Posts in "Réflexion" Category — Page 53

Chaque petit geste compte

Yoann Boyer

Hier, une amie a partagé sur Facebook une nouvelle concernant un bateau, le Manta, qui permettra de dépolluer les océans de toutes ces matières plastiques, avec un principe de tri et de compactage des déchets qui pourront ensuite, une fois sur la terre ferme, être recyclés. Et quand je vois ce type d’actualités passer sur mon fil, je ne peux faire autrement que d’aimer et d’encourager.

On parle beaucoup des fausses nouvelles, des sites de potins et autres « inutilités » et fourberies. Mais, parfois, on oublie que des gens ingénieux peuvent avoir de très bonnes idées et donner vie à des concepts innovateurs, révolutionnaires, qui pourront compenser pour toute la bêtise humaine dont nous sommes capables (comme celle de polluer nos océans sans se soucier de l’impact).

Je suis peut-être trop naïve mais j’ai la foi en nous, j’ai l’intime conviction que nous parviendrons à donner un sens plus noble à l’existence humaine et que, à force d’efforts et de démonstrations, nous pourrons convaincre la majorité d’harmoniser nos gestes avec la nature, avec la vie, avec la Terre. On est capable du pire mais, quand on s’y met, on est aussi capable de l’extraordinaire.

Les réseaux sociaux, malgré leur mauvaise tendance à utiliser nos données sans honte, ont tout de même l’avantage de rassembler et de partager. On a accès ainsi à une panoplie d’informations dont nous ne connaîtrions probablement pas l’existence autrement. Les puristes me diront qu’on n’a qu’à faire nos propres recherches si on veut s’informer mais peu de gens ont le temps et l’énergie à mettre sur un examen exhaustif quand on sait qu’on peut trouver facilement ce qu’on veut par la force du groupe.

Il suffit, en fait, d’être vigilant, de vérifier les sources, de valider que ce n’est pas un canular comme il y en a trop. Et, c’est de notre responsabilité en tant que citoyen de s’assurer qu’on s’informe bien. On ne peut pas blâmer les autres pour notre innocence et notre manque de rigueur dans nos vérifications. On a un devoir à faire alors faisons-le bien. Et ce devoir implique aussi de partager les bonnes informations.

Bref, si je reviens à ce fameux navire qui se veut un véritable système de collecte de déchets, de tri, de compactage et de stockage, j’apprécie d’autant plus le projet qu’il agira aussi comme laboratoire pour cartographier, quantifier et qualifier les résidus amassés. Et toutes ces données seront fournies à l’ensemble de la communauté internationale en Open data. Quoi de mieux pour conscientiser et mettre la lumière sur un enjeu international majeur!

Je sais, je m’emballe et il y aura surement plein de gens qui me diront que ça n’empêchera pas les plus vilains de continuer de déverser leurs cochonneries dans les océans. Mais, peu importe, je garde mon optimisme car ça prend du positif dans toute cette mer de méchants. Comme les Jean-Martin Fortier et autres visionnaires qui nous amènent à mieux repenser le monde de demain et surtout, à nous faire comprendre qu’on peut changer le monde, à la hauteur de nos moyens.

C’est ensemble qu’on arrive à quelque chose, et il faut continuer de rêver, d’avoir des ambitions et des idées de grandeur. Si on est fataliste et qu’on se dit qu’il n’y a plus rien à faire, aussi bien rester assis dans un coin à attendre la fin! Mais moi, j’y crois et je sais pertinemment que, partout dans le monde, des gens y croient aussi. Le premier geste à poser est celui d’encourager et de partager les entreprises qui ont besoin de notre soutien pour poursuivre leurs belles lancées. On ne le répétera jamais assez : chaque petit geste compte.

 

Photo : Unsplash | Yoann Boyer

Vivre léger

Federica Galli

J’ai récemment parlé de désencombrement et des bienfaits psychologiques que procure l’exercice d’épurer sa demeure et de se débarrasser du superflu. Cette pratique apporte aussi un sentiment d’implication puisque le fait de donner aux autres, que ce soit à des proches ou à des organismes, ça fait du bien à notre cœur et à notre âme et ça nous connecte avec ceux qui nous entoure. Mais, on peut aussi décider d’aérer notre esprit, notre mental, pour le nettoyer des idées et pensées négatives, pour se dégager des soucis persistants qui ne font que gruger notre énergie.

On a tous nos petites bêtes noires, ces vieux réflexes, ces émotions ou ces « patterns » qu’on traîne et qu’on sait nuisibles dans notre vie, sans pour autant qu’on ait la force, l’énergie ou l’audace de s’y attaquer. Mais, et je parle par expérience, il n’y a rien de plus satisfaisant et d’émancipateur que de se libérer de ces chaînes et de pouvoir avancer, d’un pas léger. Bien entendu, ça demande des efforts et parfois, ça vient brasser très profondément de vieilles blessures souffrantes, mais c’est dans ce processus difficile qu’on arrive à se soigner et à changer réellement.

