Retrouver ses racines

Todd Diemer

Hier, je dînais avec un ami qui, après 15 années de vie professionnelle à Montréal retourne dans sa région natale, à Rimouski. Des années de consultation, où il a pu se bâtir une belle réputation ici, n’ont jamais réussi à le faire sentir montréalais. Et je comprends tout à fait le sentiment… Je ne me suis jamais considérée urbaine, je ne me suis jamais sentie réellement chez-moi ici. J’aime la ville pour sa culture, sa diversité, ses milliers d’activités et de restaurants mais quand je me couche le soir j’ai besoin de silence, de savoir qu’autour de moi, il y a de la nature.

Je comprends les gens qui ont grandi à Montréal, ou tout près, et qui vantent les bénéfices de ce coin du monde. On a tous un attachement pour ce qui nous a vus grandir. Pour mon ami comme pour moi, ce qui nous fait vibrer, ce n’est pas ce bouillon de culture. C’est la nature, la forêt, le bois, la vie de campagne… À chacun sa fibre!

Je trouve cela très admirable et respectable de tout quitter, le gros salaire, les bonnes conditions, pour retourner à la maison, pour retrouver ses racines. Accepter un changement de niveau de vie, tolérer cette insécurité, c’est très courageux et peu en sont capables. Ça ne se fait pas sur un coup de tête, bien entendu, mais malgré une planification pointilleuse, il reste toujours une part d’inconnu, une petite dose de stress.

Je qualifie cela de vertige car, tout comme quand on est en haut d’une falaise, il y a cette peur viscérale mais aussi une certaine attirance, un sentiment de curiosité devant le vide. L’envie de se lancer dans ce néant, pour découvrir quelque chose de nouveau ou ressentir des émotions fortes. Il y a de ces aventures qui vous marquent à vie, qui laisseront à jamais des traces et qui, on ne sait pas pourquoi, doivent être vécues.

Quand j’ai quitté ma région natale pour venir vivre le grand frisson à Montréal, j’avais vraiment envie de sortir de chez-moi. Mais comme je vous expliquais récemment, après un certain temps, une fois la lune de miel terminée, une fois le sentiment de nouveauté effrité, quand on a vu ce qu’on avait à voir, il n’y a plus ce même attrait, ce même intérêt.

On dit souvent que le naturel revient au galop. Quand on est né dans le bois, ça laisse un ancrage solide en nous et la terre nous manque. Le bitume, c’est pratique mais ça ne fait pas le même effet, disons…

Je salue le courage de mon ami qui plonge ainsi dans cette aventure avec femme et enfant, en espérant retrouver ses racines, son essence et ses repères. Sa ville, son coin, a continué d’évoluer pendant son absence et il devra se remettre à niveau,  se réapproprier le rythme local. Mais je suis convaincue que ce sera moins ardu que de s’adapter à la grande ville!

Et vous, vous êtes-vous déjà demandé si vous aviez envie de retourner chez-vous, que vous soyez un québécois de région, un français expatrié, ou de quelle qu’origine que ce soit? Ressentez-vous cette impression de déracinement, de ne pas être chez-vous? Avez-vous déjà songé un retour aux sources?

J’ai souvent dit qu’on habite tous la même planète et qu’il y a quelque part, un endroit pour chacun, selon ses goûts, ses envies et son style. Ce n’est assurément pas toujours facile de trouver sa place dans le monde, de se tailler un petit coin sur mesure, confortable, adéquat. Mais ça en vaut la peine, car être bien enraciné, ça permet de laisser sa tête s’ouvrir, de canaliser son énergie et d’apporter au monde sa contribution personnelle. Et dieu sait que le monde, aujourd’hui, a grandement besoin du meilleur de chacun de nous.

 

Photo : Unsplash | Todd Diemer

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