À vos pelles!

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Ça y est, la PIRE tempête du siècle est annoncée pour ce soir et cette nuit. Et honnêtement, en lisant les articles et chroniques ce matin, ça m’a un peu exaspéré. Il me semble que le sensationnalisme a atteint son apogée, non? On est au Québec, au Canada, un pays nordique où, depuis la nuit des temps, il neige l’hiver. On n’a jamais été aussi bien équipés en termes de véhicules, de machinerie et de produits déglaçants pour affronter les pires frasques de la saison froide. Pourquoi alors créer tant d’émoi avec ce qui s’en vient?

Je sais, il faut prévenir les gens, bla bla bla… Mais j’ai l’impression que, de nos jours, c’est à celui qui fera le plus peur aux gens avec son titre affolant. Oui, il va tomber 30 centimètres. Alors je vous le dis déjà, je vous suggère de travailler de la maison demain. Et je vous parie que certaines écoles vont fermer par souci de sécurité. Ne faites pas les étonnés demain devant le calvaire que sera le trafic : c’est prévisible au max!

Justement, je vous parlais de mon besoin de fuir l’anticipation qui nous fait ronger les ongles et stresser inutilement. Et je réalise que les médias sont forts pour nous amener dans ce cercle vicieux. Que ce soit au sujet des banques, de la bourse ou de la neige, on nous annonce toujours pire que la réalité. Mieux vaut être prévenant, tsé (#not).

Je ne partirai pas sur un délire du type « dans mon temps, c’était tellement mieux », mais quand même, je m’ennuie un peu de cette époque où l’information circulait un peu moins vite et moins souvent, où on constatait au lieu d’angoisser mille ans d’avance. La vie, c’est aussi de s’ajuster en cours de route. Ça m’a pris des années à comprendre cela et encore aujourd’hui, je me prends au piège de la surplanification par moment. Et quand j’en prends conscience, je tente de ralentir, de respirer et de me ramener dans le droit chemin.

À force de trop vouloir tout savoir à l’avance, on tue la spontanéité. Vous savez, cette petite étincelle qui nous fait faire nos plus belles folies, qui nous surprend, qui nous fait vibrer en dedans? Aujourd’hui, on peut visiter virtuellement un lieu avant de s’y rendre, connaître la température et la vitesse des vents à l’autre bout du monde, déterminer à la brique près ce qu’on verra dans notre itinéraire ultra planifié et même prévoir plans B, C et D.

Mais il est où le plaisir dans tout cela? Je veux dire, le truc qui fait qu’on revient bouleversé, changé, ému de notre expérience? Ça sécurise de tout savoir à l’avance mais ça amenuise aussi les papillons dans le ventre. Et personnellement, j’aime ça les papillons, au sens propre comme au figuré. J’en veux plein les yeux et plein le cœur des papillons. Parce que ça me fait sentir vivante.

Alors, oui, il va neiger. On va sacrer en pelletant mais ça nous donnera l’occasion de prendre des nouvelles des voisins, de faire du sport gratuitement et de se reconnecter avec notre enfant intérieur qui s’ennuie des gros forts de neige et des glissades interminables. Quand je regarde les petits voisins s’amuser dans la montagne de neige actuellement glacée, je me réjouis pour eux que, bientôt, ils auront matière à triper solide!

Et je pense à ma voisine qui a pour passion le ski alpin. À chaque bordée, je me dis que c’est pour elle et ses acolytes que la neige existe. Dans le fond, il faut trouver le moyen d’en profiter, de rendre cela positif. Parce qu’on vit dans un pays nordique où la neige règne quelques mois par année. Oui, mon pays c’est l’hiver. Et c’est comme ça que je l’aime. Alors, à vos pelles, prêts, partez!

Photo : Unsplash | freestocks.org

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