Quand on parvient à atténuer une émotion qui nous suit depuis longtemps et qui perturbe notre existence, on allège notre esprit et on peut espérer vivre plus harmonieusement. Et, ainsi, on devient un humain plus agréable et apte à aider, à écouter et à partager avec les autres. C’est une roue qui tourne, un cercle vertueux. Chacun, à l’échelle de sa propre vie, peut participer à l’amélioration collective de nos conditions. Je crois qu’il faut cesser de se regarder le nombril et toujours garder en tête l’impact que nous avons et la place que nous occupons dans la communauté.

S’embourber, que ce soit mentalement ou avec des objets, j’ai l’impression que ça peut réconforter par moment, comme si on comble un vide qui nous fait peur. Mais, à moyen et long terme, ça devient plus néfaste car on peut facilement s’accrocher à des biens ou des pensées et rester dans le déni. Se voiler la face sur la réalité n’a jamais été une bonne solution. Ce n’est pas toujours facile, parfois ça fait mal et ça peut prendre un petit choc pour passer à autre chose.

Vivre léger pour moi, c’est se lever le matin sans sentir de lourdeur, c’est apprécier les petites choses de la vie et ne pas toujours vivre dans l’attente de mieux. Vous savez, ce fameux phénomène du « je serai heureux quand… » qui fait qu’on attend toujours après un moment ou quelque chose pour être bien, au lieu de simplement apprécier ce que l’on a, maintenant. Comme on se fait créer des besoins à la vitesse de l’éclair aujourd’hui, ça devient difficile d’apprécier tout bonnement ce que l’on a et ce que l’on est. La comparaison constante peut devenir maladive et les produits sur le marché nous sont proposés comme des solutions à tous nos enjeux…

Mais rien ne peut nous combler autant que la base essentielle à la vie : la nourriture, un toit, l’amour… Être capable de se développer, de s’accomplir, être aimé, se sentir en sécurité, pouvoir se reposer sans crainte, sentir qu’on est utile, tout cela, ce sont de vrais besoins. Pas la dernière technologie, le vêtement dernier cri, la bébelle magique qui est supposée changer ta vie…

Finalement, l’important, c’est de prendre le temps de savoir ce qui nous correspond vraiment, ce qui vient nous apaiser et nous faire sentir bien. Le reste, c’est du superflu et de l’inutile. C’est le travail d’une vie de savoir se contenter de ce que l’on a au lieu de toujours chercher ailleurs le bonheur. Et on peut tous s’entraider dans ce cheminement, un jour à la fois : apprendre ensemble à être plutôt que d’avoir.

 

Photo : Unsplash | Federica Galli

Le succès n’est pas une destination

Aziz Acharki

Chaque jour, des gens réussissent, chaque jour, des gens échouent. Ce cycle, il perdurera toujours et c’est tant mieux. Pourquoi? Parce que ce n’est ni la réussite, ni l’échec qui constitue la finalité : c’est le chemin parcouru qui importe. Car c’est sur cette route à obstacles qu’on apprend et qu’on se construit comme humain. C’est en tentant de nouvelles expériences qu’on évolue et qu’on prend le risque de mieux se connaître.

Je le dis souvent, si on stagne dans la routine et qu’on reste dans le connu et le confortable, on risque de s’encrouter et de ne jamais connaître mieux. J’ai trop entendu de gens se plaindre de leur vie sans jamais lever le petit doigt pour y changer quoi que ce soit, je crois. Ça m’a laissé une impression étrange sur cette faculté de l’humain de toujours condamner les autres pour son propre sort. Et je me suis constamment répété que je serais responsable de mon sort, peu importe ce qu’il sera.

Je suis de nature optimiste et énergique. Donc, quand quelque chose ne me convient pas, il est rare que ça traîne très longtemps. Vous me direz peut-être que tous ne sont pas aussi dégourdis, certains vivent plus timidement et peinent à se faire entendre. Et je conviens que ce n’est pas donné à tous de prendre leur place, de s’affirmer aisément et de se faire respecter comme il se doit. Mais je crois justement que c’est dans les petits moments simples qu’on peut apprendre à avoir confiance en soi, à sentir au fond de soi notre nature profonde pour la faire rejaillir autour de soi.

Personnellement, c’est suite à certaines injustices que mon système de défense personnel s’est enclenché. Après que quelques personnes m’aient marché sur les pieds trop souvent, suite à certaines situations troublantes, après quelques moments difficiles, j’ai compris l’importance de bien communiquer mes attentes et mes valeurs. Et, j’ai réalisé à quel point on prend pour acquis dans la vie que les autres savent lire dans notre tête. Pourtant, même Luc Langevin n’y parvient pas réellement.

