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La sobriété : un choix à respecter

Sticker Mule

Vous avez surement dû voir passer la nouvelle ou plutôt la promotion du Défi 28 jours sans alcool, une initiative de la Fondation Jean Lapointe. Ce mouvement collectif célèbre sa cinquième année et permet d’amasser des fonds pour la prévention de la toxicomanie chez les jeunes. Le tout se fait par une simple inscription sur le site du défi et un don de la part de chacun des participants.

Mais c’est toute la réflexion derrière le geste ou l’engagement qui importe. Se questionner sur les effets de cette sobriété, constater nos comportements et nos habitudes permet de revoir un peu sa consommation et les raisons qui accompagnent celle-ci. L’an dernier, j’avais pris une initiative personnelle de faire un mois de sobriété en janvier, ne connaissant pas le mouvement officiel. Cette année, j’ai décidé de m’inscrire au véritable défi, joignant l’utile à l’agréable en faisant un don à la fondation et en m’informant sur son implication sociale.

On rigole souvent par rapport à cet effort collectif et je me fais taquiner, étant une amoureuse du vin. Mais passion n’égale pas abus et il est toujours important de réviser ses usages, peu importe la substance. Comme m’a dit une amie dernièrement, ce n’est pas mieux de se goinfrer de sucreries pendant cette période, pour compenser. Car ne l’oublions pas, dans la plupart des boissons alcoolisées, on trouve une quantité non négligeable de sucre.

Quiconque a déjà relevé ce défi comprendra que ce n’est pas toujours si simple. Certains de vos amis vous soutiendront et seront solidaires, jusqu’à vous accompagner dans votre sobriété le temps d’une soirée. Mais d’autres vous asticoteront et tenteront de vous corrompre, ne réalisant pas l’impact de leurs commentaires irrespectueux. Car, vous êtes peut-être un sobre temporaire, mais beaucoup de gens doivent, par obligation légale, par maladie, par choix ou par dépendance, rester du bon côté de la ligne. Et ils n’ont pas toujours envie de s’expliquer, de justifier leur choix et encore moins de se faire juger.

J’ai rencontré une personne fragile à ce niveau un jour qui a pris le temps de m’exprimer sa difficulté à fréquenter ses amis et sa famille car les gens n’acceptaient pas son état. C’était, à leurs yeux, anormal de festoyer sobrement. Et cette pression, ce jugement constant, le privait de la jouissance des rencontres amicales. Depuis ce jour, je me garde bien de passer un quelconque message quand une personne me dit qu’elle ne boit pas.

Respecter les choix personnels de chacun, c’est très important, au-delà de nos propres croyances et nos coutumes de famille. Même si lever notre verre semble être une pratique universelle, il ne faut surtout pas la prendre pour acquis. Étonnamment, quand une femme est enceinte, on n’a aucun souci à respecter son choix de ne pas consommer (et je dirais même qu’on la juge s’il en est autrement). Mais quand c’est basé sur une autre raison, on dirait que les gens tolèrent moins bien le choix.

Que vous participiez ou pas au Défi 28 jours sans alcool, je vous invite à réfléchir à votre consommation et à analyser vos réactions face au choix de votre entourage dans cet exercice de sobriété. Je crois que tout le monde en bénéficie et ça permet une introspection saine et lucide. Comme on dit, si ça dérange quelqu’un que vous ne buviez pas, ça en dit souvent plus sur cette personne que sur vous-mêmes, alors souriez et poursuivez votre défi!

 

Photo : Unsplash | Sticker Mule

Du bon côté de la ligne

Nadine Shaabana

Avez-vous regardé l’émission Tout le monde en parle hier soir? Quel soulagement, cette discussion saine et posée sur les enjeux sociaux que nous vivons, collectivement, avec cette vague de dénonciations et ce sentiment d’inconfort généralisé. Un mélange d’impuissance et d’incompréhension perdure depuis un bout de temps et personne ne savait trop comment aborder la suite, j’ai l’impression. Voilà que le mouvement #etmaintenant naît des suites de ce tsunami : une initiative qui se veut inclusive et réconfortante, appelant à l’écoute, à la communication et à la réflexion.

Aurélie Lanctôt et Léa Clermont-Dion, ces deux jeunes féministes de plus en plus présentes dans nos vies, font partie du collectif de personnes à l’origine de ce mouvement. Et vous pouvez vous aussi vous joindre au rang de ceux et celles qui veulent que l’on discute et réfléchisse sur le après #moiaussi. Si vous désirez en savoir plus et signer, c’est par ici.

Une discussion, un échange sain et mature, voilà ce qu’il nous faut, voilà ce qui devrait nous permettre de passer à l’étape suivante, celle de la reconstruction. Car on va se le dire, ça a brassé, tout le monde, de tous les angles possibles. Mais j’espère sincèrement que chacun et chacune a repensé à ces comportements passés pour se demander : m’est-il arrivé d’être inadéquat?

