Posts published on "juin 2017" — Page 5

Embrasser le futur

Toa Heftiba

Dans la vie, on apprend à se connaître à travers les expériences que l’on vit, les épreuves que l’on traverse et les rencontres que l’on fait. C’est inévitable, on doit expérimenter pour avoir du bagage. Car non, ça ne s’achète pas chez Costco et malgré la richesse d’une famille, jamais ça ne remplacera l’expérience du terrain.

Mais certaines personnes choisissent, consciemment ou non, de fuir leurs problèmes ou leurs peurs. Chaque fois qu’une difficulté survient, ils se sauvent comme une bête sauvage, préférant recommencer à neuf ailleurs plutôt que d’affronter les petites bibittes qui remontent à la surface. Ça semble facile de vivre ainsi mais, croyez-moi, un moment donné, ça nous rattrape.

J’ai eu quelques années à vivre ce genre de fuite perpétuelle, n’étant pas prête à me déposer et à soulever le couvercle de mes émotions refoulées. Quand j’ai enfin eu le courage de le faire, ce fut ardu, parfois souffrant, souvent difficile émotivement mais Oh combien salvateur. Je ne saurais exprimer à quel point c’est nécessaire dans la vie de prendre soin de soi, de trouver l’aide nécessaire et de prendre le temps de faire le tour de tout ce qui nous tracasse pour se libérer de ce poids, de cette armure, de ce boulet que l’on traîne sans même s’en rendre compte.

Mise à part la fuite, il y a aussi le phénomène du vide à combler qui peut nous miner l’existence. Tenter de remplir les vides de sa vie par des gens, des substances, des passe-temps malsains ou peu importe quoi, c’est un mécanisme de survie qui peut, au bout du compte, mener à des problèmes graves. J’ai eu la chance de comprendre tôt ce principe et de m’en départir rapidement, sans grand dommage, mais quand je croise des gens pris dans ce type de dépendance, ça résonne très fort en moi.

Je crois que ce sont les deux mécanismes que j’ai pu voir le plus souvent chez les gens et c’est malheureusement plus facile de le constater de l’extérieur. Apprendre à s’aimer, à s’accepter, à trouver le bonheur en soi au lieu de le chercher en dehors de soi, c’est un travail exigeant et ça demande une grande prise de conscience ainsi qu’un lâcher-prise. L’égo ne veut pas changer, ne veut pas se mettre à nu et possiblement souffrir de ces confrontations… Mais pour vivre mieux, c’est nécessaire.

Je partage ce genre de messages sur mon blogue car on lit souvent des livres ou des articles qui le mentionnent et généralement, ça semble évident. Mais vous le savez, moi les recettes en 10 étapes faciles, je n’y ai jamais cru… Et pour cause : ça ne fonctionne jamais et il n’y a pas de recette universelle. En général, ça finit juste par nous culpabiliser.

Chaque personne trouvera son moyen ou sa méthode, puisque chaque personne est unique et traîne son propre baluchon de vie. Ce que je pourrais dire que nous avons tous en commun, c’est la capacité de changer ainsi que la faculté de prendre du recul et de poser sur soi un regard bienveillant au lieu de l’éternel jugement. La fameuse phrase « quand on veut, on peut » prend un sens différent ici mais demeure tout de même pertinente. La journée où l’on désire se prendre en main, qu’au fond de soi on ressent la nécessité, tout à coup, on trouve la force de le faire.

Peu importe où vous êtes rendus, peu importe à quelle étape vous en êtes sur votre route personnelle, rappelez-vous que c’est votre route à vous et que vous ne savez pas de quoi la route des autres est faite. On ne connait ni les épreuves, ni les blessures, ni le parcours que les gens que l’on croise ont vécu alors mieux vaut se concentrer sur son propre trajet, sur ses acquis, ses apprentissages et ses découvertes et simplement tolérer ses limites et ses peurs, pour continuer d’avancer, un pas à la fois. C’est ainsi que l’on cesse de fuir et de chercher à combler le vide. C’est ainsi qu’on apprend à s’aimer et à se respecter. C’est ainsi qu’on laisse le passé derrière et qu’on embrasse le futur.

