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Ouvrir nos bras pour combattre avec notre coeur

Sebastian Pichler

Je pourrais tenter de faire dans la légèreté, de trouver un sujet plus doux… Mais je suis incapable de passer à côté des événements de vendredi soir. Je ne suis ni journaliste, ni chroniqueuse et je n’ai aucune obligation de rapporter la nouvelle ni d’ailleurs les compétences pour prendre position.

Mais demeurer silencieuse face à ces terribles attaques, c’est au-delà de mes forces. L’horreur démontrée dans ces gestes fait réagir fortement, ne peut laisser personne indifférent. Je ne comprends tout simplement pas… Comment des gens peuvent être rendus si loin dans leur délire pour décider de se faire mourir pour une cause? Comment des gens peuvent être convaincus que c’est la bonne chose à faire que de se faire sauter au beau milieu d’une foule? Comment ont-ils pu regarder droit dans les yeux des personnes, des humains, des mères, des pères, des jeunes, des vieux… Et le tuer, froidement?

Je ne comprends pas et je ne comprendrai jamais. Car je suis foncièrement humaine et tolérante. J’aime les gens, j’aime la vie, j’aime le monde. Je me considère privilégiée d’être ici, dans ma jolie ville de banlieue où j’entends les enfants arriver à l’école quand la fenêtre est ouverte, où je les entends s’amuser dans le parc derrière chez-moi, où mes voisins et moi on se connaît et on s’entraide, où en tant que femme je peux me promener à toute heure du jour ou de la nuit sans me soucier réellement de ma sécurité, où je peux m’exprimer sans craindre des répliques haineuse, où je sais foncièrement que mes amis et ma famille vivent comme moi dans cette insouciance chère à mes yeux.

Et oui nous accueillerons des syriens, car eux aussi ont le droit de vivre dans cette quiétude. Bien entendu, les dossiers d’immigration seront décortiqués en profondeur car on a tellement peur des étrangers. Mais justement, si on ne les accueille pas, on les laisse à la merci de ces fous furieux, on leur donne un beau terroir de recrue car désespérés, ces gens honnêtes pourraient se laisser laver le cerveau. Ces gens-là méritent notre respect et notre ouverture pour combattre pacifiquement la guerre que tente de créer l’État Islamique.

Je préfère leur retirer leurs ressources en favorisant l’immigration que de les survoler et les bombarder, en risquant de tuer des innocents. C’est ma position et je l’assume. Mais j’ai toujours préférer la façon douce à la violence. Je préfère les mots aux gestes violents, je préfère la chaleur humaine aux bombardements, je préfère continuer mon chemin lentement plutôt que de me précipiter là-bas pour combattre.

Les extrêmes ne m’ont jamais paru être de bons choix et partir en guerre, en réaction vive à ce qu’il vient de se passer, ça me paraît intense et insensé. Serrons-nous les coude, accueillons nos nouveaux amis et pacifiquement, démontrons la force du nombre, la force de l’amour, de la tolérance et de la joie. Je suis convaincue que la bonté gagnera toujours sur la laideur de l’âme corrompue.

 

Photo : Unsplash | Sebastian Pichler

Grandir, au contact des autres…

Samuel Zeller

Les relations, amicales, amoureuses et professionnelles, comportent leur lot de plaisirs, de bouleversements, de remises en questions et de fous rires. On grandit au contact des autres, on évolue, on se questionne, on apprend beaucoup et on se transforme. Le plus beau des relations humaines est de voir une personne s’épanouir, voir son regard s’illuminer, sentir que la magie opère.

Malheureusement, avec cette ère numérique, on croise moins de regard, on entre moins facilement en relation avec les autres. Avec ces nouvelles en continu, on se fait bombarder de situations de danger et de mésaventures vécu par des citoyens ce qui a pour effet bien souvent d’amplifier la méfiance des gens envers autrui. Les étrangers deviennent des menaces, les nouveaux venus sont systématiquement louches, on se met à douter de tout.