Personne n’est à l’abri de dépasser les bornes et je pense qu’il ne faut pas tomber dans l’extrême jugement du moindre regard louche. L’important, selon moi, est d’être capable de se questionner, de prendre du recul, de discuter, de cogiter ensemble sur ce qui est bon et moins bon, ce qui est acceptable et ce qui dépasse la limite.

Quand j’entends des femmes dire qu’elles ont peur que tout cela tue le charme, j’ai envie de leur dire qu’elles n’ont rien compris. Aurélie Lanctôt l’a bien exprimé hier : on parle d’abus de pouvoir dans la dénonciation, pas de rapports homme-femme standards. Car toutes les situations dénoncées et dévoilées au grand jour ont en commun cette situation de pouvoir, d’abus et de silence forcé.

Et j’ai tendance à croire que la drague, le désir et le flirt seront exprimés de façon plus respectueuse maintenant, que ça amènera un vent de tendresse et de douceur dans les relations, ce qui me parait tout à fait sain et louable. Je ne vois pas en quoi c’est mauvais de vouloir être séduite de manière civilisée. La rudesse ne m’a jamais allumée, de toute façon, mais endurer les commentaires disgracieux finit par user. Si charmer se fait plus poétiquement, avec civisme et grandeur d’âme, on sera tous gagnants.

Appeler à la solidarité et rêver d’un monde meilleur est à mes yeux la réaction la plus juste à ce torrent de douleurs révélées. Et voir ces femmes porter le flambeau, s’allier et appeler à l’union des forces, dans le calme, la sérénité et le positivisme, c’est beau, c’est doux pour le cœur et ça fait franchement du bien.

Je n’ai pas envie qu’on s’arrache nos chemises, qu’on se chicane, qu’on se crie des noms pour trouver une solution. J’ai envie qu’on soit capable de s’asseoir ensemble, main dans la main, qu’on s’écoute et qu’on se dise ce qui passe et ce qui ne passe pas. Comment, en tant que société civilisée, est-on capable de grandir de cette épreuve, de comprendre, d’apprendre et d’évoluer dans ce mouvement?

S’améliorer, c’est la mission de tout humain sur terre. On peut et on doit le faire, individuellement, mais avec cette situation, on peut aussi choisir, collectivement, de se donner un élan pour devenir la meilleure version de nous-mêmes, comme peuple.

 

Photo : Unsplash | Nadine Shaabana

Être à la mode

Kris Atomic

Ce matin, c’est avec beaucoup de plaisir que j’ai lu le dossier d’Iris Gagnon-Paradis dans La Presse+ concernant l’industrie de la mode qui subit une grande transformation grâce aux nouvelles générations qui réfutent l’obligation de respecter les normes établies depuis belle lurette. L’article « Quête d’imperfection » m’a particulièrement fait sourire car on y soulève l’électrochoc que fait subir cette nouvelle vague de créateurs à une industrie très stéréotypée depuis trop longtemps.

Savoir que l’hypersexualisation de la femme prend le bord, ça peut difficilement ne pas nous réjouir, du moins pour les femmes. L’article nous fait prendre conscience d’ailleurs que, contrairement à ce que plusieurs pensent, il n’en a pas toujours été ainsi. C’est dans les années 60 que cette mode de femme-objet est apparue et ses heures sont comptées si on se fit aux défilés qui enchaînent les styles moins révélateurs et qui abordent d’ailleurs le corps de manière plus universelle.

Serait-on dans une ère de « désexualisaton », où être un humain suffit à se définir, où le sexe d’une personne n’a plus d’impact réel sur sa façon de se vêtir? La société a tendance à écarter une mode en allant dans un extrême opposé, ce qui ne sera peut-être pas adopté par tous, mais je crois que ça amènera plusieurs à se requestionner, ça brassera les convictions et les croyances bien ancrées et ça fera évoluer les perceptions.

Quand j’ai lu la dérape de Mme Deneuve prônant la liberté des hommes d’importuner une femme, je me suis dit que le balancier naturel s’occuperait de réajuster le tir. Mais en prenant connaissance du dossier sur la mode ce matin qui faisait part de la réaction des baby boomers qui ne se reconnaissent plus dans la nouvelle tendance, je n’ai pu m’empêcher d’imaginer l’actrice parmi ces réfractaires.

Les choses changent et les générations ne sont pas toujours en accord, surtout quand on transforme ce que certaines personnes prennent pour acquis, dans les habitudes les plus profondes. Mais dans ce cas précis, je crois qu’une réflexion est nécessaire car depuis bien longtemps, les femmes souffrent de cette image hypersexualisée qui crée la confusion et les confrontations que l’on connaît.

