Récemment, je me suis procuré une nouvelle table de salle-à-manger. Ma meilleure amie a bien ri de moi pendant des mois car j’ai dû lui faire parvenir au moins 50 photos par SMS de table que je voyais au travers mes recherches, sur internet comme dans les boutiques. Et puis, un soir, après un verre avec un ami, j’ai fait un arrêt chez Zone pour aller chercher des filtres pour mon bac à compost (qui est d’ailleurs magnifique si jamais le petit bac beige fourni par la ville vous ennuie comme moi). Comme à chaque fois que j’entre dans cette boutique, je fais le tour pour admirer les meubles, articles de décorations et luminaires, pour finir dans le présentoir à bijoux. Mais ce soir-là, en entrant, elle m’attendait…
Une magnifique table en bois recyclé, garnie de marques du temps, de restes de couleurs sablés, massive et naturelle à souhait. Et je savais que ma quête était enfin terminée. C’était elle qui trônerait dans ma pièce lumineuse et sur laquelle j’écrirais, déjeunerais, lirais, écouterais des épisodes sur mon iPad… Bref, c’est elle qui m’accompagnerait tous les jours pour mes activités.
Qui dit acquisition dit cession. Car vous vous en doutez bien, j’avais une table avant d’acheter cette perle rare. Ce meuble m’avait accompagné dans mes divers logements à Montréal, avait été entreposé quand j’ai emménagé dans mon 3 ½ le temps de mettre des sous de côté pour acheter ma maison, elle a parcouru des kilomètres dans un camion pour finalement atterrir à Lorraine dans ma nouvelle demeure, fraîchement rénovée.
Mais elle ne cadrait pas là… Elle avait fait son temps comme on dit! Et pendant 4 ans, j’ai cherché, tenté d’imaginer ce que je voulais, j’ai scruté le web à la recherche du modèle parfait, aux proportions idéales pour mon espace, au style intemporel qui me plaira encore dans 4 ans, aux lignes simples et épurées qui ne seront pas démodées dans 2 ans…Et voilà que c’était fait!
Donc il y a quelques jours, j’ai mis en vente mon ancienne table sur les annonces classées dans l’espoir qu’elle débarrasse le plancher rapidement. Ce n’est pas que je ne l’aimais pas mais disons qu’appuyée sur un mur, elle commençait à me déranger un peu. Et j’ai reçu un courriel, d’un gentil monsieur, m’expliquant qu’il m’écrivait au nom d’une dame qui venait de déménager sur la rive-sud en provenance de Toronto. Et en discutant avec eux au téléphone, j’ai eu droit à 2 charmantes personnes, assez âgées, qui tenaient mordicus à venir voir le meuble rapidement.
Et j’ai eu droit à une visite des plus agréables et réconfortantes qui soit… 2 amis de très longue date (les 2 ont plus de 75 ans…) qui se retrouvent après des années à avoir été séparés, qui transpirent la complicité et le plaisir. La vie ne les a pas usés, la dame a travaillé partout dans le monde et son accent anglophone savoureux transparaît dans son français un peu cassé. J’ai eu droit aux photos de son chat de race, d’une couleur rare et magnifique, à un récit de vie à parcourir le monde, aux manières galantes de l’homme pour son amie, et surtout, à une rencontre qui laisse sur le cœur un sentiment de bonté dans le monde.
Car oui, il y a encore de belles personnes à rencontrer dans la vie, de façon inattendue. Cette petite histoire m’a fait sourire et réaliser qu’on a souvent tendance à voir les catastrophes et le négatif alors que partout, autour de nous, il y a du beau et du bon.
Tâchons de ne jamais l’oublier…
Ah, et j’oubliais… Elle a acheté ma table et je suis bien contente que celle-ci poursuive sa route avec une dame aussi charmante!
Photo : Unsplash | Gemma Evans