J’ai mal à mon arbre

Trent Haaland

Après des mois péripéties et d’attente, Hydro-Québec a bêtement décidé de poser un avis sur la porte de ma voisine mitoyenne hier : votre doit être ABATTU. C’est que, voyez-vous, nous sommes propriétaires de maisons de ville et donc nous n’avons qu’un minuscule bout de terrain à l’avant de nos demeures. Et sur ce petit lopin de terre trône un magnifique arbre, de la famille des bouleaux selon le fils d’un menuisier récemment passé chez-moi.

Le hic, c’est que, dans ma chère ville adorée, les fils électriques sont enfouis pour le plus grand bonheur de nos yeux. Mais ça complique un peu la gestion du territoire car tous les services passent au même endroit, soir près ou carrément dans la bande de terre qui jouxte nos stationnements. Et qui plus est, nous sommes dans un cul-de-sac et donc, vous pouvez l’imaginer, c’est tapissé d’asphalte, entre la rue et les espaces de stationnement. Nos arbres, ainsi, représentent une bouffée d’air et un minimum d’ombre pour éviter de cuire en sortant.

Comme ma voisine a eu une coupure à l’automne dernier, Hydro-Québec accuse l’arbre et soutient qu’on doit l’abattre. Ce à quoi je m’oppose vivement. Parce qu’on est en 2018 comme dirait l’autre. Mais aussi, et surtout, parce qu’il est inconcevable de ne pas réfléchir aux conséquences d’un tel acte.

On lutte contre les îlots de chaleur, on scande qu’on doit en faire plus, sauver notre belle nature qui en arrache, on milite pour une meilleure gestion du territoire, on tente de s’unir pour rassembler nos forces et faire front aux entreprises privées qui polluent… Bref, on veut tout faire pour freiner le dérapage environnemental mais pendant ce temps, Hydro-Québec veut couper bêtement un arbre parce que, peut-être, a-t-il usé un fil lâché lousse sous terre? Mais bordel, faites des conduites adaptées au lieu de miner le paysage et la qualité de l’air? Ça ne vous est pas venu à l’esprit qu’il y a d’autres solutions? Et vous allez faire quoi, couper tous les arbres qui, potentiellement, pourraient frôler un de vos fils?

Ils vont assurément nous sortir une réglementation en place, datant de 1962, sans penser plus loin, qui justifie un tel acte. Mais si on agissait encore comme à cette époque, je vous rappelle qu’on jetterait encore nos vieux frigos dans les lacs, on ne ferait aucun recyclage, on fumerait dans l’auto en présence d’enfants les vitres fermées, on ne mettrait pas notre ceinture de sécurité dans le dit véhicule en route, on penserait que les changements climatiques, c’est bon, et on agirait encore bien inconsciemment contre la sauvegarde de l’environnement.

Peut-on vraiment se fier sur des règles de cette époque? La réponse est non, évidemment. Mais c’est ainsi qu’Hydro-Québec se justifie. Et impossible de leur parler, de discuter ou de les mettre en mode solution. La règle, c’est la règle!

Vous vous en doutez, je suis en colère. D’autant plus que cela survient à une semaine de mon départ et que je n’ai absolument pas le temps ni l’énergie pour gérer cela. Pourquoi, d’ailleurs, faut-il se battre pour le gros bon sens alors que cela pourrait se passer dans la négociation saine? Parce qu’on parle d’un monopole d’état bien entendu…

Alors, si vous avez une idée ou une suggestion de personne à contacter pour nous aider dans notre combat, elle serait la bienvenue. J’ai beau prôner le lâcher-prise, je ne me laisserai pas priver d’air pur sans broncher! J’ai déjà parlé avec des gens de la ville mais ils semblent bien penauds devant le grand Hydro-Québec… Mais je n’ai pas dit mon dernier mot!

 

Photo : Unsplash | Trent Haaland

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