Vivement une mode plus inclusive, plus libre, plus fluide qui permet à tout un chacun d’être lui-même, qui met en lumière l’unicité, les imperfections qui créent la beauté authentique et dont la sobriété permettra de se concentrer plus sur l’âme que sur le corps d’une personne. Je ne crois pas qu’on se définit par notre image mais plutôt par ce qui se trouve dans notre cœur et si notre habillement peut aider à y accéder, j’embrasse ce changement avec le plus grand des sourires.

Exit la superficialité, bonjour la liberté!

« Aujourd’hui, ce sont vraiment les jeunes qui influencent les mouvements de mode en nous proposant leur vision du monde, un monde ouvert, sans frontières. Les jeunes ne veulent plus se faire dire comment s’habiller, ils veulent déterminer leur style. Il y a une valorisation d’une mode plus esthétique, artisanale même ; on n’est pas dans le clinquant, mais dans l’authenticité et le naturel »

Quel vent de fraîcheur après des années de dénonciation et de sentiment d’incompréhension dans les interactions humaines. Peu importe l’origine, la religion, le sexe, la culture, nous sommes tous égaux et il faut cesser de se catégoriser et de stigmatiser quiconque déroge un peu des standards qui nous réconfortent. Soyons plus créatifs, soyons plus inclusifs. Les relations seront beaucoup plus saines et on cessera peut-être de polluer notre belle planète pour être « à la mode ».

 

Photo : Unsplash | Kris Atomic

Prendre soin de nous

Pablo Heimplatz

Quand quelqu’un près de nous est malade, ça nous amène irrémédiablement à réfléchir sur nos propres choix de vie, sur nos habitudes ainsi que sur notre état. On a beau se souhaiter la santé à chaque début d’année, on lance ces vœux un peu à la légère dans la majorité des cas, sans nécessairement y penser en profondeur. Mais entre vous et moi, si on n’a pas la santé, on ne va pas bien loin.

Mais pourquoi dans ce cas a-t-on autant de difficulté à prendre soin de nous? Bien souvent, on vit un peu dans le déni, dans une forme de déconnexion d’avec la réalité, comme si les problèmes n’arrivaient qu’aux autres. Mesurer l’impact de nos choix, assumer les conséquences de nos actes, c’est toujours plus difficile que de vivre légèrement comme si on était protégé par une bulle imaginaire.

Je lisais hier un billet de blogue sur une personne qui a tenté de faire comprendre à une conductrice que son utilisation du cellulaire au volant était dangereuse. Et cette dernière faisait complètement fi du danger réel qu’elle créait en textant en conduisant. Je ne partage pas le billet volontairement car le ton agressif m’a dérangé, mais la substance m’a tout de même fait réfléchir. Texter, fumer, boire de l’alcool, ce sont toutes des addictions dont beaucoup font preuve et qui demeurent légales, dépendamment du contexte bien entendu.

Cette légalité sert de parapluie à plusieurs pour justifier leur choix de vie et loin de moi l’idée de juger ou de critiquer. J’ai plutôt envie que l’on réfléchisse un peu plus loin, qu’on se demande pourquoi, collectivement, on s’arrête à un aspect légal.  Consommer à outrance une substance nocive, qu’elle soit permise ou non, ça demeure de l’abus et une certaine forme d’autodestruction. Et ça devrait faire réagir, ça devrait nous toucher et nous amener à revoir notre vision sociale pour assurer un cadre aux gens qui ont besoin de nous pour sortir du tourbillon infernal. Car c’est collectivement que l’on permet l’accès à ces substances.

Et quand je parle de substances, les jeux vidéo et les loteries en font aussi partie. De plus en plus de jeunes souffrent d’une dépendance aux jeux et le documentaire Bye d’Alexandre Taillefer et sa bande nous a mis en plein visage une réalité souvent ignorée. Le défi 28 jours débutera bientôt pour promouvoir la sobriété et nous faire réfléchir sur notre consommation d’alcool. Plusieurs personnalités connues osent maintenant parler de leur problème de consommation ou de leur choix personnel de cesser de consommer.

Je trouve ces initiatives inspirantes, sincèrement. Mais au-delà des grands éclats, il y a le quotidien, il y a la malbouffe qui perdure, il y a l’accessibilité à toute sorte de poisons encore légaux qui rend plus difficile, pour certains, le choix de prendre soin de soi. Les tentations sont faciles et il suffit d’une mauvaise journée pour que le verre de vin soit permis en semaine. Bientôt, le cannabis sera légal et je me questionne sur notre façon de gérer ce changement.

Car il n’y a pas que le consommateur du dimanche… Il y a celui qui est toujours à un cheveu de tomber dans la déchéance, celui qui a eu une année pénible, qui a eu des problèmes et qui peine à remonter la pente. Et dans ce cas, l’accès aux substances nocives et légales peut être problématique.

