Redevenir soi-même

Alex Block

Ce matin, le hasard m’a fait tomber sur cette citation de Jean Céré : Être soi-même, c’est se faire exclure par certaines personnes. Être comme les autres, c’est s’exclure soi-même. Et j’ai tellement eu l’impression que je devais lire cette phrase à ce moment précis que je ne peux faire autrement que d’aimer la vie et lui faire confiance.

Ce n’est pas toujours facile de rester soi-même et parfois, ce serait si commode de juste faire ce qu’on attend de nous, dire ce que l’autre veut entendre. Je ne sais pas pour vous, mais moi, j’en suis presque incapable. Mon naturel prend le dessus, ma personnalité s’affirme et, si je tente de me museler ou me transformer, je ne me sens pas bien. Comme si j’étais trop serrée dans un chandail…

Avant, ça me dérangeait car j’avais l’impression que je devais être capable de correspondre en tous points aux attentes, d’entrer dans le moule sans rouspéter. Laissez-moi vous dire que ça te nourrit une anxiété sans arrêt ça! Alors, à force de crises d’urticaire, de maux de tête et de corps et de sensations d’inconfort, j’ai fini par abdiquer et à me dire qu’il valait peut-être mieux ne pas être aimée de tous mais me sentir bien. Ça m’a pris beaucoup de temps et de travail pour intégrer ce concept car les vieux réflexes refaisaient surface dès que quelqu’un ne m’appréciait pas. J’aurais tant voulu que tout le monde soit d’accord avec mon choix…

Mais, quand on regarde autour de soi, quand on décortique nos relations, personnelles et professionnelles, on se rend compte que ce n’est pas la quantité de gens qui compte mais bien la qualité. Mieux vaut avoir quelques vrais amis qu’un entourage rempli de fausses relations, utilitaires et superficielles. Être soi, ça veut dire retirer son masque et faire en sorte que les gens nous voient tel qu’on est réellement, sans artifice, sans enrobage embellissant. Ça peut être effrayant, même pour soi, mais c’est hautement libérateur.

Car quand l’exercice devient moins pénible, quand les mécanismes changent, on apprend à s’apprécier davantage et on sait que les autres nous aiment et nous côtoient pour les bonnes raisons. Ça peut être déstabilisant pour notre entourage et certaines personnes quitteront peut-être le navire dans cette mutation. Mais ceux qui resteront vaudront vraiment la peine, d’où la notion de qualité.

Être soi-même, ça signifie d’identifier nos valeurs, nos règles de vie et nos croyances pour s’aligner avec ces concepts et les valoriser auprès des autres. Et tout cela évolue, au fur et à mesure de nos expériences de vie. Il faut demeurer à l’écoute de ces évolutions pour ne pas ressentir, à un certain moment, cette fameuse impression de passer à côté de sa propre vie.

Identifier les influences positives et négatives, ce n’est pas toujours évident mais ça permet de savoir ce qui nous aide à demeurer nous-mêmes et à s’améliorer versus ce qui nous tire vers le bas et fait ressortir les moins beaux aspects de soi. Ce peut être des gens mais aussi des activités, des lieux, des musiques ou des ambiances qui favorisent le cercle vertueux ou vicieux. Quand on identifie l’axe qui nous convient, on peut s’y aligner et construire autour.

Être soi, au fond, c’est comme cultiver son jardin intérieur. Il faut ajouter de l’engrais, arroser, vérifier l’état des lieux, faire le ménage… Et ce n’est pas parce qu’on croit qu’une plante sera bien que ce sera le cas. Entre la théorie et la pratique, il y a un monde. C’est l’expérience qui nous le dira. Tout comme dans nos vies, on n’a jamais de garantie qu’une relation, un emploi ou un événement nous conviendra. Parfois, on croit que tout est aligné pour que ça fonctionne mais ce n’est pas le cas.

Prendre le contrôle de sa vie, identifier nos valeurs et nos besoins, développer ses passions et être à l’écoute de soi, ce sont toutes des étapes vers le vrai soi. S’ancrer, se connecter et se respecter, ça demande parfois du courage mais à force, on comprend que c’est la seule manière de vivre sereinement.

 

Photo : Unsplash | Alex Block

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