Posts in "Réflexion" Category — Page 31

Briller, ensemble

Tegan Mierle

Connaissez-vous des gens qui, pour se sentir bien, doivent écraser les autres? Vous savez, ce type de personne qui diminue le succès des autres pour se remonter l’estime ou qui, systématiquement, minimise la réussite de leur collègue pour avoir l’air toujours meilleur? Personnellement, j’en ai connu quelques-uns et honnêtement, c’est le type de relation qui me gruge toute mon énergie. Je n’aime pas l’injustice…

J’ai toujours cru que pour être bon dans la vie, il faut côtoyer les meilleurs, s’inspirer de ceux qui ont tenté avant nous, qui ont exploré, et qu’on peut bénéficier de l’expérience et du partage des obstacles de ceux qui sont passés par là. Je n’ai jamais considéré comme un échec ou une faiblesse le fait de devoir recommencer ou changer de trajectoire pour arriver à ses fins. Quand l’objectif est clair, peu importe la route empruntée, c’est tout ce parcours qui forme la réelle réussite. Car c’est à chaque pas que l’on apprend.

Tous les grands entrepreneurs dans le monde vous diront qu’ils ont vécu plusieurs refus et remises en question avant d’arriver là où ils sont. Et souvent, ils ont eu la chance d’avoir des mentors, des guides et des proches qui les ont écoutés et encouragés, peu importe les difficultés qui se pointaient à l’horizon. Quand on croit en soi et qu’on est bien entouré, tout est possible.

C’est important de trouver le bon monde pour vivre dans un système de valeurs commun. Pour moi, le respect figure en tête de liste. Et si je croise quelqu’un qui ne me semble pas préconiser cette valeur, je l’écarte de ma route. Ça peut sembler radical mais je considère que la vie est trop courte pour que je perde mon énergie à discuter avec quelqu’un qui ne respecte pas les autres. D’où mon intolérance envers ceux qui écrasent plutôt que d’aider les autres.

Aider les autres, les écouter et les considérer égaux, c’est la base. Et quiconque n’agit pas de la sorte en révèle plus sur ses propres blessures que sur les gens qu’il dénigre. Je trouve ça triste quand je vois ce type de comportement car bien souvent, ça laisse des séquelles sur les victimes et ça les rabaisse. Leur estime en prend un coup et, à la longue, ça peut vraiment avoir un impact très négatif.

Je parle de cela car, ces jours-ci, on parle beaucoup d’environnement dans cette semaine sur la réduction des déchets. Et je fais un certain parallèle entre la relation qu’on a avec les autres et celle qu’on a avec notre environnement si fragile. Le respect, c’est aussi envers la Terre, c’est un concept général. Selon moi, on devrait passer plus de temps à enseigner le respect dans le milieu de l’éducation et dans les maisons.

On envie souvent les scandinaves qui figurent au top du palmarès des pays où les gens sont les plus heureux. Si on veut vivre dans un pays où il faut bon vivre, je crois qu’il faudrait d’abord et avant tout se respecter mutuellement et démontrer une empathie, envers le monde et la nature. Honorer cette planète qui nous accueille (nous endure devrais-je dire), ce n’est pas si difficile. Tout le monde peut s’améliorer à ce niveau, même les plus écolos…

Ensemble, on peut briller, on peut s’aider à s’élever, on peut grandir et nourrir nos âmes. Il suffit de le vouloir et mettre de côté son petit orgueil mal placé qui nous empêche souvent d’aller vers les autres, de montrer notre vulnérabilité et méconnaissance d’un sujet. Parce que pour apprendre et avancer, ça prend une petite dose d’humilité et de courage. Et si on le fait tous, on va avancer pas mal plus. Comme le proverbe le dit, seul on va plus vite, ensemble on va plus loin…

 

Photo : Unsplash | Tegan Mierle

Sortir de sa bulle

Jamie Taylor

Quand j’étais plus jeune, je savais exactement ce que j’aimais. L’offre musicale était moins accessible alors l’achat d’un album constituait un événement en soi. Aller voir un concert, une pièce de théâtre ou une exposition coulait de source et je n’avais qu’à ouvrir le journal Voir pour déterminer ce qui me tentait parmi la multitude de possibilités. C’est surtout que, arrivée à Montréal, j’avais un monde à découvrir.

J’ai réalisé qu’avec le temps, je sortais moins. Bien entendu, il y a la question de l’âge qui fait que je ne peux plus me permettre de veiller tard un mardi sans en payer le prix toute la semaine par une fatigue lancinante que je traîne jusqu’au samedi. Mais il y a aussi un aspect curiosité qui s’est étiolé avec les années. Cela ajouté au fait que plusieurs de mes ami(e)s se sont éloignés et/ou ont fondé une famille ce qui a grandement affecté leur disponibilité pour une sortie.

