu, de devoir définir mes limites plus clairement, je le fais.

Le pire c’est qu’on le sait. C’est avant de faire le saut que c’est stressant, pas après. Après, c’est souvent le soulagement, ce sentiment de légèreté d’être enfin libéré d’un poids. Et malgré qu’on ait déjà expérimenté ce cycle, on hésite toujours. Ce fameux compagnon de vie : le doute. On doute de soi dans tout, on tergiverse. Et si je me trompais? Et si je n’avais pas su écouter attentivement? Si j’avais raté un élément?

Il faut vraiment apprendre à se faire confiance et arrêter de trop réfléchir. Souvent, le hamster mental parle trop pour nous laisser percevoir la sensation dans nos tripes, nous permettre de saisir le cri du cœur ou l’appel au calme de notre âme. Et je peux vous dire que j’excelle dans l’art de trouver des justifications à tout. Quand mon cerveau décide de s’emballer pour noyer dans une mer de mots une émotion inconfortable, je peux facilement me laisser berner.

Heureusement, on m’a appris ces derniers temps à détecter ce mécanisme de défense afin de pouvoir l’apaiser. Ce tourbillon ne fait qu’un écran de fumée métaphorique devant ce que je ne veux pas ressentir : le malaise, la peine, la colère… Tout comme quand une décision est prise et assumée, je me sens soudainement libérée, rassérénée. Parce que l’envahissement d’une émotion n’est jamais agréable et, parce que, sentir qu’on lâche prise est une sensation nettement plus bienfaisante.

Avant, j’avais l’impression que je devais contrôler mes émotions, qu’il me fallait être dure envers moi-même pour y arriver. Aujourd’hui, j’ai compris que cette intransigeance face à moi-même ne faisait qu’encourager mes mécanismes. Quel soulagement! L’emprise de mon hamster s’amenuise petit à petit pour laisser place à une belle spontanéité, à cette conscience bienveillante qui me permet d’être moi.

Alors, pourquoi on attend? Parce qu’on a peur. Peur de se tromper, d’être jugé, d’être rejeté. Mais, au lieu d’avoir peur, il faut essayer. Premièrement, tout le monde a le droit de se tromper. C’est notre égo qui a peur de cela mais je vous le promets, ça ne fait pas mal 😉 Notre orgueil peut prendre une petite claque mais il va comprendre qu’on doit faire des erreurs pour grandir.

Deuxièmement, si on est jugé, c’est peut-être qu’on ne fréquente pas les bonnes personnes. Car, entre vous et moi, nos vrais amis nous acceptent comme on est, avec nos défauts, nos égarements et nos belles anecdotes à raconter! Si quelqu’un nous juge ou nous évite parce qu’on a fait des choix qui ne lui conviennent pas, basta! Cette personne ne nous méritait pas. Il faut vraiment cesser de vouloir plaire aux autres. La seule chose qu’on devrait vouloir, c’est s’aimer soi-même. Car, c’est à partir de là, seulement, qu’on pourra être aimé pour ce qu’on est réellement.

Photo : Unsplash | Nathan Dumlao

Le rôle principal de sa vie

Sarah Cervantes

À de nombreuses reprises, on m’a dit que je ne faisais pas mon âge. Bien que flatteur, ce commentaire m’a toujours intriguée car, ça veut dire quoi, au juste, faire son âge? Je l’ai souvent dit, je suis allergique aux moules (pas la bouffe, là, les cadres) qu’on tente de m’imposer. Quand on essaie de me formater, de me forcer à devenir quelqu’un d’autre, je pars dignement, sachant que ma santé mentale vaut plus que tous les salaires du monde.

Mais est-ce que ça fait de moi quelqu’un de différent? Je ne crois pas. Je suis peut-être plus consciente que d’autres, grâce à l’expérience qui est rentrée, parfois de manière rude et troublante. Mais faire son âge… Je n’arrive pas à définir cette affirmation. Est-ce que cela signifie que je devrais avoir un tailleur et des talons hauts? Je n’en sais rien.

