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L’effet domino

Neslihan Gunaydin

Je ne sais pas si c’est l’effet des réseaux sociaux qui diffusent quantité d’informations en tout genre mais j’ai clairement l’impression que de plus en plus de gens entament des changements dans leur vie et partagent leurs initiatives citoyennes. Des trucs pour le compost en passant par le zéro déchet, des astuces pour recycler des objets qu’on pensait impossible à réutiliser, du partage sincère et du troc comme je n’en n’ai jamais vu. Et je trouve ça beau!

On parle beaucoup du cynisme ambiant, du désintérêt pour la politique et de la vague de désabusement qui fait rage depuis plusieurs années, quand les scandales ont fini par nous éclater au visage mais j’ai toujours cru qu’on avait plus d’impact dans notre petite communauté et ça me fait particulièrement chaud au cœur de voir qu’un mouvement semble émerger.

Est-ce la nouvelle génération qui nous pousse à changer ou simplement un ras-le-bol collectif qui amène chaque citoyen à se questionner et se positionner? Peu importe la raison, on semble se prendre en main. L’agriculture urbaine a été à mes yeux un des éléments déclencheurs qui a prouvé qu’on peut, à la hauteur de nos talents et nos capacités, faire de petits gestes pour l’environnement et notre santé. Cultiver ses propres fines herbes et quelques plants de légumes nous fait non seulement réaliser le plaisir d’avoir des produits frais sous la main mais nous reconnecte aussi avec la terre.

Les frigos collectifs qui sont apparus dans les dernières années démontrent aussi une volonté de diminuer le gaspillage et du même coup, de prendre soin de notre société. De plus en plus de gens se réunissent pour cuisiner en groupe pour éviter les pertes en plus de tisser des liens et découvrir de nouveaux voisins.

Avec l’avènement du socio-financement, on voit aussi beaucoup de projets innovateurs être supportés par des citoyens, faute de financement traditionnel. Et je trouve que cette façon de faire permet aux gens de s’intéresser concrètement à ce qui se fait chez-nous, de découvrir des entrepreneurs et leur vision, plus que par une info-pub ou l’émission Les Dragons. De vrais gens, de vrais projets, de vrais défis et une vraie participation.

Quand j’étais petite, mon oncle était maire de ma municipalité et je me souviens très bien d’une campagne qui avait circulée dans la ville qui prônait l’achat local : l’achat local, c’est vital. Trente ans plus tard, je m’en souviens encore. Au-delà des quelques mots du slogan, on sentait un désir profond de soutenir nos producteurs locaux, de favoriser le travail de nos artisans et de diminuer par le fait même la pollution due au transport de marchandise. On était dans les années 90 et déjà on sentait qu’on pouvait avoir un impact, que chaque petit geste peut compter dans la grande équation de la vie.

Je ne suis ici ni pour faire la morale ni pour juger vos choix mais j’ai envie de vous encourager à réfléchir à votre consommation, à mesurer chaque achat et à tenter de voir s’il n’y aurait pas un produit similaire conçu par des mains de chez-nous. Oui, parfois c’est un peu plus cher, mais si vous comparez la durabilité et la qualité, vous comprendrez souvent que la facilité n’est pas toujours un gage de succès. Le made in China acheté au magasin à un dollar finit trop souvent aux vidanges, à polluer la planète, vous obligeant à racheter.

Cultivons, refusons les bouteilles d’eau jetables, soyons conséquents de chacun de nos gestes et osons dénoncer. Si on attend toujours que le voisin le fasse, on attendra longtemps. Et on sait tous pertinemment qu’il faut démarrer la roue à un moment donné pour engranger les transformations. Soyons le premier domino de la chaîne!

 

Photo : Unsplash | Neslihan Gunaydin

Les sept commandements d’une coureuse Pee-Wee

Bruno Nascimento

Depuis quelques mois déjà, je cours, cinq fois par semaine, selon un programme bien établi par mon entraîneuse, une coureuse aguerrie qui, comme moi, n’était pas destinée à cela si on se fie à ses débuts dans l’âge adulte. Et comme j’ai pu le constater en lisant des témoignages sur des groupes Facebook dédiés à la course, on est loin d’être les seules dans cette situation. Mais la course, quand tu as la piqûre et j’aurais tendance à dire, quand tu commences comme du monde, ça peut devenir une drogue, légale et bénéfique sans réels effets nocifs autres que d’avoir à gérer ton temps en fonction de tes sorties.

