Posts in "Société" Category — Page 24

Ouvrir nos bras pour combattre avec notre coeur

Sebastian Pichler

Je pourrais tenter de faire dans la légèreté, de trouver un sujet plus doux… Mais je suis incapable de passer à côté des événements de vendredi soir. Je ne suis ni journaliste, ni chroniqueuse et je n’ai aucune obligation de rapporter la nouvelle ni d’ailleurs les compétences pour prendre position.

Mais demeurer silencieuse face à ces terribles attaques, c’est au-delà de mes forces. L’horreur démontrée dans ces gestes fait réagir fortement, ne peut laisser personne indifférent. Je ne comprends tout simplement pas… Comment des gens peuvent être rendus si loin dans leur délire pour décider de se faire mourir pour une cause? Comment des gens peuvent être convaincus que c’est la bonne chose à faire que de se faire sauter au beau milieu d’une foule? Comment ont-ils pu regarder droit dans les yeux des personnes, des humains, des mères, des pères, des jeunes, des vieux… Et le tuer, froidement?

Je ne comprends pas et je ne comprendrai jamais. Car je suis foncièrement humaine et tolérante. J’aime les gens, j’aime la vie, j’aime le monde. Je me considère privilégiée d’être ici, dans ma jolie ville de banlieue où j’entends les enfants arriver à l’école quand la fenêtre est ouverte, où je les entends s’amuser dans le parc derrière chez-moi, où mes voisins et moi on se connaît et on s’entraide, où en tant que femme je peux me promener à toute heure du jour ou de la nuit sans me soucier réellement de ma sécurité, où je peux m’exprimer sans craindre des répliques haineuse, où je sais foncièrement que mes amis et ma famille vivent comme moi dans cette insouciance chère à mes yeux.

Et oui nous accueillerons des syriens, car eux aussi ont le droit de vivre dans cette quiétude. Bien entendu, les dossiers d’immigration seront décortiqués en profondeur car on a tellement peur des étrangers. Mais justement, si on ne les accueille pas, on les laisse à la merci de ces fous furieux, on leur donne un beau terroir de recrue car désespérés, ces gens honnêtes pourraient se laisser laver le cerveau. Ces gens-là méritent notre respect et notre ouverture pour combattre pacifiquement la guerre que tente de créer l’État Islamique.

Je préfère leur retirer leurs ressources en favorisant l’immigration que de les survoler et les bombarder, en risquant de tuer des innocents. C’est ma position et je l’assume. Mais j’ai toujours préférer la façon douce à la violence. Je préfère les mots aux gestes violents, je préfère la chaleur humaine aux bombardements, je préfère continuer mon chemin lentement plutôt que de me précipiter là-bas pour combattre.

Les extrêmes ne m’ont jamais paru être de bons choix et partir en guerre, en réaction vive à ce qu’il vient de se passer, ça me paraît intense et insensé. Serrons-nous les coude, accueillons nos nouveaux amis et pacifiquement, démontrons la force du nombre, la force de l’amour, de la tolérance et de la joie. Je suis convaincue que la bonté gagnera toujours sur la laideur de l’âme corrompue.

 

Photo : Unsplash | Sebastian Pichler

Grandir, au contact des autres…

Samuel Zeller

Les relations, amicales, amoureuses et professionnelles, comportent leur lot de plaisirs, de bouleversements, de remises en questions et de fous rires. On grandit au contact des autres, on évolue, on se questionne, on apprend beaucoup et on se transforme. Le plus beau des relations humaines est de voir une personne s’épanouir, voir son regard s’illuminer, sentir que la magie opère.

Malheureusement, avec cette ère numérique, on croise moins de regard, on entre moins facilement en relation avec les autres. Avec ces nouvelles en continu, on se fait bombarder de situations de danger et de mésaventures vécu par des citoyens ce qui a pour effet bien souvent d’amplifier la méfiance des gens envers autrui. Les étrangers deviennent des menaces, les nouveaux venus sont systématiquement louches, on se met à douter de tout.

