La liberté est un thème presque surexposé en ce moment. Liberté d’esprit, liberté de mouvement, liberté financière. On la sert à toutes les sauces mais à force de trop vouloir la saupoudrer, on finit par l’user. Et comme toute tendance surexploitée par les Facebook de ce monde, on en vient à perdre nos repères et abandonner nos bonnes intentions, sentiment de culpabilité à l’appui.
Mais si on revient à la base, la liberté est un concept bien simple et surtout très personnel. En effet, chacun l’interprète à sa manière et l’applique selon ses principes bien à lui, ce qui est parfait ainsi. On peut résumer la liberté à la possibilité d’agir selon ses propres choix, sans avoir à en référer à une autorité quelconque. Et j’ajouterais que c’est un état d’esprit où l’on ne ressent aucune pression.
Quel est le dernier moment ou la dernière situation où vous pouvez affirmer que vous vous sentiez ainsi? Je pose la question car en étant connecté dès le lever jusqu’à la dernière seconde de notre journée, on ne s’en rend pas toujours compte, mais nous sommes exposés constamment à des propositions, des suggestions pour améliorer notre sort, pour être plus efficace, mieux gérer notre budget, notre vie et nos envies. Et à travers tout cela, on se perd un peu.
Je crois qu’aujourd’hui, d’abord et avant tout, on doit la choisir notre liberté. Et cela oblige certains sacrifices, certains changements de comportements et surtout une prise de conscience de cette pression permanente. Personnellement, je réalise parfois qu’inconsciemment, j’ai vérifié mon téléphone une dizaine de fois dans la dernière heure. Ai-je manqué un appel, un texto, une notification? C’est tout simplement devenu un réflexe et c’est complètement automatique.
Il n’y a qu’à faire un tour dans le métro pour voir à quel point c’est devenu malaisant de n’avoir rien à regarder. Je vois fréquemment des gens passer d’une application à l’autre sans rien y faire d’intéressant ou de pertinent, simplement pour faire quelque chose de leurs mains, de leurs yeux… Quelques-uns se risquent à trainer un livre « papier » mais très peu se laissent tout simplement bercer par le mouvement du wagon.
Je n’ai ni leçon à donner ni truc infaillible à vous transmettre mais plutôt un simple partage sur la situation, sur un état de fait et sur une volonté de lancer une réflexion, un questionnement individuel et collectif sur cette emprise permanente sous laquelle nous vivions sans réellement s’en rendre compte.
Je ne m’en cache pas, Facebook me sert de véhicule principal pour diffuser mes billets de blogue et je ne me priverais pas du plaisir d’écrire mais dans ma vie personnelle, je réalise que je perds un temps fou à flâner virtuellement sans but précis et sans acquisition de connaissances. En d’autres mots, ça ne me sert à rien et ne m’apporte rien. C’est un passe-temps futile et nocif et j’en suis consciente.
Le seul effet que je constate avec ces réseaux dits « sociaux » c’est en fait de nous déposséder de notre humanité et c’est franchement triste. Enchaînés à nos appareils, on déambule sans lever le nez pour voir la vie qui nous entoure. Et parfois, on se rassemble pour scander des slogans et phrases chocs lorsque le gouvernement tente de nous gruger un brin de notre liberté… N’est-ce pas paradoxal tout ça? N’est-on pas trop absorbé par le superficiel flot constant de « nouvelles » pour finalement rater l’essentiel? Posons-nous la question du moins, ça nous permettra de décrocher un peu et d’y réfléchir.
Et pourquoi pas se fixer de petits objectifs comme on fait quand on limite l’utilisation de la télévision aux enfants… On constatera peut-être l’impact réel de cette consommation d’informations malsaine pour notre cerveau. Le printemps se pointera sous peu et ce serait dommage de manquer les premiers bourgeons, les tulipes qui perceront la neige et le beau soleil qui viendra nous réchauffer le bout du nez. Sortons de notre coquille un peu, le monde est si beau autour de nous, encore plus en vrai qu’au travers des photos retouchées partagées sur les fils d’actualité.
Photo : Unsplash | Llywelyn Nys