Posts published on "mars 2016" — Page 5

Au revoir M. Lacroix…

FRERE BENOIT LACROIX

Hier, en apprenant la nouvelle du décès du Père Lacroix, je me suis sentie ignorante. Cette personne représentait une source d’inspiration, de grâce, une figure intellectuelle et un grand humaniste et je le connaissais si peu. J’ai entendu quelques-unes de ses interventions mais je n’ai jamais pris le temps de m’attarder à la personne, à son vécu, à son savoir… Et aujourd’hui, malgré les écrits qui restent, il est un peu trop tard pour m’y intéresser. Bien sûr, je pourrai parcourir le web à la recherche d’entrevue et d’articles mais je n’aurai jamais l’occasion de sentir l’énergie positive et saine qu’y émanait de cette grande personne inspirante.

Josée Blanchette a souvent parlé de lui comme son guide spirituel, un mentor, un ami, une figure importante dans sa vie et il semble que ça n’a pas été suffisant pour me convaincre. Pourtant, je suis cette femme de près car je la trouve brillante, juste et éclairante. La vie avance vite, on court, on fait ce qu’on peut… Et parfois on passe à côté de quelque chose de grand. Comme c’est le cas avec une rencontre qui n’arrivera jamais avec un homme qui aurait pu m’apporter beaucoup.

Et ça m’a surtout fait constater à quel point il y a peu de gens de cette trempe, des intemporels, des philosophes, sociologues, sans jugement, qui porte sur le monde un regard riche d’espoir et empreint d’une humanité déconcertante. En dehors de la politique, des intérêts financiers, des avancées technologiques et des poussées scientifiques, il y a l’humain, le vrai, avec ses valeurs, son âme et son cœur. Et cet homme l’analysait sous un angle différent, celui du plus grand que soi.

Il va nous manquer mais il laisse derrière lui un enseignement légendaire. Ceux qui ont eu la chance d’apprendre de lui portent en eux une partie de sa lumière et de sa grandeur d’âme. J’ose espérer que certains perpétueront son œuvre et sa connaissance au-delà des mots. Il s’est intéressé à l’art, à la littérature, à l’histoire, à l’homme… Il a lié des amitiés véritables et pures avec des intellectuels, des artistes, des politiciens… Reconnu plusieurs fois dans sa vie pour ses travaux et son influence, il restera à jamais une figure importante du paysage québécois.

Reposez en paix, cher Père Lacroix. L’empreinte de votre passage demeurera et pendant longtemps les échos de votre parcours parmi nous retentiront. Ce que vous avez semé a une valeur considérable et je vous salue bien bas, dans toute mon ignorance. Je me fais un devoir d’en apprendre plus sur vous et de profiter de votre héritage pour m’instruire et approfondir mes réflexions. Je vous remercie pour tout et vous souhaite un repos éternel à la hauteur de votre passage parmi nous : généreux, apaisant et enrichissant.

 

Photo : Le Devoir

Femme et fière de l’être…

Utomo Hendra Saputra

Ce matin, j’ai lu avec beaucoup de perplexité la réplique de la ministre Lise Thériault suite à la tempête qu’a créé sa dernière intervention sur sa position plus égalitaire que féministe… J’ai parcouru les divers articles et chroniques et j’ai réfléchi sur ma propre position et ma perception de la situation actuelle. Et j’ai surtout eu un flashback d’il y a quelques années…

Au début de ma carrière, il y a une quinzaine d’années, j’ai fait partie des gens qui ont dû remplir un formulaire dans le cadre du programme du gouvernement pour l’équité salariale. Certains l’ont rempli, nonchalamment, sans trop s’attarder aux questions probablement. Mais, ce jour-là, j’ai été marqué par une réalité et depuis, c’est inscrit au fer rouge dans mon esprit…

Sur le dit formulaire, où les champs classiques de nom, prénom et occupation se succédaient, il y avait un choix dans une boîte intitulée : Faites-vous partie de l’une des catégories suivantes : –

  • Handicapé
  • Minorité visible
  • Femme

Il n’y avait pas le choix « homme » dans la liste… J’ai compris ce jour –là qu’être une femme, c’est une caractéristique qui se démarque. Être un homme, c’est la norme, c’est la base à partir de laquelle on distingue tout le reste… Et j’ai clairement compris à cette minute précise qu’il y avait encore beaucoup de chemin à faire… Je suis convaincue qu’aujourd’hui, si le même formulaire circulait, on ferait plus attention à la formulation mais au bout du compte, le résultat serait assez similaire.