En discutant avec des collègues hier, on parlait de l’attitude « en région » versus dans les grandes métropoles comme Montréal. Étant originaire de Mont-Laurier, j’ai grandi dans un coin de pays où tout le monde se connaissait, où on était toujours la fille de, la sœur de, la nièce de… Cette toile de connaissances tissée serrée amenait une confiance implicite dans toutes les relations et rendait la vie un brin plus douce. Une personne mal prise ou dans une situation fâcheuse pouvait compter sur l’appui de sa communauté.

Aujourd’hui, j’ai vu des situations navrantes en ville qui m’ont bien souvent crevé le cœur. Une personne âgée tombe sur la glace et les gens lui marche presque dessus, un voisin subit l’incendie de sa résidence et les gens l’ignorent et ne pensent même pas à offrir leur aide… Ça me désole beaucoup de voir qu’on se préoccupe souvent plus des crises vécues à l’autre bout de la planète que de la situation difficile qui se déroule parfois sous nos yeux.

Bien entendu, il y a des gens gentils, altruistes et courageux qui, peu importe leur situation, auront toujours le réflexe d’aider leur prochaine mais je trouve qu’on les voit moins. On a plus tendance à nous démontrer l’horreur que l’entraide, le sang plutôt que les sourires… Est-ce que ça ne nous ferait pas du bien de voir plus de bonté dans le monde que de nous passer en rafale les catastrophes?

Dans certains pays moins portés sur la technologie, il se trouve encore des gens pauvres qui partagent leur repas avec une personne dans le besoin, car pour eux, c’est ainsi. Ils ne se questionnent pas, ne mesurent pas l’impact sur leur petite personne… La terre, la vie, leur a donné de quoi se nourrir et une autre personne est dans le besoin. Ça s’arrête là…

Je nous trouve bien individualiste et chaque fois que je vois la générosité de certains peuples, intérieurement je me dis qu’ils sont chanceux de ne pas avoir été contaminé par l’égoïsme et l’indifférence qui nous frappent depuis plusieurs années.

Car c’est au contact des autres que l’on devient meilleur, c’est en partageant que notre cœur se gorge de bonté et c’est en écoutant qu’on grandit intérieurement. Cessons de se regarder le nombril un peu… On pourra peut-être voir que le monde est beau.

 

Photo : Unsplash | Samuel Zeller

Qu’est-ce que la gentillesse en 2015?

gentillesse

Le 13 novembre prochain se tiendra la Journée internationale de la gentillesse. Vous aurez surement constaté que j’aime bien souligner ces journées mondiales car, d’un côté, ça me fait bien rigoler et de l’autre, je trouve parfois un peu triste qu’on en soit rendu à inventer des journées de tout type pour se rappeler les bonnes manières…

C’est en 2000, à Singapour, qu’est né le mouvement mondial de la gentillesse (c’est du sérieux quand même!). C’est donc relativement récent et c’est d’ailleurs dans cette même période où le Web a pris une grande place dans nos vies. Est-ce que certains sages avaient vu venir le coup et prédisaient qu’on allait avoir le nez rivé sur nos écrans tactiles de téléphones supposément intelligents plutôt que de se saluer dans la rue? Peut-être… Néanmoins, je trouve que ça mérite une petite réflexion…

Qu’est-ce que la gentillesse en 2015?

Tout d’abord, la définition…

– Selon le Larousse, la gentillesse, c’est :

Caractère de quelqu’un qui est gentil, agréable, gracieux.
Caractère de quelqu’un qui est d’une complaisance attentive et aimable ; bonté.
Action, parole aimable, gentille (surtout pluriel) : Dire des gentillesses à un ami.

– Selon Wikipédia :

La gentillesse est l’acte ou l’état d’être gentil. Elle est caractérisée par la bonté et le comportement de bienfaisance, caractère doux, tendre et soucieux des autres. Elle est connue comme une vertu, et reconnue comme une valeur dans de nombreuses cultures et religions.

Et je pourrais continuer ainsi mais ça revient du pareil au même…

Mais j’ai l’impression qu’en 2015 la gentillesse n’a plus la même signification. On ne sourit plus aux gens que l’on croise car on ne les regarde tout simplement pas. On ne voit plus les gens qui ont besoin d’aide car on ne les remarque plus. On est dans notre bulle, on se coupe du monde… Et c’est très triste! La gentillesse en 2015, c’est presque devenu une denrée rare.