En discutant avec des collègues hier, on parlait de l’attitude « en région » versus dans les grandes métropoles comme Montréal. Étant originaire de Mont-Laurier, j’ai grandi dans un coin de pays où tout le monde se connaissait, où on était toujours la fille de, la sœur de, la nièce de… Cette toile de connaissances tissée serrée amenait une confiance implicite dans toutes les relations et rendait la vie un brin plus douce. Une personne mal prise ou dans une situation fâcheuse pouvait compter sur l’appui de sa communauté.

Aujourd’hui, j’ai vu des situations navrantes en ville qui m’ont bien souvent crevé le cœur. Une personne âgée tombe sur la glace et les gens lui marche presque dessus, un voisin subit l’incendie de sa résidence et les gens l’ignorent et ne pensent même pas à offrir leur aide… Ça me désole beaucoup de voir qu’on se préoccupe souvent plus des crises vécues à l’autre bout de la planète que de la situation difficile qui se déroule parfois sous nos yeux.

Bien entendu, il y a des gens gentils, altruistes et courageux qui, peu importe leur situation, auront toujours le réflexe d’aider leur prochaine mais je trouve qu’on les voit moins. On a plus tendance à nous démontrer l’horreur que l’entraide, le sang plutôt que les sourires… Est-ce que ça ne nous ferait pas du bien de voir plus de bonté dans le monde que de nous passer en rafale les catastrophes?

Dans certains pays moins portés sur la technologie, il se trouve encore des gens pauvres qui partagent leur repas avec une personne dans le besoin, car pour eux, c’est ainsi. Ils ne se questionnent pas, ne mesurent pas l’impact sur leur petite personne… La terre, la vie, leur a donné de quoi se nourrir et une autre personne est dans le besoin. Ça s’arrête là…

Je nous trouve bien individualiste et chaque fois que je vois la générosité de certains peuples, intérieurement je me dis qu’ils sont chanceux de ne pas avoir été contaminé par l’égoïsme et l’indifférence qui nous frappent depuis plusieurs années.

Car c’est au contact des autres que l’on devient meilleur, c’est en partageant que notre cœur se gorge de bonté et c’est en écoutant qu’on grandit intérieurement. Cessons de se regarder le nombril un peu… On pourra peut-être voir que le monde est beau.

 

Photo : Unsplash | Samuel Zeller

Ces personnes qui m’ont permis de devenir qui je suis

En parcourant mon trajet matinal, je me demandais bien sur quel sujet j’allais écrire ce matin… Questionnement existentiel, vous en conviendrez! Dans mon cas, écrire tous les matins sur mon blogue, est devenu à la limite du « thérapeutique ». Avant de démarrer ma journée toujours trop chargée, je prends ce moment pour me déposer, pour me demander comment je vais et ce qui me touche ou me fait réagir pour le partager virtuellement avec mes amis et certains inconnus qui me font le plaisir de me lire.

C’est un privilège de pouvoir s’exprimer ainsi en toute liberté. Je pense souvent à ces gens qui se font battre ou enfermer dans certains pays pour avoir simplement émis leur opinion publiquement. Je n’arrive tout simplement pas à concevoir le concept. Avoir la latitude de dénoncer l’injustice et de mettre en lumière des situations inhumaines ne devrait en aucun cas mettre en péril la vie d’une personne.

Cette semaine, j’ai été très touchée de recevoir, de la part ancien collègue (que je considère comme une amie même si on se parle peu), un court message qui témoignait de son appréciation de mon blogue. La lecture de mes petits billets d’humeur semble résonner en elle et lui faire du bien en quelque sorte. Recevoir ce type de rétroaction quand on écrit et partage ces « tranches de vie » comme elle le dit, c’est vraiment très gratifiant et ça donne la motivation de poursuivre, peu importe ce qui peut survenir.

