Ce matin, c’est le cœur tout à l’envers que j’ai terminé la lecture de la chronique de Patrick Lagacé dans La Presse+. Cette chronique intitulée « trois brochures et une pilule » se veut le récit troublant d’un appel à l’aide jamais entendu et une réflexion sur l’état de notre système de santé. Je vous invite à en prendre connaissance. Et si cela ne vous fait rien, je dirais comme Louis-José Houde au dernier gala de l’ADISQ, c’est que t’es mort en dedans. Sans mauvais jeu de mots. Ou si peu.
C’est que, voyez-vous, on y parle d’un grand gars de 6 pieds 3, un gentil papa, qui a pris son courage à deux mains, avec sa sœur, pour aller consulter en psychiatrie après une séparation douloureuse qui le maintenait dans un état troublant depuis déjà trop longtemps. Et qui a été rejeté par le système. Malgré ses idées suicidaires et un plan très clair pour parvenir à mettre fin à ses jours, on ne l’a pas pris en charge. On l’a laissé partir, se gérer tout seul. Avec une pilule et trois brochures. Et il est arrivé ce qui arrive quand on laisse à lui-même quelqu’un de souffrant. Il a mis fin à ses jours.
Portrait peu reluisant ce matin, j’en conviens. Mais pour que des histoires comme celle-ci cessent de survenir, on doit en parler, on doit s’outrer contre un système qui été tellement malmené qu’il arrive à peine à sauver des vies. Et ici, on ne parle pas de cancer incurable. On parle de santé mentale. Ce maudit sujet qui rend mal à l’aise, qui est repoussé du revers de la main parce que pas chic du tout.
On ne vit pas dans un pays du tiers-monde. On vit dans un endroit où il devrait être possible et même aisé d’obtenir des soins. Mais les mailles du filet se sont agrandies dans les dernières années et il arrive ainsi des drames sans nom. Et ça me choque profondément. Parce que j’ai déjà filé un mauvais coton (sans plan de suicide, je vous rassure) et je suis déjà sortie, moi aussi, du bureau d’un psychiatre avec une prescription et une impression de je-m’en-foutisme monumentale de la part du médecin. Un cas parmi tant d’autre, un numéro d’assurance-maladie de plus dans le lot.
Mais c’est que nous sommes des humains, pas du bétail (et encore, le bétail mérite d’être bien traité lui aussi). Et, il est rare que je me mêle de politique mais j’ai entendu Legault et ses acolytes vociférer contre les pratiques désastreuses de Couillard pendant très longtemps. Alors, maintenant que vous êtes au pouvoir M. Legault, il est temps de remettre de l’ordre (et de l’argent) dans tout cela. Il est temps de montrer au monde que vous n’êtes pas qu’un beau parleur qui, une fois à la tête du gouvernement, agit comme tous les autres avant lui.
Ce n’est pas normal qu’on laisse aller quelqu’un qui dit clairement qu’il veut se suicider et qui sait comment le faire. Ce n’est pas normal qu’on entende tant de témoignages d’infirmières et autres membres du corps médical crier à l’aide et dénoncer l’épuisement dont ils font preuve. Ce n’est pas normal que les médecins traitent comme des numéros les humains qui les consultent, tout cela parce que le système les encourage à le faire. Ce n’est pas normal que tant de gens ne soient pas en mesure de consulter un médecin.
Alors je vous invite à envoyer l’article de Monsieur Lagacé à notre nouvelle ministre de la santé. Madame McCann, et lui demander ce qu’elle compte faire pour éviter ce genre de situation. Et à votre député aussi, fraîchement élu, encore fringuant. Parce que si on ne fait que chialer entre nous, rien ne changera. On doit être entendu et compris. On doit s’exprimer pour éclairer ce gouvernement récemment en place. J’ai encore foi en notre démocratie. Mais être citoyen, ça demande aussi, souvent, du courage.
Photo : Unsplash | Andrei Lazarev