Quand on est jeune, on nous dessine un trajet vers le bonheur, vers la sécurité d’emploi, on nous accompagne dans ce parcours en tentant de nous inculquer la persévérance et la patience, nous faisant comprendre que pour bien vivre, on doit avoir un emploi, une maison, faire des sacrifices et parfois, mettre de côté nos rêves pour la dure réalité de la vie.
Cette description s’applique à la plupart des sociétés occidentales, l’archétype parfait pour enfin être quelqu’un en société. En réalité, ce modèle tracé par les banques et les compagnies qui ne veulent que nous vendre à tout prix leurs produits ne convient pas à tous et je dirais même, plait de moins en moins aux nouvelles générations.
On lit plus fréquemment ces histoires de jeunes diplômés qui, après des années de dévouement et d’efforts pour leurs études décident de tout plaquer pour vivre leur rêve, voyager, découvrir le monde et les gens. Après tout ce temps à tenter d’atteindre le but imposé par la société, ils réalisent que ça ne répond pas à LEUR besoin, à LEUR style et à LEUR modèle à eux. Et je trouve cela sincèrement magnifique.
Pendant des années, on nous a tellement cassé les oreilles pour nous dire qu’on doit garder un emploi quand on en a un car rien ne nous indique qu’on pourra en trouver un autre, qu’on a fini par se contenter de ce qu’on avait, comme des petits soldats obéissants. Et quand je regarde la consommation d’antidépresseurs et la santé générale de la population, je ne peux m’empêcher de faire un lien de cause à effet.
La réalité, c’est que tout le monde n’est pas forcément satisfait par la réussite telle qu’elle est présentée par la société. Un poste prestigieux dans une entreprise et un bon salaire font le bonheur de certains mais pas de tous. Le prestige social tant souhaité peut parfois faire prendre conscience que ce n’était pas notre rêve à nous. Le salaire élevé sert parfois uniquement à consommer pour s’anesthésier et se mettre la tête dans le sable pour éviter de sentir le profond désarroi que l’on vit.
Beaucoup d’entre nous s’interdisent de rêver, se briment et se censurent de peur de craquer en prenant conscience d’être passé à côté de notre vie. Le modèle grosse-maison-voiture-bébés-chien que l’on a tant l’impression d’avoir besoin nous retient dans cette spirale mais le souci c’est que notre cœur lui sait ce qui nous convient et après des années de mascarade et de mensonges, pour certains, tout explose.
Quand vous pensez à ceux qui vous inspirent, aux personnes dont le parcours vous fait rêver, arrêtez vous à penser aux difficultés qu’ils ont pu vivre pour arriver là où ils sont? Ont-ils suivi le chemin standard ou ont-ils plutôt tracé leur propre route, sinueuse et parfois sombre mais oh combien enrichissante?
J’ai toujours eu tendance à croire que les recettes toutes faites sont moins fructueuses en apprentissages, que les parcours en 10 étapes faciles laissent peu de marques et qu’on doit expérimenter pour remplir son baluchon, bâtir son caractère et sa force intérieure.
La sécurité est dure à quitter et ce n’est pas tout le monde qui a envie d’aventure mais si c’est votre cas, je ne saurais faire autrement que de vous encourager à plonger. Se pencher au-dessus de l’inconnu peut donner un immense vertige mais je crois que ce sera toujours moins pire que de rester dans le confort abrutissant. On n’a qu’à penser au sentiment d’accomplissement que ceux qui ont plongés peuvent nous communiquer lorsqu’ils en parlent. Moi, en tout cas, ça m’inspire, et je sais que c’est le cas de plusieurs d’entre nous.
On n’a qu’une vie à vivre, ce serait dommage de ne pas en profiter au maximum. Et parfois, il ne s’agit pas de tout balancer par-dessus bord mais simplement de se reconnecter avec son cœur d’enfant, se souvenir de ce qui nous passionnait et faire de la place dans nos vies pour ces passions qui nous nourrissent et nous donnent enfin une belle raison de continuer.
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