Au fur et à mesure de ma progression, j’ai appris, j’ai fait des erreurs, j’ai reculé pour mieux avancer… Et j’avais envie de vous partager mes apprentissages non pas pour vous les éviter à tout prix mais pour que vous sentiez que c’est normal. C’est un peu un passage obligé car c’est en expérimentant qu’on apprend à découvrir quel type de coureur on est au fond de nous. Car la première règle est très importante…

Il n’y a pas qu’un seul type de coureur

Il serait faux de penser qu’il n’y a qu’un chemin pour aller à Rome tout comme il serait complètement farfelu de croire qu’il n’y a qu’une sorte de coureur. J’ai tendance à croire qu’il y a autant de styles que de personnes. Et c’est tant mieux ainsi! À partir du moment où vous êtes conscients que vous ne serez jamais un athlète olympique (à 37 ans, j’aurais été vraiment dans le trouble de croire cela!), vous pouvez trouver votre créneau à vous. Pas celui du voisin, pas celui de l’amie qui veut courir avec vous, pas celui de votre cousin qui court depuis 92 ans… le vôtre. Vous aimerez peut-être plus l’asphalte que la trail, plus les sorties courtes mais intenses versus les longues… Ça vous appartient et dites-vous que vous êtes la seule personne à décider de ce qui fera votre bonheur.

Commence doucement, tu risques de durer plus longtemps

Quand on commence, on est ben motivé… Et ça peut disparaître assez vite! C’est comme dans n’importe quoi, si tu démarres en fou, ça se peut que ça soit juste un feu de paille et que tu finisses assis sur ton divan en te massant les mollets et en te demandant pourquoi tu as eu cette idée folle… La progression est la clé du succès et si, comme moi, ton corps a connu plus la position assise devant un ordi que debout avec des souliers de course, crois-moi, tu auras besoin que ça soit graduel. Et même quand tu auras acquis une certaine cadence, tu devras toujours respecter un certain tempo. Si tu pars en lion, tu finiras en cabochon, la langue à terre, les crampes partout et la déception dans le front.

Donnes-toi le temps

Non, ce n’est pas parce que tu es hyper motivé que ça ira plus vite. Tu seras juste moins enclin à te décourager mais devenir un vrai coureur ça prend du temps. J’étais ben fière de moi quand j’ai couru à -25 cet hiver, quand j’ai couru dans la slush, la neige, sur la glace… Et mon entraîneuse m’a fait comprendre que ça prend 10 ans avant de devenir un vrai coureur alors, oui c’est cool mais rien n’est acquis. Et quand je suis découragée car j’ai fait un temps moins bon, je me rappelle qu’il y a à peine quelques mois, c’était un supplice de parcourir 1 km sans être complètement crevée.

Respecte ton rythme

Tu feras immanquablement l’erreur de te comparer, d’aller fouiner sur les scores de courses de l’an passé pour voir les temps qui ont été faits, pour jauger ta performance. C’est un couteau à double tranchant : ça peut te motiver mais aussi te démoraliser. Prends ça à la légère et surtout, respecte ton propre rythme. Mieux vaut courir un peu plus lentement que de ne pas courir du tout. Ce n’est pas important le rang que tu occuperas, c’est la fierté que tu auras au cœur qui te nourrira.

Prends le temps de respirer

Quand je cours, j’ai souvent des points sous les côtes. Je l’avoue candidement car c’est un problème fréquent et c’est assez facile de s’en débarrasser. Suffit de ralentir un peu et d’expirer profondément pour bien vider ses poumons. Souvent, c’est dû au diaphragme qui est trop sollicité par les efforts respiratoires lors de la course. Le yoga qui permet de bien maîtriser sa respiration peut s’avérer très utile quand on a tendance à ressentir fréquemment ce type de points. Namasté!

Écoute ton corps, pas ta tête

Il m’est souvent arrivé au départ de me sentir fatiguée et d’avoir l’impression de ne pas avoir assez d’énergie pour aller courir. Et en discutant avec ma coach, j’ai compris que notre tête peut être parfois notre pire ennemie. L’égo prend beaucoup trop de place dans nos vies et de peur de ne pas performer, il peut nous faire croire qu’il est préférable de demeurer à la maison, dans notre petite zone de confort au chaud. Mais le truc est simple : allez courir et donnez-vous quelques minutes pour juger si vous êtes réellement trop crevé pour courir. La plupart du temps, le corps s’acclimatera et vous serez correct pour poursuivre. Si vous pensez à l’expression consacrée, « the mental toughness », il faut savoir que ce n’est pas si simple et que ça peut aussi jouer contre vous.