Ça m’a aussi amené à me demander pourquoi j’écris. Ça peut sembler étrange comme réflexion mais l’écriture a toujours fait partie de ma vie, j’ai toujours eu de la facilité à m’exprimer de cette façon et ça a toujours eu un effet libérateur sur moi. Mon père a exercé dans le milieu de l’éducation, ma mère a toujours gravité dans des sphères tantôt journalistiques, tantôt théâtrales, tantôt politique… La langue française occupe une place de choix dans l’esprit familial et j’en suis fière. Être capable de s’exprimer clairement, d’émettre des opinions, d’affirmer des idées et les défendre, représente à mes yeux une force, une arme, un atout majeur.

J’ai eu des enseignants extraordinaires tout au long de mon parcours scolaire et je suis consciente qu’ils ont contribué à entretenir cette flamme littéraire en moi. Au-delà des professeurs de français, je me souviens particulièrement d’un prof de religion qui m’a amené à réfléchir et à me questionner. Malgré la matière qui n’était pas pour moi clairement une passion, j’ai surtout apprécié l’approche, l’ouverture d’esprit et l’engagement de cet enseignant qui savait nous accrocher, nous amener à élever nos esprits au-delà du réel et du concret.

Quand je regarde derrière moi, je vois plein de gens au grand coeur qui ont contribué à façonner ma personne, qui ont participé à mon évolution, à forger mon caractère (autant que c’était possible ;-)) et à m’aider à devenir une femme fière, altruiste, sociable et surtout capable de s’exprimer.

On ne réalise pas parfois la valeur de certaines de nos facultés et aujourd’hui j’ai envie de dire merci à tous ces gens qui ont croisé ma route et m’ont aidé à devenir qui je suis.

À vous tous : merci!

 

Mon empreinte sur le monde…

Ana Gabriel

Avoir de la fougue, c’est bien et ça permet parfois de soulever des montagnes, de relever des défis audacieux, de prendre des risques importants… On m’a quelques fois dit : j’aimerais avoir ta fougue, ta drive… Ça me fait plaisir et ça me flatte mais au fond de moi, je sais que cette énergie vient aussi avec son lot de soucis.

Les attentes sont élevées et la barre est haute quand on nous voit brasser de l’air autant. Les gens ont l’impression qu’on roule toujours à 200 km/h, qu’on peut toujours faire des miracles et livrer l’impossible. Mais pourtant, il est irréaliste de croire qu’on peut être toujours au top de notre forme, de performer autant et d’atteindre de nouveaux sommets si souvent.

Ça épuise aussi, parfois, avoir de la fougue. Certains en abusent, d’autres tentent de l’écraser… Quand c’est naturel, on se bat pour garder sa place, pour faire valoir notre idée qui peut parfois déstabiliser ou faire peur à ceux qui ont une approche plus conventionnelle ou qui ont besoin de peser le pour et le contre plus longuement avant de bouger.

Rien n’est parfait et c’est bien ainsi. Il faut simplement être réaliste et surtout rester soi-même… Prendre du recul parfois pour se recentrer, réaligner le tout pour se sentir bien et valider qu’on est toujours à l’aise dans la situation, que ça nous ressemble comme on dit. Se laisser prendre dans le tourbillon de la vie arrive souvent et c’est important selon moi de prendre des petits moments pour se regarder aller de l’extérieur.

Je pense quoi de ma situation actuelle? Comment je me sens dans l’environnement, avec les gens et avec cette vibe autour de moi? Est-ce que ça résonne en moi de façon positive ou si je vais à l’encontre de qui je suis?

Trop souvent, on laisse la tornade prendre de l’ampleur sans se questionner et on peut en payer le prix. Par le passé, j’ai souvent fait cette erreur et j’ai dû vivre avec les conséquences, sur ma santé mentale et physique et sur ma qualité de vie. C’est si facile de laisser les choses dégénérer car c’est insidieux et subtile, ça n’arrive pas comme un coup de fouet, c’est lent et persistant.