J’ai aussi constaté que, quand on est plus jeune, on se fait des amis facilement. Les opportunités se font nombreuses et les affinités sont plus évidentes. Quand on vieillit, si on exclut le travail, les occasions de rencontrer de nouvelles personnes se font plus rares et d’autant plus quand on a envie de rencontrer des gens qui vont nourrir notre esprit. Avec la tendance à être vissé aux écrans aujourd’hui, disons que les croisements de regard sont devenus exceptionnels alors penser entamer une discussion avec un(e) inconnu(e) à une expo ou une conférence, ça relève de l’exploit!

J’aimerais vous dire que je blague mais pourtant, non. L’individualisme et la tendance à rester dans sa bulle sont devenus de réels freins à l’échange et la spontanéité. C’est rendu que pour rentrer en contact avec les autres, il faut presque leur rentrer dedans. Car autrement, ils ne lèvent plus leurs yeux de leur appareil abrutissant intelligent. Alors comment on fait pour élargir son réseau personnel, pour bonifier sa clique?

Je ne parle pas de rencontres amoureuses ici, je parle de rapports humains, d’amitiés, d’intérêts communs, de partages sur un thème ou un style de vie. Ça m’a pris des années à me connaître et aujourd’hui j’ai envie d’échanger avec des gens qui ont les mêmes goûts ou la même philosophie que moi. Mais on fait comment, en 2018, pour aller vers les autres quand ils sont si fermés?

Ça me trouble, cette ère du petit moi enclavé par son appareil, qui fuit presque les gens parce c’est tellement plus simple de converser via un écran. Ce sera quoi dans 15 ou 20 ans? Plus personne ne s’adressera la parole? Aura-t-on oublier, qu’à la base, l’être humain en est un de relation? Que le contact avec les autres fait grandir et nourrit l’âme?

Je trouve cela désolant. Et ce n’est pas réservé aux urbains. Malheureusement, même en pleine montagne, je vous souvent des gens, les yeux rivés sur leur appareil au lieu d’admirer le paysage. Comme si leur cerveau était dépendant de la vision à travers l’écran. Pourtant, la vie là, elle se déroule devant nos yeux.

Je nous souhaite sincèrement de retrouver ce plaisir de se côtoyer, d’apprendre à se connaître et de découvrir ce qui nous entoure. Être ouverts aux autres, c’est s’offrir un cadeau, une opportunité d’apprendre, de grandir et d’avancer. Il n’y a pas une série sur Netflix qui va battre le fou rire commun qu’on peut avoir entre amis. Parce que ça sécrète les hormones du bonheur. Et que ça, il y a peu de personnages de fiction qui peuvent nous offrir cela…

 

Photo : Unsplash | Jamie Taylor

Apprendre à ajuster ses voiles

Ian Keefe

Il y a plein de choses qui m’irritent. Je l’avoue, je ne suis pas cet être parfaitement zen et détaché sur qui coulent les situations comme sur le dos d’un canard. Je suis une personne investie, à l’écoute de mes proches et je réagis quand je sens une injustice, un manque de respect ou simplement quand quelqu’un tente de prendre trop de place dans un groupe.

Mais tout ça, je ne l’admettais pas avant. J’aurais tant voulu être parfaite et ne jamais me laisser atteindre. Ça aurait été si facile (c’est ce que je croyais). Mais, à la base, être un humain, c’est accepter d’être imparfait, d’avoir des travers. Pourquoi? Parce qu’on est ici pour apprendre, pour s’améliorer, pour tenter de faire une différence afin de, collectivement, avancer sur le chemin de la vie.

Quand on se lève le matin, on a le choix de maugréer contre les voisins bruyants, la température chancelante ou les enfants turbulents, ou plutôt constater qu’on est en vie et en santé, et qu’on a le privilège de vivre et de respirer. Ça peut sembler simpliste et je suis convaincue que bien des gens se disent : encore des paroles vides psycho pop à deux sous. J’ai déjà dit cela alors je comprends qu’on n’est pas toujours dans un état pour saisir l’importance de cette vision de la vie.

Mais je sais que cette pensée, elle en révèle plus sur notre état que sur la vie. Quand on voit les choses en noir, qu’on réfute les principes d’une vie saine, c’est qu’au fond de nous, il y a de la peine et/ou de la colère et qu’on est mieux de trouver la source de ces émotions négatives. Parce que, être heureux, c’est ce que tout le monde souhaite. Et que si chaque jour débute dans la spirale négative, il y a de fortes chances pour que ça ne s’améliore pas en cours de route…

Qu’est-ce qui cloche dans nos vies? Prend-on vraiment le temps de se poser la question? C’est si facile de se plaindre et de mettre sur le dos de tout le monde nos ennuis au lieu de réviser nos attentes et nos perceptions. Car oui, c’est à travers la lunette de notre cerveau que se passe la distorsion. Et c’est souvent parce qu’on ne se concentre pas sur notre intérieur qu’on ressent ce vide envahissant.