Juste le mot devoir me dérange. Mises à part les lois à respecter, et bien entendu une certaine éthique en société dans nos faits et gestes, je ne vois pas pourquoi on s’imposerait d’être autrement que notre nature profonde. Si j’aime les tatouages, changer de couleur ou de coupe de cheveux, porter des jeans et des t-shirts, qui ça regarde à part moi? N’est-ce pas un vieux réflexe de religion catholique de vouloir nous rendre tous pareils, nous uniformiser?

Les stéréotypes font souffrir bien des gens qui se considèrent différents. Car, détonner, ça attire les regards et on n’a pas toujours envie de se justifier. Et on ne devrait pas avoir à le faire. Mais quand ce qu’on dégage ne semble pas correspondre à ce qu’on attend d’une personne de notre âge, c’est étrange. Car ça reflète les perceptions des gens, leurs attentes, leurs définitions personnelles. Mais, en réalité, ça n’existe pas, les moules. Ce sont des créations de l’esprit, un truc pour se réconforter, pour catégoriser.

Ça me fait penser à Céline Dion qui ne finit plus de nous étonner avec ses looks tous plus excentriques les uns que les autres. Beaucoup la critique et juge qu’elle devrait rester plus sobre, se garder une petite gêne comme on dit. Mais elle vit, elle est flamboyante, elle a clairement du plaisir à ainsi explorer. En quoi ça nous dérange? C’est sa vie, ce n’est pas la nôtre. N’y a-t-il pas là un peu d’envie devant tant d’audace? On peut ne pas aimer son style mais de là à réclamer qu’elle se calme…

Vivre et laisser vivre, voilà ma philosophie. Mais ça vient avec une obligation d’assumer qui l’on est car, inévitablement, on finit par se confronter à des gens qui voudraient qu’on soit autrement. C’est pourquoi j’ai décidé d’être à mon compte et c’est aussi, probablement, un peu pourquoi je suis célibataire. Car nombre d’hommes que j’ai rencontrés dans des dates auraient voulu que je sois plus « sage ». La bonne petite femme tranquille qui prépare de bons petits plats, qui acquiesce aux propos de son homme et qui ne dérange pas. Mais je ne serai jamais ainsi.

Notre nature profonde, on doit la connaître pour cesser de sentir cette oppression constante qui tente de nous faire taire. C’est beau s’assumer, c’est énergisant, c’est vivifiant. Et c’est ainsi que j’ai chassé l’anxiété troublante qui m’accompagnait en permanence. J’ai trop longtemps subi cette pression d’être la bonne fille et je ne comprenais pas que j’étouffais. Maintenant, je respire à plein poumon.

Faire mon âge alors… Je ne peux même pas imaginer ce que ce serait et ça ne me tente pas de le savoir. J’assume mon petit brin de folie, ma diversité intérieure, mon côté tomboy qui côtoie mon côté femme, mon besoin de solitude mais aussi mon amour profond des humains, mes passions contradictoires et mes goûts bien personnels. Et si ça ne correspond pas aux standards d’une femme à l’aube de la quarantaine, tant pis. Je vis bien avec cela. Soyons nous-même, la vie est trop courte pour jouer un rôle de second plan.

Photo : Unsplash | Sarah Cervantes

L’autosuffisance sociale

Camille Orgel

Ce dimanche, j’ai entamé la lecture d’un bouquin qui m’avait interpellé par son titre plutôt intrigant : Bienheureuse solitude ou l’art d’être unique. Suivant mes réflexions sur le célibat assumé et la vie en solo, l’acquisition de ce livre, avouons-le, un peu psycho-pop, s’avérait appropriée. Et dès les premières pages, la qualité de la langue et les références aux divers philosophes et grands penseurs m’ont beaucoup plu.

Mais c’est le fond du propos qui m’a rejointe car c’est une chose d’assumer mais encore faut-il comprendre, analyser et découvrir le fond de nos impressions. Dès le début, la distinction entre isolement et solitude a renforcé mes pensées. En effet, bien des gens attribuent à la solitude les aspects négatifs plutôt propres à l’isolement. Par mauvaise expérience je présume. Mais être seule ne signifie pas du tout être triste.