Je ne remets pas en question nos choix de société, je m’interroge seulement sur notre façon d’encadrer le tout. Car, quand je regarde notre système de santé presque aussi malade que ses patients, géré par un ministre déconnecté de la réalité, j’ai un peu peur. Dans ce contexte, on se doit, je crois, individuellement, de se prendre en charge, de se regarder aller et de faire des choix sains pour éviter de perdre pied. Car un citoyen en santé peut prendre soin de l’autre qui l’est moins…

 

Photo : Unsplash | Pablo Heimplatz

Trouver son équilibre

Denys Nevozhai

Récemment, j’ai eu une discussion avec quelqu’un sur la notion d’équilibre. Cette personne me disait avoir beaucoup réfléchi sur ses occupations, activités et préoccupations pour tenter de trouver le meilleur équilibre possible, la balance idéale. Comme on se disait, on a tous des obligations et engagements et on ne rêve pas d’un monde de licorne où rien ne serait inévitable. Mais, à force d’échanger, on prenait conscience que, bien souvent, on s’impose nous-mêmes des choses qui ne nous tentent pas vraiment en réalité.

Que ce soit des rendez-vous, des activités ou même des relations, parfois on le fait sans que ce soit vraiment désiré. Et on se questionnait sur cette pression qu’on se met de toujours aller au bout des choses. Certains me diront que c’est de la persévérance mais j’ai tendance à penser que de temps à autre, on le fait pour une question d’image, plus en fonction de ce que les gens penseront de nous que selon ce que notre cœur nous dicte.

Pour plusieurs, voir la famille et les amis est une nécessité absolue alors que pour d’autres, la solitude et les moments de calme sont primordiaux. Il faut, je crois, apprendre à se connaître et se respecter pour définir ce qui nous correspond, et non se baser sur ce que l’on attend de nous. Quand on est jeune, on est beaucoup plus réactif aux demandes que proactif. On suit le mouvement, on est influençable. Mais avec les années et les expériences qui s’accumulent, on finit par mieux savoir ce qui nous correspond.

Cette notion d’équilibre se trouve aussi dans notre travail et nos rapports avec notre carrière. Pour certains, le boulot n’est qu’un gagne-pain qui permet de réaliser des projets personnels alors que pour d’autres, le travail nourrit et est au cœur de leur vie. Chacun a droit à sa formule et il n’y a pas qu’une seule recette gagnante. On doit comprendre qu’on est tous différents, que c’est correct de ne pas avoir la même vision des choses.

Par contre, la connaissance de soi nous permet de ne pas se laisser entraîner, embarquer dans un tourbillon qui n’est pas le nôtre. On sait pertinemment que ce qui convient pour un ne l’est pas pour l’autre et il peut arriver que de côtoyer des gens distincts de nous nous confronte et nous déstabilise. Encore là, tout cela est correct dans la mesure où ça ne nous procure ni angoisse ni stress.

Pour avoir fréquenter des gens assez intenses, j’ai compris que j’absorbe beaucoup l’énergie des autres, je la ressens et elle m’affecte directement. Je dois donc me protéger quand cette énergie est négative ou va à l’encontre de mes valeurs ou simplement de mon rythme personnel. Ces gens ne sont pas en défaut ou incorrects, c’est simplement un mauvais mariage, une incompatibilité. Quand j’ai compris cela, j’ai cessé d’être en réaction permanente et j’ai simplement compris que je devais me connecter à moi-même, ressentir et agir en fonction de mes propres besoins.

Cette amie avec qui je discutais m’a aussi avoué qu’elle s’était longtemps obligée à tolérer une belle-famille qui la heurtait dans ses valeurs, ainsi que des amis de son conjoint qui l’ont par moment blessée et peinée. Et aujourd’hui, elle a choisi de cesser de se forcer pour mieux se respecter. Bien sûr, elle a subi du jugement et quelques discussions houleuses ont eu lieu. Mais au bout du compte, elle est ressortie grandie et plus forte de cette expérience. Elle a compris qu’elle devait toujours s’écouter car une personne malheureuse n’apporte pas le meilleur d’elle-même.

L’équilibre et la connaissance de soi sont deux éléments précieux à entretenir dans nos vies. Ça nous évite de déraper et ça renforce notre confiance en nous. On peut perdre beaucoup de temps à soigner son image, mais si au fond de nous, c’est le vide total, si on n’arrive même plus à savoir qui on est, ce personnage devient fictif et nocif, comme une lourde carapace étouffante. L’équilibre, c’est aussi être honnête avec soi et chercher l’harmonie entre notre corps et notre esprit.

 

Photo : Unsplash | Denys Nevozhai