Pendant des années, j’ai tenté de le combler par le magasinage. Je passais mes samedis dans les centres commerciaux à surcharger mes cartes de crédit. Et mes dimanches étaient occupés à fureter sur le net pour regarder les maisons à vendre, les emplois disponibles… Bref, tout pour occuper mon hamster mental et ne pas descendre dans mes tripes et mon cœur.

Personne n’aime avouer cela. Et pourtant, beaucoup de gens vivent ainsi, dans ce cercle vicieux perpétuel. Comme si le bonheur se trouvait dans une boîte à chaussures ou dans ce nouveau manteau si trendy. Mais il faut arrêter de chercher ailleurs, se concentrer sur soi, s’extraire des influences et des vampires d’énergie pour se ramener au cœur.

Être heureux c’est quoi au juste? Déjà, si notre définition est erronée ou trop ambitieuse, on risque la déception et le découragement. Peut-être serait-il sage de revoir sa vision de la chose? On passe sa vie à courir après le bonheur, à s’étourdir à le chercher. Mais si on s’immobilise et qu’on prend le temps de respirer, on a plus de chance de le trouver.

Rien n’est dû au hasard et tout a sa raison d’être. Quand on a l’impression de tourner en rond, c’est qu’on n’a pas encore décelé l’apprentissage qui était nécessaire pour nous. Alors la vie se charge de nous offrir une nouvelle occasion de s’instruire. N’est-ce pas merveilleux?

Au lieu de se battre contre le vent, apprenons à ajuster nos voiles pour apprécier toute la force de la nature. On est mieux de trouver une façon de faire de ce qui nous entoure nos alliés au lieu de dépenser notre énergie à les confronter. Tout est une question de perception…

 

Photo : Unsplash | Ian Keefe

Sortir du chaos

Maksym Kaharlytsky

C’est vendredi, je travaille de la maison. Après 3 jours de meetings, j’ai l’impression d’atterrir, tranquillement. Et je mesure la chance que j’ai de pouvoir rester chez-moi, d’avoir l’option de travailler à partir de la maison. Peu d’employeurs ou de clients ont compris l’impact positif de cette façon de faire sur la vie des travailleurs. Et pourtant, bien souvent, les gens sont simplement tous assis à leur bureau respectif, avec les écouteurs sur les oreilles, sans communiquer entre eux. Je n’ai jamais compris ce besoin de contrôler ou d’avoir sous la main les ressources…

Le vendredi appelle aussi la réflexion du week-end : que ferai-je de mes deux jours de congé? C’est toujours un appel à la créativité, une recherche d’originalité et de désirs à combler. Entre le besoin de se reposer, celui de préparer la semaine suivante, l’envie de bouger et celle de voir du monde, ça peut finir par devenir étourdissant. Mais tout est une question d’équilibre et de priorités. On ne peut pas tout faire en même temps, il suffit d’identifier le plus important pour soi, à ce moment précis.

Avant, le dimanche était le jour de la messe, le jour du seigneur. Pour beaucoup, c’est encore celui du brunch familial. Pour ma part, c’est souvent une journée à passer à l’extérieur, à faire le plein d’air pur et de contact avec la nature. Faire l’éloge de la lenteur en pleine forêt est sans doute une de mes activités favorites. Le simple fait de ne pas avoir d’horaire ni d’itinéraire suffit à me combler.

Sortir du chaos, de la routine, des responsabilités et engagements pour quelques heures, ça me fait sentir libre et légère. Mon cerveau sait bien que ce n’est que temporaire et que tout reviendra comme avant à la fin de la journée mais de me permettre de m’en éloigner un peu rend le tout plus tolérable. On sous-estime souvent le bien-être qu’on peut ressentir quand on s’extrait de ses tâches quotidiennes. Pas de pensées pour le boulot, le lavage, la cuisine, les comptes à payer… Que de l’air frais qui pénètre dans les poumons, les feuilles qui craquent sous les pas, le soleil qui percent à travers les branches dénudées… Que du bonheur!

On doit s’autoriser ces moments de pause, ces micro-vacances pour recharger un peu ses batteries. Sinon, c’est comme si on fonctionnait toujours à la limite du 10%. Vous savez, juste avant que votre iPhone affiche la batterie rouge? On stresse quand on voit son téléphone atteindre ce niveau mais on devrait agir aussi promptement pour soi.

