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La gratitude a bien meilleur goût

Emiel Molenaar

Ces temps-ci, tout le monde parle de météo, de température et de pluie. C’est immanquable, si vous croisez quelqu’un, il y aura un commentaire sur ces éléments qui nous affectent et qui teintent l’humeur générale. C’est qu’on attend tellement longtemps le beau temps pour vivre dehors nos quelques semaines estivales que, lorsque c’est retardé, on bougonne.

Mais on oublie parfois que la nature se gère elle-même, sans tenir compte de nos états d’âme et que, pour nous supporter, elle a besoin de pluie et de se tempérer. Alors, on aura beau pester et se fâcher, ça n’y changera rien. En fait, c’est de l’énergie dépensée inutilement alors à quoi bon? Oui, on a plus de pluie, oui, il fait plus frais. Mais honnêtement, qui s’ennuie vraiment des canicules intenses des dernières années? Pas moi…

Je suis une personne qui aime voir le positif en toute chose et, bien sincèrement, je me réjouis de la température actuelle. Car j’ai planté des vivaces ainsi qu’un arbre et cette pluie et cette accalmie de chaleur aident les végétaux à s’acclimater. Vous me trouverez peut-être égoïste mais la nature passe avant la qualité de mon bronzage.

Jouer dans la terre, c’est un plaisir inégalé. Je peux avoir de la boue jusqu’à la racine des cheveux, des ongles noircis qui feraient mourir une esthéticienne, des courbatures à la grandeur du corps qui vont décourager mon ostéopathe mais j’aurai toujours le sourire au visage. Que voulez-vous, je suis tombée dedans quand j’étais jeune. Et ça ne s’est jamais calmé. Je trouve toujours l’endroit pour un nouveau plant et chaque possibilité de projet horticole m’enchante énormément.

Même les journées de pluie comme on a eu vendredi et samedi me font plaisir. Ça permet de ralentir, de savourer le temps qui passe dans nos vies trop chargées, dans nos horaires trop occupés. Aucune culpabilité de ne pas s’attaquer à la liste de choses à faire, comme une bouffée d’air frais bien appréciée. Un bon livre, un bon thé et le tour est joué.

Alors, la prochaine fois que vous entendrez quelqu’un se plaindre ou que l’envie vous prendra de le faire, pensez au fait qu’on a toujours besoin d’un équilibre et que, pour profiter du beau temps et des paysages verdoyants, ça prend de la pluie et un peu de fraîcheur. Tout est parfait comme ce l’est et il faut cesser de toujours trouver du négatif dans ce qui survient.

Oui, c’est malheureux lorsqu’on a une activité prévue à l’extérieur et que c’est le déluge mais c’est ainsi depuis la nuit des temps alors soyons flexibles et ouvrons notre esprit aux possibilités et opportunités que cela nous permet. Prenons exemple justement sur cette nature qui s’adapte et qui compense comme elle peut quand tout ne se passe pas comme prévu.

Et quand le beau temps reviendra, au lieu de le prendre pour acquis et se précipiter, prenons quelques minutes pour remercier la vie de cette belle journée. La gratitude a bien meilleur goût que l’amertume. On voudrait avoir tout, tout de suite, tout le temps. Mais dame nature est aussi là pour nous apprendre à ralentir, à respirer et à admirer ses atours sans cesse renouvelés.

Photo : Unsplash | Emiel Molenaar

Influencer positivement

Elijah Macleod

Avez-vous lu ce matin, dans La Presse+, la grande enquête concernant le métier d’influenceuse? En fait, je devrais plutôt dire, de la façon de s’inventer un compte d’influenceuse en payant pour s’acheter des abonnés, en truquant le contenu et en participant aux échanges de « likes » sans scrupule?

Honnêtement, et je ne veux insulter personne, je ne suis pas vraiment une adepte de ce type de personnalité qui se fait payer pour parler de produit. Je n’ai jamais participé à cette mascarade et je ne crois pas que je serais à l’aise de le faire. Déjà, écrire pour quelqu’un d’autre et me faire imposer un ton, un style et des mots-clés, ça ne passe pas avec moi. Alors me faire commander un commentaire positif sur un produit? Très peu pour moi…

Mais ça fait partie de l’ère numérique, de cette période en cours qui prône l’image et, par la bande, l’adoption de tendances par des gens connus pour influencer les fans. On pourrait presque l’appeler l’ère Kardashian. Mais sachant que tout est organisé et surtout pécunier, comment peut-on croire les propos des vedettes?