N’écoute pas les conseils des autres

Je sais que c’est un peu paradoxal de dire cela après mon propre laïus mais j’ai tellement entendu de conseils et lu d’articles contradictoires sur la course qu’il faut vraiment en prendre et en laisser. On se connaît nous-mêmes et on est toujours la personne la mieux placée pour savoir ce qui est bon pour nous et ce qui ne l’est pas. Ce n’est pas parce qu’un truc marche pour un que ça fonctionnera pour l’autre…

Bref, j’aurais pu continuer comme ça longtemps mais j’avais juste envie de vous dire d’essayer, de vous amuser, de profiter de la course pour ressentir votre corps, sentir l’air qui entre dans vos poumons et ouvrir votre cage thoracique. Dans un mois, ce sera le printemps et on pourra vraiment en profiter. C’est un des plus beaux sports qui existe, simple, sans gros équipement, qui se pratique partout. Soyez fiers de vous, soyez agiles, soyez heureux. On n’a qu’une vie à vivre, aussi bien de la vivre en santé!

 

Photo : Unsplash | Bruno Nascimento

La vraie liberté

Llywelyn Nys

La liberté est un thème presque surexposé en ce moment. Liberté d’esprit, liberté de mouvement, liberté financière. On la sert à toutes les sauces mais à force de trop vouloir la saupoudrer, on finit par l’user. Et comme toute tendance surexploitée par les Facebook de ce monde, on en vient à perdre nos repères et abandonner nos bonnes intentions, sentiment de culpabilité à l’appui.

Mais si on revient à la base, la liberté est un concept bien simple et surtout très personnel. En effet, chacun l’interprète à sa manière et l’applique selon ses principes bien à lui, ce qui est parfait ainsi. On peut résumer la liberté à la possibilité d’agir selon ses propres choix, sans avoir à en référer à une autorité quelconque. Et j’ajouterais que c’est un état d’esprit où l’on ne ressent aucune pression.

Quel est le dernier moment ou la dernière situation où vous pouvez affirmer que vous vous sentiez ainsi? Je pose la question car en étant connecté dès le lever jusqu’à la dernière seconde de notre journée, on ne s’en rend pas toujours compte, mais nous sommes exposés constamment à des propositions, des suggestions pour améliorer notre sort, pour être plus efficace, mieux gérer notre budget, notre vie et nos envies. Et à travers tout cela, on se perd un peu.

Je crois qu’aujourd’hui, d’abord et avant tout, on doit la choisir notre liberté. Et cela oblige certains sacrifices, certains changements de comportements et surtout une prise de conscience de cette pression permanente. Personnellement, je réalise parfois qu’inconsciemment, j’ai vérifié mon téléphone une dizaine de fois dans la dernière heure. Ai-je manqué un appel, un texto, une notification? C’est tout simplement devenu un réflexe et c’est complètement automatique.

Il n’y a qu’à faire un tour dans le métro pour voir à quel point c’est devenu malaisant de n’avoir rien à regarder. Je vois fréquemment des gens passer d’une application à l’autre sans rien y faire d’intéressant ou de pertinent, simplement pour faire quelque chose de leurs mains, de leurs yeux… Quelques-uns se risquent à trainer un livre « papier » mais très peu se laissent tout simplement bercer par le mouvement du wagon.

Je n’ai ni leçon à donner ni truc infaillible à vous transmettre mais plutôt un simple partage sur la situation, sur un état de fait et sur une volonté de lancer une réflexion, un questionnement individuel et collectif sur cette emprise permanente sous laquelle nous vivions sans réellement s’en rendre compte.

Je ne m’en cache pas, Facebook me sert de véhicule principal pour diffuser mes billets de blogue et je ne me priverais pas du plaisir d’écrire mais dans ma vie personnelle, je réalise que je perds un temps fou à flâner virtuellement sans but précis et sans acquisition de connaissances. En d’autres mots, ça ne me sert à rien et ne m’apporte rien. C’est un passe-temps futile et nocif et j’en suis consciente.

Le seul effet que je constate avec ces réseaux dits « sociaux » c’est en fait de nous déposséder de notre humanité et c’est franchement triste. Enchaînés à nos appareils, on déambule sans lever le nez pour voir la vie qui nous entoure. Et parfois, on se rassemble pour scander des slogans et phrases chocs lorsque le gouvernement tente de nous gruger un brin de notre liberté… N’est-ce pas paradoxal tout ça? N’est-on pas trop absorbé par le superficiel flot constant de « nouvelles » pour finalement rater l’essentiel? Posons-nous la question du moins, ça nous permettra de décrocher un peu et d’y réfléchir.