Alors, pour ces deux prochains jours, mon objectif sera de recharger au maximum ma batterie intérieure, de faire le plein de nouvelle énergie et de prendre soin de moi, de multiples façons. Et je vous invite à vous concocter, vous aussi, un programme santé, une mise en lumière de votre petit moi. Ce n’est pas égoïste de penser à soi, c’est primordial pour continuer à offrir le meilleur de soi.

On a le droit de vouloir être bien, de souhaiter se ressourcer, d’avoir besoin de mettre l’emphase sur ses besoins. On se met si souvent de côté, on offre beaucoup, parfois sans compter. Mais procurons-nous ce même niveau de soin, d’attention et d’effort. Peu importe ce qui vous ferait plaisir, offrez-le-vous, tout simplement. La vie est courte, on ne sait jamais de quoi demain sera fait et il serait dommage de regretter plus tard de ne pas avoir assez écouter nos envies.

 

Photo : Unsplash | Maksym Kaharlytsky

Hommage à l’ordinaire

Gaelle Marcel

Hier, j’ai vu une publicité de Noël. Et ça m’a un peu choquée. L’Halloween n’est même pas encore chose du passé qu’on nous incite déjà à acheter des cadeaux. Encore. Mais pendant ce temps, on nous bombarde d’articles et de trucs pour vivre dans le moment présent. Et le moment présent, c’est le 18 octobre 2018. Pas Noël. Pas l’Halloween. Pas la Saint-Valentin. C’est juste le 18 octobre. Une journée comme les autres, un jeudi tranquille, gris et frisquet, certes, mais un jeudi tout ce qu’il y a de plus banal.

Est-ce que chaque jour doit devenir spécial et comporter son lot d’éléments à fêter? Est-ce qu’on est rendu au stade où on n’est plus capable d’apprécier le simple fait d’être là, en vie, en santé? Est-on condamné à être sarcastique en tout temps, incapable de simplement vivre sa vie?

Parce qu’avouez qu’il y a quelque chose de curieusement ironique à voir une promotion du temps des fêtes plus de 60 jours à l’avance et qui met en vedette un livre sur le « hyge »… Je sais, certains me diront que Noël, c’est magique, qu’il y a même des magasins qui vendent à l’année des articles de cette fête devenue trop commerciale et qu’on aime tout ce qui l’entoure. Et je ne fais pas partie des grincheux qui détestent cette fête, au contraire. Ma femme de ménage trouve encore, parfois, des épines de sapin d’il y a deux ans, quand j’ai eu la bonne idée d’acheter un arbre naturel.

Mais, il me semble que… Chaque chose en son temps, non? Est-ce qu’on peut juste savourer cette douce transition vers l’hiver, sans se précipiter dans les boutiques pour consommer à outrance? Est-il encore possible de souhaiter la sobriété, le calme, le silence, la pureté? Je me sens parfois agressée par tant de publicité, de bruit, d’incitatifs permanents clamant que mon bonheur se trouve dans ce nouveau gadget à la mode.

J’envie presque l’époque de ma grand-mère qui décidait par elle-même ce que la famille mangerait pour souper, sans l’influence des 352 nutritionnistes qui produisent des livres, des articles, des chroniques et des billets de blogue pour prôner le nouvel aliment à la mode ou la combinaison parfaite d’antioxydants et nutriments pour être heureux. Dès qu’on ouvre l’œil le matin, dès la première respiration, j’ai l’impression qu’on tente de m’inciter à acheter un truc, à adopter une nouvelle pratique ou à intégrer une nouvelle habitude.

Ça ne vous donne pas le tournis vous, parfois? Même le dernier roman que j’ai lu m’a semblé infiltré par le placement de produit… Et je dois avouer que ça m’irrite un peu. J’ai l’impression, par moment, d’être un petit rat de laboratoire qu’on observe, qu’on scrute et qu’on tente de faire craquer.

C’est peut-être mon blues du retour qui me fait cela, mais ça fait quand même plusieurs années que je ressens cette pression, ce filtre permanent sur tout. Comme si plus rien n’était naturel, simple, pur. Tout me parait édulcoré, transformé, verni. Comme les photos de bouffe qu’on nous présente qui ont été travaillées pendant longtemps pour faire briller le tout comme un sou neuf.

Mais la vie, ce n’est pas Photoshop, ce n’est pas magnifié. Le matin, quand on se lève, on a tous une haleine moins inspirante, les cheveux en bataille, le pyjama enroulé autour de soi, le pli de l’oreiller dans le visage et un sérieux besoin d’être brassé un peu pour s’éveiller. Et vous savez quoi? C’est normal, ça! Faut arrêter de vouloir être beau tout le temps, de vouloir correspondre à ces maudits standards impossibles à atteindre et croire que la petite crème miracle existe. Vive l’imparfait, vive l’ordinaire. Vive les 18 octobre.

 

Photo : Unsplash | Gaelle Marcel