Un ami m’a partagé un article sorti l’an dernier en France et grandement repris par divers magazines dont la thématique (désolée pour l’anglicisme crée par nos cousins français) est : le masturdating. Pardon? Je vous entends d’ici 😉 Mais, malgré que le mot me rebute un brin pour sa référence faussement sexuelle, le fondement de cette récente tendance est on ne peut plus pertinent. Ça pourrait être défini comme l’art de se suffire à soi-même.

Beaucoup de gens sont rebutés à l’idée de sortir seul, au restaurant, au cinéma ou ailleurs par peur d’être jugé, rejeté ou de ressentir l’angoisse de la solitude. Et pourtant, c’est en sortant en solo qu’on se fait le plus aborder, qu’on apprend à s’ouvrir aux autres et à se connecter à soi. Pas de compromis qui nous déplaisent, pas de discussions imposées. Ça demande bien sûr une petite dose de courage au début mais, je vous le jure, personne ne vous regardera comme un extra-terrestre. En fait, en général, même à l’autre bout du monde, assise seule à une table, on est souvent venu me parler et me féliciter d’oser!

L’adage dit d’ailleurs qu’on se sent bien avec les autres une fois qu’on est bien avec soi-même. Et c’est surement ce qui se dégage de quiconque apprend à fonctionner seul. Et ce n’est pas uniquement lié aux sorties : déjeuner dans le calme chez-soi le matin et apprécier le silence et la quiétude, c’est déjà un bon début. En fait, l’objectif derrière cette pratique est surtout de prendre du temps pour soi au lieu de répondre aux mille et une propositions de sorties.

Par contre, j’entends déjà les critiques poindre sur le fait qu’on s’éloigne des gens. Mais ce n’est pas le cas. Développer son autonomie et un bon lien avec soi-même, ça amène justement à créer de meilleures relations. Car au lieu d’entretenir des liens utilitaires ou de dépendance, les relations deviennent plus saines et profondes. C’est la qualité qui compte et non la quantité comme on dit!

On n’ose pas souvent dire non de peur de froisser les autres mais à force de ne pas s’écouter, on devient vite frustré. Et ça, ça se répercute sur notre entourage. Combien de fois ai-je entendu quelqu’un affirmer qu’il avait telle ou telle activité mais que ça ne lui tentait pas? Trop! Désolée si cela peut paraître égoïste pour certaines personnes mais à force de vouloir plaire à tout le monde, on ne se plaît plus à soi. Pour la simple raison qu’on ne se connaît plus à force de jouer à l’autruche avec soi-même.

En fait, le seul frein à la vie en solo, c’est soi-même justement. Car les regards et les critiques des autres à votre égard existent principalement dans votre esprit. Et si, par malheur, quelqu’un osait vous juger, dites-vous que ça en dit beaucoup plus sur lui que sur vous. C’est la peur des autres que ça met en lumière, pas la vôtre alors ne vous laissez pas polluer par leurs mauvaises vibrations!

Apprendre à écouter ses envies, à se reconnecter avec ses passions mises de côté et à se faire plaisir, voilà ce qui importe. La vieille peur d’être « sans amis » qui date du secondaire, elle est loin. Se pointer seul au restaurant ou au cinéma montre une force de caractère et une certaine confiance en soi. Et non, on n’a pas besoin d’être célibataire pour s’adonner au masturdating. Je connais bien des parents qui rêvent d’une petite soirée relax. Alors n’attendez plus! Offrez-vous une date avec vous-mêmes : vous le méritez.

Photo : Unsplash |

L’inspiration du printemps

Jenna Beekhuis

L’effet printemps se fait vraiment sentir ces jours-ci. On sent plus de légèreté dans la population, une certaine ouverture aux autres et une détente qu’on attendait depuis longtemps. Moralement, on a un peu tous l’impression de sortir d’un isolement forcé. Ça fait des mois qu’on endure les réactions extrêmes de Dame nature, qu’on rêve à la verdure, la chaleur et le soleil passé 16 h.