Puis un jour on lève les yeux et on voit l’ampleur des dégâts, on réalise à côté de quoi on est passé durant cette période tumultueuse et on constate souvent que finalement, le jeu n’en valait pas la chandelle. Car se réaliser dans une activité ou un emploi c’est une chose mais passer sa vie à carburer aux défis, au bout du compte, ça apporte quoi? À 75 ans, sur ma chaise berçante, il va me rester quoi de tout cela? Entourer de mes compatriotes du 3e âge dans ma résidence pour personnes âgées, qu’aurais-je comme vie à raconter? Des projets ambitieux ou des rencontres enrichissantes?

Qu’est-ce que je veux laisser comme trace sur le monde, comme marque de mon passage? Je ne suis pas en train d’inventer un vaccin qui changera le monde… Je ne fais que des projets numériques. Est-ce seulement cela qui me définit? Heureusement non… Mais je dois parfois me le rappeler pour regarder autre chose que mon écran.

Et vous, que voulez-vous laisser comme empreinte?

 

Photo : Unsplash | Ana Gabriel

Qu’est-ce que la gentillesse en 2015?

gentillesse

Le 13 novembre prochain se tiendra la Journée internationale de la gentillesse. Vous aurez surement constaté que j’aime bien souligner ces journées mondiales car, d’un côté, ça me fait bien rigoler et de l’autre, je trouve parfois un peu triste qu’on en soit rendu à inventer des journées de tout type pour se rappeler les bonnes manières…

C’est en 2000, à Singapour, qu’est né le mouvement mondial de la gentillesse (c’est du sérieux quand même!). C’est donc relativement récent et c’est d’ailleurs dans cette même période où le Web a pris une grande place dans nos vies. Est-ce que certains sages avaient vu venir le coup et prédisaient qu’on allait avoir le nez rivé sur nos écrans tactiles de téléphones supposément intelligents plutôt que de se saluer dans la rue? Peut-être… Néanmoins, je trouve que ça mérite une petite réflexion…

Qu’est-ce que la gentillesse en 2015?

Tout d’abord, la définition…

– Selon le Larousse, la gentillesse, c’est :

Caractère de quelqu’un qui est gentil, agréable, gracieux.
Caractère de quelqu’un qui est d’une complaisance attentive et aimable ; bonté.
Action, parole aimable, gentille (surtout pluriel) : Dire des gentillesses à un ami.

– Selon Wikipédia :

La gentillesse est l’acte ou l’état d’être gentil. Elle est caractérisée par la bonté et le comportement de bienfaisance, caractère doux, tendre et soucieux des autres. Elle est connue comme une vertu, et reconnue comme une valeur dans de nombreuses cultures et religions.

Et je pourrais continuer ainsi mais ça revient du pareil au même…

Mais j’ai l’impression qu’en 2015 la gentillesse n’a plus la même signification. On ne sourit plus aux gens que l’on croise car on ne les regarde tout simplement pas. On ne voit plus les gens qui ont besoin d’aide car on ne les remarque plus. On est dans notre bulle, on se coupe du monde… Et c’est très triste! La gentillesse en 2015, c’est presque devenu une denrée rare.

Je suis une personne foncièrement sociable et j’ai al jasette facile. Quand je prends 30 secondes pour rigoler avec la caissière de l’épicerie, on me bouscule presque. Quand je salue le jeune homme qui donne le journal Métro (que je ne prends pas), certains me dévisagent. Si je souris à quelqu’un dans le métro, je n’ose même pas vous décrire la perplexité que je peux lire dans ses yeux.

Alors, oui, finalement ça en prend une journée de la gentillesse. Et je dirais même que ça prendrais un mois complet! Rappelez-vous vos vieux principes de catholique même si vous n’y croyez plus trop…

Sourire et s’ouvrir aux autres, c’est se donner la chance d’être touché en plein cœur. C’est un beau risque à prendre, non?