Je suis une personne foncièrement sociable et j’ai al jasette facile. Quand je prends 30 secondes pour rigoler avec la caissière de l’épicerie, on me bouscule presque. Quand je salue le jeune homme qui donne le journal Métro (que je ne prends pas), certains me dévisagent. Si je souris à quelqu’un dans le métro, je n’ose même pas vous décrire la perplexité que je peux lire dans ses yeux.

Alors, oui, finalement ça en prend une journée de la gentillesse. Et je dirais même que ça prendrais un mois complet! Rappelez-vous vos vieux principes de catholique même si vous n’y croyez plus trop…

Sourire et s’ouvrir aux autres, c’est se donner la chance d’être touché en plein cœur. C’est un beau risque à prendre, non?

Le bonheur en canne, c’est de la frime!

Austin Schmid

Je vous ai parlé, dernièrement, du livre de Josée Boudreault intitule “Sois ta meilleure amie” et je vous mentionnais qu’elle nous faisait l’heureux plaisir de sortir une suite. J’ai débuté avec beaucoup d’enthousiasme la lecture du second récit de ses réflexions, déboires et astuces pour garder le cap dans nos vies. J’apprécie particulièrement la sincérité dont fait preuve cette communicatrice née qui avoue douter d’elle-même et qui assume ses erreurs la tête haute.

Elle sait nous surprendre, nous toucher, nous virer à l’envers au moment où on s’y attend le moins et c’est ce qui la distingue et la rend d’autant plus intéressante et pertinente. Alors dans ce second ouvrage, j’ai beaucoup aimé le passage où elle nous parle de la vague actuelle de l’industrie du développement personnel ultra présent. Et surtout, j’aime les phrases du type : « Mais très souvent, on nous casse les oreilles avec les pensées magiques. Parfois, la magie n’opère pas. Tout simplement. »

Ça rejoint beaucoup ma pensée car je suis quelque peu blasée de cette tendance outrageuse du bonheur à tout prix, du partage excessifs des succès, des photos de bien-être absolu qui dégoulinent de fausseté. Même des vedettes qui avaient obtenu un certain succès sur Instagram avec leurs partages multiples ont fini par avouer que tout cela n’était que pur montage. Alors de le lire noir sur blanc d’une auteure que j’affectionne particulièrement, ça donne un petit sourire en coin. Un genre de « tiens, tiens, la vie n’est pas si rose alors dans le pays des licornes que vous tentez de me vendre, là, ein? »…

Cette chère Josée se base d’ailleurs sur un ouvrage de la journaliste et auteure Marie-Claude Élie-Morin, La Dictature du bonheur (le titre en dit long). Cette dernière constate qu’aujourd’hui le bonheur est un impératif, qu’on doit constamment avoir une attitude déterminée et positive. Comme si on ne pouvait plus être découragée, baisser les bras pour un moment, en avoir ras-le-ponpon. Elle s’exprime aussi sur la maladie que certains vous présenteront comme la pure création de votre esprit, qu’à cause de votre attitude, vous avez « attiré » celle-ci et qu’en ayant simplement un état d’esprit plus sain, vous pourrez la faire fuir… Permettez-moi de dire : Yeah Right!

Ça fait du bien de voir que les gens se penchent sur la question car, ayant vécu un épisode de maladie cette année, je peux vous dire que j’ai eu quelques échos de ce type dans mon entourage et que c’est très enrageant. Oui je suis d’accord que le stress peut engendrer bien des maux mais de là à dire qu’on est maître de notre destin et qu’on peut faire fuir la maladie à grand coup de méditation, il y a une marge.

Je suis de celle qui prône l’esprit sain dans un corps sain, qui désire plus que tout que la société s’alimente mieux, que tout un chacun soit plus conscient de l’impact qu’il peut avoir sur sa santé… Mais comme on dit : la modération a bien meilleur goût et ce même au pays de la pensée magique.