Alors, pour réussir à convaincre quelqu’un d’embarquer dans nos projets, il faut d’abord savoir clairement ce que l’on veut et être en mesure de véhiculer notre message clairement, sans ambiguïté et avec passion. Tous les entrepreneurs vous le diront : ce n’est pas la quantité de diplôme qui les ont propulsés, c’est leur capacité à rallier les troupes, à persuader les bonnes personnes d’investir temps ou argent, à recevoir les appuis cruciaux qui les ont amenés là où ils sont rendus.

Et, encore une fois, les entrepreneurs vous exprimeront qu’ils ont vécu de nombreux échecs avant de réussir et que, sans ces moments difficiles, ils ne seraient jamais arrivés là où ils sont. Rien n’est facile dans la vie et ça prend quelques coups durs (métaphoriques) pour s’endurcir. Tout comme l’enfant doit s’écorcher le genou à quelques reprises pour comprendre de ralentir un peu, un adulte doit remettre en questions quelques idées préconçues et revoir ses priorités parfois pour être en mesure d’avancer correctement.

Ces jours-ci, on a le meilleur exemple de cela : l’attente interminable du printemps. On avait pris pour acquis qu’une fois les quelques journées chaudes arrivées, c’était dans la poche! Mais non, Dame nature nous réservé quelques surprises et on doit apprendre à être patient, réévaluer notre calendrier de semences et s’occuper en attendant que la chaleur se pointe et viennent réchauffer nos cœurs et nos jardins.

 

Photo : Unsplash | Aziz Acharki

Sortir du cadre

Ian Froome

C’est moi ou on se complique la vie maintenant? Je veux dire… Avant, on n’avait pas de cellulaire pour se rejoindre ni d’ordinateur. On ne se fiait pas sur des tonnes de technologies diverses pour prendre une décision ni sur une industrie pour nous dicter la façon de faire. Que ce soit en ingénierie, en agriculture ou en matière de gestion familiale, on faisait, sans trop se poser de question.

J’ai l’étrange impression qu’aujourd’hui, on attend une approbation pour tout, on sur-valide chacun de nos choix, on tâte le terrain de notre entourage avant de plonger, on ose moins. Et quand quelqu’un entreprend à sa façon, un peu dans la marge, on s’exclame. Mais pourtant, les fermiers d’autrefois savaient comment cultiver sans qu’on s’en émeuve, les gens bâtissaient des maisons et des routes sans diplôme et ça durait longtemps, les villages s’entraidaient et les gens s’appuyaient les uns sur les autres.

Je sais, certains me diront qu’on mourrait à 50 ans, que l’alimentation était peu diversifiée et que la CSST n’était pas là pour dédommager les blessés du travail. Et je ne dis pas que tout est mauvais aujourd’hui mais j’ai le sentiment qu’on se fit trop sur tout sauf notre instinct. Collectivement, on a perdu confiance en nous, dans toute cette normalisation excessive. Vous n’avez qu’à parler à des nouveaux parents angoissés qui se font bombarder de conseils et qui en perdent le nord tellement on leur donne l’impression qu’ils n’ont pas la capacité de bien faire.

Ou encore, quand quelqu’un dit qu’il part faire le tour du monde, tout le monde panique. On entend mille et unes histoires d’horreur (qui, soit dit en passant, arrivaient autant avant mais il n’y avait pas Internet, Facebook et les nouvelles en continu pour nous en faire part à profusion), on met en garde et on procure au voyageur une panoplie de gadgets censés protéger de tout. Au même titre que quelqu’un qui s’achète un chalet délabré pour le retaper se voit recevoir quantité de réprimandes sur les risques de se faire avoir.

Mais, ce qu’on oublie, c’est que c’est en essayant des affaires qu’on apprend, tout comme les enfants doivent tomber pour intégrer la notion de faire attention. On surprotège au point que les générations ne savent plus si elles peuvent se faire confiance. J’ai souvenir de mon enfance empreinte d’insouciance où, loin d’être chaperonnées, ma sœur et moi partions « à l’aventure » dans la forêt toute la journée. On faisait un feu, on construisait une cabane. Il aurait pu nous arriver bien des malheurs mais rien de tout cela n’est survenu. On a plutôt acquis une débrouillardise et un amour de la nature à la place.