Et maintenant, qu’on y est, le temps passe plus lentement. Juste de prendre une petite marche d’une vingtaine de minutes hier, musique dans les oreilles, verres fumés sur le nez, et j’avais cette impression de renaître. Je gambadais littéralement, large sourire dans le visage. Enfin, pouvoir se promener sans se geler, quel bonheur!

Et, évidemment, qui dit printemps, dit séduction. Terminée la saison des gros manteaux difformes, les courbes du corps se révèlent peu à peu. Et ça se voit dans le regard des gens, ainsi que dans ma boîte Messenger. Je ne sais pas pour vous mais, pour ma part, depuis une semaine, je reçois plein de messages d’inconnus désireux de faire ma connaissance. Je n’ai jamais compris cette tendance à s’adresser virtuellement ainsi sans gêne à une femme.

On ne parle pas ici de site ou d’application de rencontre. On parle d’agir de manière intrusive via une plateforme numérique. Vous me direz qu’être sur Facebook, c’est déjà avoir un peu vendu son âme au diable. Certes, mais de là à aller à la pêche à la dynamite, il y a une marge. Et je me pose la question : est-ce que ça a déjà fonctionné pour quelqu’un? Sérieusement, est-ce qu’un seul couple au Québec a déjà été formé par cette technique?

Il y a longtemps que j’ai retiré mon statut amoureux de mon profil pour éviter justement de donner envie à quiconque de m’aborder. Je vous parlais hier de mon célibat assumé et, bien que je ne revendique pas ce statut à vie, ça m’agace un peu de me faire interpeller fréquemment par des hommes qui croient (à tort) que c’est naturel de s’insérer entre mes conversations avec de vrais amis.

Il y a du bon avec les réseaux sociaux mais il y a aussi impact négatif qui implique de devoir accepter des désagréments comme celui-ci. Ça et la publicité agressante, même combat… Je pourrais décider de « tirer la plug » comme on dit, de me retirer complètement. J’y songe parfois car c’est un cercle vicieux et ça gruge du temps. Mais je préfère travailler sur moi et sur ma consommation virtuelle que d’utiliser la méthode extrême.

Alors, avec ce printemps qui s’installe tranquillement, je m’adapte et c’est avec grand plaisir que je m’excite devant toutes les activités que je pourrai faire sous peu. Planifier le jardin figure en tête de liste mais on y retrouve aussi quelques terrasses à essayer, des randonnées qui m’attirent et de nouveaux sports extérieurs à expérimenter. J’ai surtout envie de partir à la découverte de moi-même, des autres, de mes capacités et intérêts.

Pour évoluer, on dit souvent qu’il faut sortir de sa zone de confort. Mais pour cela, il faut se motiver, se grouiller le popotin et foncer. Quand on n’a que soit à convaincre, il n’y a plus de défaite qui tienne. Je peux seulement m’en vouloir si je ne vais pas au-delà de mes limites. Vous me direz que c’est la même chose pour les gens en couple. C’est vrai mais la tentation de vouloir faire des trucs à deux est souvent grande.

Bref, que vous soyez solo, duo ou avec loupiots, c’est le temps de penser à changer de rythme et à planifier les sorties pour faire le plein de vitamine D et d’air pur. Et pourquoi pas élargir le cercle d’amis? Terminées les soirées Netflix, on sort, on bouge et on déplie nos corps trop longtemps recroquevillés par le froid et le vent glacial. On a attendu pendant des mois ce moment alors ne perdons pas une minute, c’est maintenant que ça se passe. Allez hop, on savoure!

Photo : Unsplash | Jenna Beekhuis

Le célibat par choix

Kristopher Roller

Hier, la chroniqueuse Josée Blanchette a partagé un article que j’avais lu avec grand intérêt l’an dernier. Vous pouvez le trouver ici. La thématique est révélée de but en blanc dans le titre : ces célibataires qui dérangent. Une rencontre avec 7 femmes célibataires (et assumées) qui met en lumière les commentaires et réactions face à ce statut ainsi que les impacts d’une telle décision dans une vie.