 

Photo : Unsplash | Toa Heftiba

Retrouver ses racines

Todd Diemer

Hier, je dînais avec un ami qui, après 15 années de vie professionnelle à Montréal retourne dans sa région natale, à Rimouski. Des années de consultation, où il a pu se bâtir une belle réputation ici, n’ont jamais réussi à le faire sentir montréalais. Et je comprends tout à fait le sentiment… Je ne me suis jamais considérée urbaine, je ne me suis jamais sentie réellement chez-moi ici. J’aime la ville pour sa culture, sa diversité, ses milliers d’activités et de restaurants mais quand je me couche le soir j’ai besoin de silence, de savoir qu’autour de moi, il y a de la nature.

Je comprends les gens qui ont grandi à Montréal, ou tout près, et qui vantent les bénéfices de ce coin du monde. On a tous un attachement pour ce qui nous a vus grandir. Pour mon ami comme pour moi, ce qui nous fait vibrer, ce n’est pas ce bouillon de culture. C’est la nature, la forêt, le bois, la vie de campagne… À chacun sa fibre!

Je trouve cela très admirable et respectable de tout quitter, le gros salaire, les bonnes conditions, pour retourner à la maison, pour retrouver ses racines. Accepter un changement de niveau de vie, tolérer cette insécurité, c’est très courageux et peu en sont capables. Ça ne se fait pas sur un coup de tête, bien entendu, mais malgré une planification pointilleuse, il reste toujours une part d’inconnu, une petite dose de stress.

Je qualifie cela de vertige car, tout comme quand on est en haut d’une falaise, il y a cette peur viscérale mais aussi une certaine attirance, un sentiment de curiosité devant le vide. L’envie de se lancer dans ce néant, pour découvrir quelque chose de nouveau ou ressentir des émotions fortes. Il y a de ces aventures qui vous marquent à vie, qui laisseront à jamais des traces et qui, on ne sait pas pourquoi, doivent être vécues.

Quand j’ai quitté ma région natale pour venir vivre le grand frisson à Montréal, j’avais vraiment envie de sortir de chez-moi. Mais comme je vous expliquais récemment, après un certain temps, une fois la lune de miel terminée, une fois le sentiment de nouveauté effrité, quand on a vu ce qu’on avait à voir, il n’y a plus ce même attrait, ce même intérêt.

On dit souvent que le naturel revient au galop. Quand on est né dans le bois, ça laisse un ancrage solide en nous et la terre nous manque. Le bitume, c’est pratique mais ça ne fait pas le même effet, disons…

Je salue le courage de mon ami qui plonge ainsi dans cette aventure avec femme et enfant, en espérant retrouver ses racines, son essence et ses repères. Sa ville, son coin, a continué d’évoluer pendant son absence et il devra se remettre à niveau,  se réapproprier le rythme local. Mais je suis convaincue que ce sera moins ardu que de s’adapter à la grande ville!

Et vous, vous êtes-vous déjà demandé si vous aviez envie de retourner chez-vous, que vous soyez un québécois de région, un français expatrié, ou de quelle qu’origine que ce soit? Ressentez-vous cette impression de déracinement, de ne pas être chez-vous? Avez-vous déjà songé un retour aux sources?

J’ai souvent dit qu’on habite tous la même planète et qu’il y a quelque part, un endroit pour chacun, selon ses goûts, ses envies et son style. Ce n’est assurément pas toujours facile de trouver sa place dans le monde, de se tailler un petit coin sur mesure, confortable, adéquat. Mais ça en vaut la peine, car être bien enraciné, ça permet de laisser sa tête s’ouvrir, de canaliser son énergie et d’apporter au monde sa contribution personnelle. Et dieu sait que le monde, aujourd’hui, a grandement besoin du meilleur de chacun de nous.

 

Photo : Unsplash | Todd Diemer