Je travaille dans un milieu majoritairement masculin et en toute honnêteté je m’y plais grandement. Mais je constate, de mandat en mandat, année après année, qu’il y a peu de femme qui taille leur place dans cette sphère numérique. Manque d’intérêt? Je ne crois pas…

C’est un milieu souvent macho où j’ai fréquemment entendu des propos sexistes et dégradants, comme dans beaucoup de domaine similaire. Est-ce que je monte aux barricades à chaque fois? Non… Pourquoi? Parce que je ne ferais pas long feu… Je ne me laisse pas marcher sur les pieds et j’ai du caractère, ce qui m’a permis de me construire une certaine carapace. Mais quand je repense à ce fameux formulaire qui avait pour objectif de rétablir un équilibre dans les salaires entre hommes et femmes, je me dis que si j’avais coché les 3 cases, je me serais surement sentie petite dans mes souliers… Une exception, une complication…

Être une femme en 2016, ce n’est pas la même chose pour tout le monde et encore moins dans tous les coins du monde. Nous avons la chance ici d’être respectées (généralement) et d’avoir le droit de nous exprimer. Mais ça ne veut pas dire baisser les bras et prendre pour acquis ce que d’autres ont fait avant nous, au risque de leur emploi et parfois de leur vie. Mme la ministre, j’aimerais vous rappeler que si vos fesses sont bien assises sur un siège de ministre, c’est parce que certaines femmes avant vous ont été courageuses et se sont battues haut et fort pour que l’on nous permette de prendre notre place. Ce serait dommage de l’oublier juste parce que le mot féministe vous fait frissonner…

 

Photo : Unsplash | Utomo Hendra Saputra

Les bonnes personnes aux bonnes places…

Joey Sforza

Ces jours-ci, j’ai beaucoup moins d’énergie qu’à l’habitude. Une vilaine sinusite me la gruge, comme si elle s’en nourrissait. Ça me demande plus de repos, plus de temps pour moi, et ça m’exige surtout à ralentir, à aller à l’essentiel et à me prioriser. Comme si la vie m’envoyer un message clair de me mettre au centre de mes préoccupations.

Avec ce recul, je regarde aller mon entourage, je vois les gens tenter de faire de leur mieux, de construire quelque chose, de remplir leur mission. Et je ne peux que constater que je suis loin d’être la seule à s’épuiser sur les mauvaises priorités. En effet, beaucoup de gens de mon entourage, le nez collé sur la routine, ne voit plus du tout l’ensemble de la tâche et s’acharne sur la mauvaise partie.

D’autres, carrément assis sur la mauvaise chaise, prennent des décisions émotives ou se mettent la tête dans le sable, croyant, à tort, que la vie se chargera de remettre à leur place les mauvais joueurs. Et d’autres encore, sans s’en rendre compte, laisse le navire couler comme si aucune solution n’était possible.

Ça m’attriste de voir autant de mauvaise gestion autour de moi, comme si on était condamné à endurer tout cela… Autant personnellement que professionnellement, mon entourage semble parfois découragé et même avoir abandonné tout espoir. Pourtant, le passé nous rappelle qu’après toute phase sombre, une période plus claire survient et qu’il faut bouger les choses si on veut du changement autour de soi.

Des fois, c’est à la tête même d’une organisation que le problème est installé et à d’autres moments, les gens ne savent tout simplement pas pourquoi ils sont là où ils sont. Faire véhiculer les valeurs, les incarner, agir en conséquence, c’est valable autant dans une entreprise que dans une famille. Quand le message est clair, il y a plus de chance pour que les gens y adhèrent et s’y collent.

Savez-vous pourquoi vous êtes là? Savez-vous pourquoi vous occupez ce poste, pourquoi on vous confie ces responsabilités? Savez-vous ce que l’on attend de vous, concrètement? Si vous répondez non à ces questions, il y a de fortes chances pour que vos efforts ne soient jamais récompensés et que votre travail passe inaperçu. Malheureusement, c’est le cas de tellement de gens dans notre société que c’est devenu un mal généralisé et banal. On ne s’y attarde plus, comme si c’était normal.

Mais si vous ne comprenez pas le pourquoi, comment pouvez-vous espérer avancer et grandir? Comment peut-on considérer que l’on participe au bien commun si celui-ci n’est pas clairement défini?

Je ne suis ni découragée ni défaitiste mais disons que ces jours-ci, quand je regarde autour de moi, les sources d’inspiration ne font pas légion. Et si, pour changer, on s’arrêtait pour comprendre pourquoi on fait tout cela?

 

Photo : Unsplash | Joey Sforza