Je crois qu’il y a du bon dans notre monde d’aujourd’hui mais j’ai aussi l’impression qu’on doit se donner du « lousse » un peu… À trop vouloir cadrer, normaliser, standardiser, prémunir et prévenir, on ne prend plus de risque et on ne se laisse plus surprendre. La spontanéité apporte pourtant son lot de belles surprises et de découvertes inattendues! Et, entre vous et moi, ça fait tellement du bien de sortir des sentiers balisés des fois…

Personnellement, je tente de me laisser stupéfier par la vie et de ne pas trop m’enliser dans la routine endormante. Le fait d’être consultante colle bien à cette philosophie mais aussi, quand une invitation impromptue survient, que je tombe sur une annonce d’un spectacle qui m’intéresse ou qu’une opportunité de sortir de ma zone de confort se présente, je ne réfléchis pas trop longtemps et je fonce. Je me dis que la vie met sur ma route ce qui se doit d’arriver et qu’au pire, j’apprendrai de cette erreur. Se faire confiance, s’écouter et vivre sa vie comme on l’entend, c’est une façon de vivre que je tente d’appliquer au quotidien et, jusqu’à maintenant, ça semble pas trop mal, je dois avouer 🙂

 

Photo : Unsplash | Ian Froome

La génération penchée

Warren Wong

Cette semaine, j’ai pris le métro plus souvent qu’à l’habitude et j’ai été vraiment frappée par tous ces gens, téléphone en main, dans leur bulle, qui pianotent sur leur écran, que ce soit pour jouer, texter ou flâner sur les réseaux sociaux. Comme si être en société était tellement intimidant qu’il fallait installer cette barrière. Et c’est sans compter l’effet sur la posture, courbée, le cou plié de plus en plus vers le bas.

Je me souviens, quand j’étais jeune, que l’on me disait de me tenir droite. J’ai toujours eu une faiblesse au dos et ma posture n’était pas… idéale disons. J’avais tendance à m’affaisser sur moi-même, à manquer de tonus. Et, chaque fois que je me sens ramollir sur mon siège aujourd’hui, je me redresse, comme un roseau après une bourrasque de vent. Mais quand je regarde tous ces gens qui cambrent, j’ai peine à croire que cela est sans impact.

Déjà, passer des journées complètes assis devant un écran, sans bouger, sans même solliciter nos muscles autrement que ceux des mains, c’est très nocif. L’être humain n’est pas fait pour être une patate de sofa, ni de bureau. De plus en plus de modèles de tables de travail flexibles, qui permettent d’alterner entre la position assise et debout, apparaissent sur le marché. Mais peu d’entreprises offrent cette option étant donné le coût substantiel de ces meubles adaptatifs.

On est devenus, depuis trop longtemps, des sédentaires du travail. Mais avec les téléphones intelligents et la drogue que constituent Facebook et autres plateformes sociales, on devient abrutis, dépendants et constamment absorbés par le monde virtuel, blessant notre corps sans conscience et se coupant de la vie extérieure. Et je trouve cela très triste.

Hier, un homme m’a littéralement bousculé tellement il était absorbé par son appareil et, après m’avoir percuté, il a simplement continué sa route, comme si rien n’était arrivé, sans s’excuser. C’est là que mon cerveau a capté toute cette mascarade de robots qui se déroulait autour de moi : tous ces gens qui naviguent dans le monde sans être conscients des autres autour, sans se préoccuper de la vie qui se déroule, sans penser à l’impact de leur comportement. Je vois des gens traverser la rue sur des feux rouges sans même lever le regard, des gens s’arrêter brusquement dans une foule qui avance pour répondre à un message, altérant le flot régulier des personnes autour, ou des groupes de jeunes silencieux, tous concentrés sur leur appareil au lieu de se parler.

Mais où s’en va-t-on ainsi? Que deviendra cette génération née avec un téléphone en main qui semble ne plus se préoccuper de rien d’autre? Quand on sent la panique d’une personne lorsqu’elle réalise qu’elle ne trouve pas son appareil, c’est assez flagrant de voir à quel point la dépendance est pernicieuse et sournoise. Personne ne s’est réellement rendu compte que ça s’installait mais quand j’observe la société, je crains de voir des gens en crise de manque bientôt…

Même moi, quand j’ai dix personnes autour de moi qui se focalisent sur leur écran, ça me démange de sortir le mien. Je me sens différente, décalée, en marge. Mais je me retiens car je n’ai pas envie de devenir un robot, qui n’est plus capable de penser sans être connecté virtuellement. Et dans ces moments, je respire et je tente d’utiliser ce moment pour analyser mon corps, mes sensations, mes émotions. Faire un petit tour de la maison intérieure, détecter si des raideurs se font sentir, trouver les tensions et relaxer. Je me dis que c’est mon meilleur remède contre ce fléau. Mais je ne peux m’empêcher d’avoir peur pour l’avenir de ces jeunes inconscients de l’impact sur eux d’être toujours scotchés à leur téléphone : cette génération penchée…

 

Photo : Unsplash | Warren Wong