Apprendre à relativiser

Joey Sforza

Enfin la fraîcheur! D’un coup de baguette magique, Dame Nature nous a libéré de la chaleur écrasante et de l’air lourd qui nous ralentissait depuis trop longtemps. Ne vous méprenez pas, j’adore l’été mais j’avoue sincèrement que j’en avais assez d’être moite et de devoir planifier mes sorties selon la température. Quand on a envie d’aller marcher pendant l’heure du lunch, ou que c’est notre seul moment de libre dans la journée, et qu’il fait 42 degrés, c’est assez contraignant.

La météo est un sujet de prédilection ici et on aime pouvoir se plaindre des inconvénients, l’accuser de nous priver d’activités. Entrez dans un taxi et immanquablement, vous entendrez le chauffeur donner son avis sur l’été pénible qu’on a subi. Ça me fait rire car s’il y a bien une chose qu’on ne contrôle pas, c’est bien cela. Mais ça nous fait jaser.

J’aime mieux lire les gens pester contre la météo que de lire les commentaires agressifs et égocentriques sur des publications Facebook. Je me surprends parfois à faire cela et, chaque fois, je suis troublée de constater à quel point les gens sont devenus centrés sur leur petit nombril. Prenez par exemple le drame qui est survenu cette semaine, alors qu’un adolescent a été heurté par un train de banlieue à la gare Bois-Franc.

Dès que le service des trains de banlieue, Exo, a publié l’incident sur sa page Facebook, un déferlement de haine s’en est suivi. Je veux bien que le plan de substitution de l’organisme n’était pas au point et que ça fait longtemps que la gestion des horaires et des trains est déficiente, surtout sur la ligne Deux-Montagnes. Mais, parfois, on dirait que les gens oublient que des accidents, ça arrive. Et que, non, les autobus n’apparaîtront pas par magie dans la seconde où un problème survient…

Au-delà des troubles que cela cause, il faut garder à l’esprit qu’un humain a perdu la vie dans cet incident. Mais ça, personne ne s’en préoccupait dans les commentaires que je lisais, même si l’information était connue. Ce qui était au cœur des échanges, ou plutôt des élans de rage publiés, c’était les désagréments que chacun allait vivre. « Oui mais MOI je fais quoi maintenant pour rentrer chez-moi! »

Peut-être que certain(e)s personnes qui me lisent étaient dans cette situation et je comprends que c’est désagréable, tout comme ça l’est quand on est dans le métro ou notre voiture et qu’on est pris quelque part. Mais ça fait partie de la vie et il faut apprendre à faire avec. Avant les réseaux sociaux et les nouvelles en continu, on était simplement coincé et on n’avait pas d’avis pour nous prévenir. C’est déjà tout une avancée de pouvoir changer ses plans et trouver une alternative.

Ceci est un exemple récent mais il arrive souvent qu’on entende des gens se plaindre de leur petit malheur sans égard à ce qui se déroule autour. Les réseaux sociaux ont eu cet effet pervers de rendre les gens très centrés sur eux-mêmes et il va falloir qu’on prenne conscience de cela, qu’on change notre approche et surtout qu’on relève la tête pour se reconnecter au monde autour. Sinon, on va finir très aigris…

Le monde n’est pas contre nous et la vie ne sera jamais parfaite, tranquille et toujours rose. On n’aura jamais le contrôle sur tout ce qui se passe. Mais c’est notre réaction aux événements qu’on peut maîtriser et améliorer afin de moins se laisser atteindre par les chamboulements. Une multitude d’opportunités peuvent survenir dans un changement de plan. J’ai un couple d’amis qui s’est créé dans une telle situation, parce que mon amie a dû faire un énorme détour en autobus un soir où le métro était en panne. Et son jules prenait ce trajet, lui, à tous les jours.

Comme quoi, parfois, la vie nous fait dévier de notre trajectoire pour une bonne raison. C’est certain, perdre du temps dans le trafic, dans le métro bondé, dans les autobus de remplacement, ce n’est pas l’expérience la plus agréable mais vous pouvez toujours choisir de prendre cela avec un grain de sel et vous dire, qu’ici, au moins, on a des transports. Certaines villes n’ont rien de tout cela, ni routes pavées, ni transports en commun. On appelle ça relativiser…

 

Photo : Unsplash | Joey Sforza

Related Posts

Pietro De Grandi Tout est dans le sourire 30 novembre 2017
Alexis Fauvet Le besoin de rêver 27 février 2018