Et pourquoi pas se fixer de petits objectifs comme on fait quand on limite l’utilisation de la télévision aux enfants… On constatera peut-être l’impact réel de cette consommation d’informations malsaine pour notre cerveau. Le printemps se pointera sous peu et ce serait dommage de manquer les premiers bourgeons, les tulipes qui perceront la neige et le beau soleil qui viendra nous réchauffer le bout du nez. Sortons de notre coquille un peu, le monde est si beau autour de nous, encore plus en vrai qu’au travers des photos retouchées partagées sur les fils d’actualité.

 

Photo : Unsplash | Llywelyn Nys

Tailler sa place

Jonathan Simcoe

Vous souvenez-vous de cette fameuse phrase qu’on nous répétait dans notre jeunesse : quand on veut, on peut? Ou la version Laurier-Montoise que j’ai entendu à maintes reprises : pas capable est mort, son frère s’appelle essaie? Je n’ai aucune idée de la source de cette dernière mais comme vous pouvez le constater, ça m’a assez marqué pour que je m’en souvienne trente ans plus tard. On appelle ça une réussite!

Peu importe la formule, on a tous eu notre lot de phrases faciles qui se voulaient des encouragements et des petites leçons de persévérance. On a pu rouler des yeux en se les faisant rappeler, pester contre notre interlocuteur mais on savait au fond de nous que c’était vrai. Qu’à la base, si on veut vraiment quelque chose, on trouvera le moyen d’y arriver.

Le problème aujourd’hui, c’est qu’on veut tout, tout de suite, dans l’instantané et sans effort idéalement. Comme si cela nous était dû, comme si la vie devait à tout prix nous gâter. Mais avec le temps, on se rend bien compte que ce n’est pas ainsi que ça fonctionne. Pourtant on continue d’espérer le gros lot, le coup de foudre, la job parfaite et tout le bataclan sans faire vraiment quoi que ce soit de concret pour que ça survienne.

Quand on regarde les athlètes olympiques et qu’on prend conscience de tous les sacrifices et efforts qu’ils ont du faire pour arriver sur le podium,  on réalise que nos doléances sont particulièrement futiles. La notion de renoncement aux plaisirs faciles pour garder le cap sur un objectif qui ne peut être atteint que des années plus tard nous prouve clairement qu’il vaut la peine de se fixer des buts pour se motiver.

À l’ère de l’instant partagé en direct sur Facebook, on oublie parfois qu’en dehors de cette vitrine personnelle, il y a la vraie vie, celle qui nous nourrit, qui nous construit et qui fait de nous ce que nous serons dans plusieurs années. Et dans quelques temps, il se peut que nous trouvions très trivial l’utilisation des médias sociaux et le partage parfois extrême de notre vie et de nos moments de bonheur. Rappelons-nous qu’il n’y a pas si longtemps, on prenait le téléphone pour avoir des nouvelles de nos proches…

On n’a jamais été aussi connecté technologiquement mais déconnecté humainement et je crains l’effet pervers de ce phénomène sur une génération. Je suis typiquement de celle qui a vu la progression arriver, en partant du téléphone à roulette où on était deux maisons sur la même ligne avec un nombre de sonnerie distinct pour différencier la destination, en passant par les Beta et VHS, les gros walkmans jaunes, l’arrivée du Nintendo branché sur une télé à roulette plaquée de bois et un décodeur… Cette époque on avoir un cellulaire ou un ordinateur à la maison était à peine concevable.

Je me souviens que le jour où j’ai touché mon premier clavier, une étincelle s’est propagée en moi et je n’ai plus jamais quitté le domaine informatique depuis. Timidement, je me suis taillée une place dans ce milieu typiquement masculin et aujourd’hui, quand je regarde en arrière, j’ai quelquefois le vertige d’avoir fait tout ce chemin, d’avoir fait face à tous ces défis et d’avoir pu me bâtir  un réseau, une réputation, d’avoir fait ma marque.