La plupart de ces femmes ont vécu en couple, pendant plus ou moins longtemps. Mais sans grand succès. Toutefois, c’est surtout les rétroactions de leur entourage qui ressortent de ces témoignages. En fait, bien souvent, c’est la peur de la solitude de l’autre qui surgit. Et en tant que célibataire, je confirme tout à fait ce phénomène. Soit on veut nous présenter quelqu’un, soit on nous demande comment se fait-il qu’une femme comme nous soi seule. Comme si c’était impossible que ce soit un choix.

J’en ai déjà parlé ici et je constate que les choses ne changent pas. Le célibat d’une femme, ça dérange. Je précise « d’une femme » pour la simple raison que je ne peux pas me prononcer pour la gente masculine. Mais mon petit doigt me dit que, sans être aussi forte, la réaction doit être similaire. En cette ère d’accessibilité absolue, ça perturbe les gens en couple de constater qu’on peut souhaiter rester célibataire.

Il faut tout de même préciser une chose : ne pas être en couple ne signifie pas être triste, esseulée, isolée ou aigrie. C’est d’ailleurs de qui ressort de l’article de Châtelaine et que je corrobore. Personnellement, je n’ai jamais senti ma vie aussi équilibrée que maintenant alors que personne ne partage mon lit. Je ne vante pas le célibat, je constate seulement que, pour moi, en ce moment, ça me convient.

Une des participantes à l’enquête maison du magazine populaire révèle qu’en couple, elle s’oublie, s’efface et finit par devenir frustrée car elle se met de côté lorsqu’elle partage sa vie avec un homme. Il n’est pas question ici de reprocher quoi que ce soit à quiconque a partagé sa vie : elle se connaît, elle est comme ça et elle préfère être seule que d’ainsi s’éteindre. Ça demande quand même une certaine introspection pour comprendre et admettre cela.

Ces femmes parlent beaucoup de liberté et d’authenticité dans leurs propos et ça me rejoint beaucoup. Être soi, sans compromis, ça nous permet d’apprendre à se connaître sous toutes nos coutures. Quand on doit se débrouiller avec ses seules compétences, ça nous pousse hors de notre zone de confort. Et ça demande aussi une certaine autodérision. Car personne n’est là pour nous soutenir, pour prendre notre défense ou même pour nous permettre de voir plus clair quand on est dans le brouillard.

Il faut avoir un bon cercle d’amis et un entourage solide pour compenser cette « absence ». Car oui, la société est conçue pour cadrer sur le modèle de couple. Quand on va en solo quelque part, ça fait jaser. Comme le mentionne une femme de la troupe interrogée, c’est comme si on devait se justifier. Être en couple, c’est la norme. Être seule, ça détonne.

Depuis que les femmes sont arrivées sur le marché du travail, il n’y a jamais autant eu de femmes autonomes mais ça dérange encore beaucoup. On a l’impression de vivre à une époque où toutes les mœurs sont admises mais ce n’est pas le cas. Il n’y a pas un mois qui passe sans que quelqu’un, quelque part, me demande pourquoi je vis en solo. Souvent, je balaie ça sous le tapis mais il suffit que je sois plus fatiguée ou émotive une journée pour que ça vienne me chicoter. Ben oui, pourquoi, hein?

J’ai compris que je n’acceptais plus de me plier à ce qu’on veut que je sois, que je n’ai pas envie de défaire l’harmonie que j’ai atteinte et qu’au bout du compte, je suis heureuse comme je ne l’ai jamais été. J’ai plus à perdre qu’avant et, bien que je sois ouverte à rencontrer quelqu’un, ce n’est pas à n’importe quel prix. Et ça, plusieurs personnes ne peuvent pas le concevoir. Heureusement, elles ne sont pas dans mes souliers. Vivre et laisser vivre, c’est aussi ça, non?

Photo : Unsplash | Kristopher Roller