Alors oui, prenez soin de vous, dorlotez-vous, faites du yoga, des respirations profondes et soyez zen. Mais quand vous ne filez pas, écoutez donc la petite voix en dedans qui vous chuchote qu’une petite visite chez le doc, ça ne peut pas vous nuire.

Tout est une question d’équilibre et chacun peut trouver sa formule gagnante. Et ce n’est pas dans un livre ou sur un blogue qu’on trouve notre bonheur. C’est en dedans et ce dedans il nous parle et il a parfois besoin d’un petit coup de pouce pour remonter la pente.

Sur ce, je vais poursuivre ma lecture et vous ferai un petit suivi sur ce qui résonne en moi. D’ici là, profitons du beau soleil qui nous gâte et prenons la vie comme elle vient!

 

Photo : Unsplash | Austin Schmid

Être une femme en 2015…

Brian Mann

Hier se déroulait l’annonce du nouveau Conseil des ministres qui se veut paritaire et diversifié, comme le qualifie Radio-Canada. J’ai lu beaucoup de commentaires sur le fait que certaines femmes semblent sorties de nulle part, qu’il y a des nominations surprenantes, que c’est audacieux et risqué…

Et je me suis dit : combien d’hommes au parcours atypique se sont retrouvés au fil des années dans des postes de ministre sans qu’on en fasse tout un plat? Et combien d’hommes chevronnés se sont royalement plantés dans leurs fonctions malgré ce qu’on avait prévu? Doit-on obligatoirement avoir un parcours sans faille et prévisible pour atterrir sur un siège de ministre?

Je ne suis pas particulièrement fan des libéraux mais hier, j’étais fière de voir que Justin Trudeau a pris des « risques » et a tenu sa promesse de parité. Parce qu’il est temps que quelqu’un mette la table à une représentation fidèle de notre société à la tête de notre pays. Parce qu’on va se le dire, 50% de la population est composée de femmes alors à mes yeux, c’est juste normal qu’on ait la même chose pour décider d’où ou s’en va. Et ce n’est pas une question, c’est une affirmation… Aucune hésitation, aucune tergiversation. C’est ça qui est ça comme on dit…

Ce qui m’attriste c’est qu’on va juger Justin Trudeau sur ces choix, qu’à chaque fois qu’une femme fera une mini erreur, on va la critiquer haut et fort alors que si un homme avait fait la même chose on aurait juste trouvé ça normal, que les faits et gestes de chacune seront scrutés à la loupe pour trouver les fêlures et surtout, qu’on analysera tellement leur image que ça en deviendra une obsession…

Car quand on regarde le traitement accordé à Mme Lise Thériault, on sait ce qui attend nos nouvelles ministres fédérales… Lisez les commentaires de mesdames Jérôme Forget, Normandeau, Courschene et même l’opinion de Jean Charest dans la Presse+ de ce matin. Ça va brasser pour elle et ça a toujours été comme ça. Parce que ça dérange, parce que c’est un monde d’hommes… Dès qu’une de celles-ci aurait les traits tirés, aurait l’air le moindrement fatiguée, on dira qu’elle n’est pas fait pour ça. Alors qu’un homme, on n’y penserait même pas…

On parle d’égalité homme-femme comme si c’était un dossier réglé mais il existe bel et bien encore un fossé, un plafond de verre ou appelez ça comme vous voulez mais il y a encore aujourd’hui quelque chose de pas réglé, quelque chose de vieux jeu, de poussiéreux, d’archaïque dans cette façon de voir les postes de décision. Il faut avoir un sacré caractère et une carapace très épaisse pour s’attaquer à ces positions stratégiques en tant que femme. Et ces nouvelles nommées ont toute ma reconnaissance, mon appui et ma compassion et chose certaine, je montrai au front pour défendre leur place tant que ce sera nécessaire. Je n’ai peut-être pas l’ambition de m’asseoir un jour sur un siège au à la Chambre des communes mais j’ai l’ambition et l’espoir de participer à la reconnaissance officielle de la place des femmes à la tête d’entreprises, sur les CA et au sein de notre équipes dirigeantes, provinciale et fédérale.

Mesdames : merci de tracer la voie!

 

Photo : Unsplash | Brian Mann