Si on m’avait dit à l’adolescence que je serais où je suis actuellement, je ne l’aurais surement pas cru. Comme quoi, par moment, il faut foncer sans trop se poser de questions et ne pas se laisser impressionner par la grande pente à gravir. Chaque petit pas compte et nous amène là où nous devons être, sur notre X. Et je préfère toujours me dire : mieux vaut faire une erreur et apprendre de celle-ci que de regretter de ne pas avoir essayé…

Quand vous avez une petit moment de découragement, de manque de motivation, rappelez-vous pourquoi vous êtes rendu là, comment vous avez franchi les étapes vous amenant dans cette position. Si vous avez l’impression de ne plus être aligné avec votre vraie nature, ne vous tapez pas sur la tête. Il y a une raison pourquoi vous êtes là. Ne faites que vous concentrer sur ce que vous voulez maintenant accomplir, sur ce qui vous comblerait. Vous êtes là où vous devez être, à tout moment. Vous n’avez peut-être simplement pas encore compris pourquoi vous y êtes…

 

Photo : Unsplash | Jonathan Simcoe

Le bonheur pour soi

Brigitte Tohm

Hier, j’ai vu déferler avec beaucoup de plaisir des images romantiques de cadeaux de Saint-Valentin, de bouquets de fleurs reçus avec émotions, de petits plats concoctés avec amour pour la tendre moitié et surtout, de beaux mots d’amour touchants et sincères. Même si je suis célibataire, je ne fais pas partie de ces gens aigris qui pestent contre cette fête de l’amour, malgré que je décrie son aspect un peu trop commercial.

Les compagnies font des affaires d’or lors de cette fête, surtout pour les retardataires qui dépenseront une fortune pour compenser leur manque d’organisation. Malheureusement, on ne peut rien y faire et, entre vous et moi, j’ai tendance à dire tant pis pour eux… Mais quand je vois la pression mise sur les gens, particulièrement sur les réseaux sociaux, avec les mille et un articles, billets, vidéos, chroniques et autres canaux de diffusion qui vous proposent les MEILLEURS achats pour la Saint-Valentin, je trouve ça dommage. J’aimerais que les auteurs de ces textes et capsules se forcent un peu plus pour offrir des options qui ne demandent pas de sortir sa carte de crédit. L’amour ne requiert pas de reçu…

Ce qui m’a toutefois rendu un peu triste hier c’est de voir des gens qui sont gravement affectés par la solitude lors de cette fête. Je lisais un billet de blogue d’une personne ayant rendu visite à sa mère dans un CHSLD et qui a vu des dizaines de gens seuls, accablés et déprimés par leur isolement. Chaque fois que je vois ce genre d’histoire, je me dis qu’on a beaucoup de misère à s’occuper de nous, collectivement.

J’ai aussi pu constater les témoignages de personnes récemment séparées pour qui cette occasion en est une de souffrance et de frustration, de peine ou de rancune. J’aurais beau m’époumoner à vous dire que le temps arrange les choses, on sait très bien que, quand on traverse ce genre d’épreuve, c’est la dernière chose qu’on a le goût de se faire dire.

Mais, à tous ceux qui sont seuls et qui en souffrent, je vous dirais ceci : prenez le temps de vous aimer. Je sais, ça peut avoir l’air cliché, mais c’est tellement vrai. Il y a de cela des années, je ne pouvais pas concevoir ce qu’était le réel amour car je n’avais pas envers moi-même ce regard doux, cette compréhension, cette compassion que je voyais chez les autres.

Il m’a fallu plusieurs années de thérapie pour semer les graines qui ont faites qu’aujourd’hui, je suis capable de m’accepter comme je suis, d’être moins dure envers moi-même, de pouvoir rire de moi-même et de prendre plus à la légère mes petits travers. Ce chemin a été ardu et parfois décourageant car on ne se rend pas toujours compte qu’on est en train de se construire, on ne voit qu’une immense montagne à gravir et pas le parcours déjà réalisé.

Je crois que l’important est de reconnaître qu’on n’est pas bien, assumer qu’on a du travail à faire sur soi pour pouvoir envisager d’être heureux avec l’autre. La pire erreur est de penser que l’autre viendra combler les vides, compenser pour nos manques. Ça ne peut que générer une relation d’interdépendance ou un rapport utilitaire. Rien de bien séduisant dans tout ça.

Apprendre à trouver le bonheur pour soi, seule, c’est s’enraciner et créer en soi une zone d’amour et de respect qui pourra ensuite être partagée. J’ai souvent dit que lorsqu’on arrive à passer quelques Saint-Valentin seule et heureuse, c’est là qu’on peut croire à une véritable relation d’amour saine, enrichissante et à l’image de qui on est réellement.

Avant de donner de l’amour aux autres, il faut savoir s’en donner à soi-même, avec humilité, considération et patience. Un jour, notre cœur comprend ce que c’est d’aimer et tout à coup, un changement s’opère dans le regard que l’on porte sur soi et sur le monde. Et ce jour-là, le bonheur, il arrive de l’intérieur et rejaillit vers l’extérieur. Et je peux vous garantir que, même seule, vous vous sentirez comblée.

 

Photo : Unsplash | Brigitte Tohm