Quand les masques tombent…

Finan Akbar

Ces derniers jours, je me suis interrogée sur les capacités de chacun de s’auto-évaluer. Je ne parle pas ici des fameuses évaluations annuelles que les employés font avec leur gestionnaire mais bien de la faculté de prendre du recul de sa propre vie, de jeter un regard différent sur ses actions et intentions et sur l’aptitude humaine à voir les choses autrement. Car, bien souvent, on est trop collé sur l’arbre pour voir la forêt comme on dit…

Pourtant, être en mesure de changer d’angle de vue, d’adopter une posture d’observateur sur sa propre existence, ça permet de voir ce qui cloche ou ce qui n’est plus cohérent. Je le répète souvent : on change, on évolue. Et si on n’arrive pas à se détacher un peu et à revoir nos valeurs, nos objectifs, notre façon de fonctionner, on risque de simplement répéter les mêmes erreurs, les mêmes schémas qui, pourtant, ne sont plus en phase avec ce qu’on est devenu.

J’ai vu récemment des gens vivre « dans le déni », ne pas être conscients qu’ils sont carrément à côté de ce qu’ils prônent ou dictent. Vous savez, l’expression qui veut que les babines doivent suivre les bottines? Ce n’est pas tout le monde qui est capable d’en prendre acte… Et, ça me surprend toujours de voir à quel point ça peut être flagrant de l’extérieur, qu’on peut sentir immédiatement les effluves du mensonge, de la déconnexion totale entre la réalité et le discours.

Je ne sais pas pourquoi ça m’étonne autant car d’aussi loin que je me souvienne, des gens se sont inventés des vies plus glorieuses pour ne pas assumer la leur, ont tenu des propos ayant pour seul objectif d’épater la galerie. La différence, c’est qu’aujourd’hui, tout se vérifie en 3 clics… Alors les facéties se font rapidement écarter, les tricheries sont dévoilées au grand jour en peu de temps et la crédibilité en prend pour son rhume.

Il me semble que c’est s’ajouter un stress inutile, que de vivre dans un constant nuage de fausseté, ça éloigne de la paix intérieure, non? J’ai beau virer ça de tous les côtés dans ma tête, je n’arrive pas à me faire à l’idée que ça peut être un choix conscient et assumé. Est-ce une forme de souffrance qui s’exprime à travers ces supercheries? Est-ce un symptôme d’un mal profond? Je n’arrive pas à saisir, à faire le chemin mental pour me rendre là. Vous vous direz surement que ça ne sert à rien d’essayer de comprendre et vous avez surement raison…

Mais l’être humain est complexe et j’aime croire qu’on peut arriver à mieux le connaître, à déceler les moindres subtilités pour mieux s’armer, pour être plus apte à éviter les pièges. Je me souviens de quelques personnes qui ont croisé ma route et qui vivaient dans la tromperie, celle d’une double vie. Le cas classique de l’homme entretenant une relation extraconjugale, de la femme cherchant à pimenter sa vie à l’extérieur de son couple… Et, chaque fois, j’ai pensé à toute cette énergie dépensée pour cacher les mensonges.

Il me semble que la vie est trop courte pour vivre ce jeu dangereux. Et je ne suis pas là pour faire la morale, je connais la chanson et j’ai simplement l’impression qu’on doit en parler, qu’on doit se dire les vraies affaires et que, quand quelqu’un joue un personnage devant nous, on n’est pas obligé d’embarquer dans son jeu. Ce peut être simplement en quittant la conversation, en n’appuyant pas ses faits et gestes mais aussi, en tentant d’en parler, franchement, en toute transparence.

Souvent, les gens tombent des nues en réalisant qu’on avait compris le manège, les masques s’affaissent et font place au désarroi, à la prise de conscience que ce n’est pas sain, et même irrespectueux, envers soi et les autres. Mais ça prend tout de même une dose de courage pour oser affronter celui ou celle qui a monté son scénario avec soin, qui a mis en scène sa propre vie.

Voir sa vie sous son vrai jour, s’auto-évaluer, se juger sans se critiquer, avoir un regard réaliste et non déformé par nos peurs et nos expériences passées, c’est un exercice parfois douloureux mais nécessaire pour vivre la vie qui nous est destinée et non celle qu’on s’invente. Et, je crois que, par moment, il est nécessaire de s’ouvrir à ce regard extérieur, à ce petit coup de main pour déclencher une réflexion et nous permettre de voir si on n’est pas en train de vivre une vie qui n’est pas la nôtre…

 

Photo : Unsplash | Finan Akbar

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