Je trouve que ça en révèle beaucoup sur le besoin de repères des gens. Comme s’il fallait à tout prix s’accrocher à quelque chose pour nous guider. Comme si notre propre jugement ne suffisait pas. La religion étant loin derrière et n’ayant plus cette place centrale pour dicter les grandes lignes, les grands principes à suivre, on cherche ce qui peut nous aider à y voir clair.

Personnellement, je préfère laisser mon instinct me guider ou me fier à l’expérience de gens que je connais (et qui me connaissent) pour faire des choix plutôt qu’une star qui, bien souvent, n’a même pas essayé réellement le produit et qui sous-traite la gestion de ses réseaux sociaux à une firme spécialisée. Même les commentaires et avis sur internet sont souvent biaisés alors à qui se fier?

Cette enquête, ce matin, met en lumière une pratique frauduleuse mais il y en a des centaines dans le monde virtuel, justement parce que ce n’est pas concret et il n’y a pas de règles claires. C’est un peu la jungle et la guerre au plus fort, ou plutôt à celui qui trouve la nouvelle astuce pour dépasser tout le monde. Mais, à mes yeux, c’est comme tricher à une course en prenant un raccourci. Est-ce qu’on est vraiment fier quand on termine quelques secondes en avance sachant qu’on a triché?

L’argent mène le monde depuis longtemps mais avec ce monde intangible, ça crée de nouvelles possibilités malsaines. Pourtant, on n’a jamais eu autant besoin de concret, de réel, de contact humain et de vrai. Ralentir, ressentir, écouter, ce sont des façons de vivre qui semblent devenir de plus en plus rares. La course aux likes et aux clics n’a jamais rendu quiconque plus heureux. Peut-être un peu plus riche mais encore… Tout est si éphémère.

Ces vedettes d’influence instantanée, c’est comme la télé-réalité : ça propulse des nobody dans les plus hautes sphères sans préparation ni formation. Les plus habiles y trouveront leur route mais pour la majorité, ce sera beaucoup d’énergie pour peu de résultats. Comme dans tout, vaut mieux être conscient du train dans lequel on embarque car la descente peut être abrupte.

Si vous exercez ce métier avec un certain succès et surtout, une éthique de travail, grand bien vous fasse. Vous faites sans doute partie du noyau de chanceux qui tirent leur épingle du jeu. Mais soyez prudent car tout ce qui monte redescend et ces tendances ne durent jamais très longtemps. Le plus important dans tout cela, est de rester soi-même je crois et de ne jamais déroger de ses principes, ses valeurs et de sa propre essence. C’est peut-être là, la clé du succès de ce monde numérique.

Photo : Unsplash | Elijah Macleod

Être vrai pour vrai

Jon Tyson

Ces temps-ci, j’ai la chance de rencontrer des gens de partout, de tous les styles, de tous les niveaux de conscience. Parfois, certaines rencontres me font réaliser à quel point j’ai besoin de vrai dans ma vie, d’authenticité, de sincérité et de vérité. Quand je croise quelqu’un qui est superficiel, déconnecté de soi, égoïste ou narcissique, c’est comme une crise d’urticaire : impossible à ne pas ressentir. J’ai maintenant un radar à faux je crois…

Malheureusement, il y a encore beaucoup de gens qui vivent en superficie de leur vie, de leur âme. Vous savez, ceux qui préfèrent rabaisser les autres pour se valoriser, parler de leurs exploits, tenter de toujours avoir raison, qui ne vous posent jamais de question sur vous et qui vous coupent la parole? Ce type d’interaction m’agresse et bien souvent, je coupe court à cela, préférant être seule qu’en mauvaise compagnie.

Mais quand j’ai la chance de rencontrer une personne apte à être là, ici et maintenant, dont le regard est franc et doux, qui se passionne pour la vie, qui s’intéresse, qui n’a pas un ego démesuré et qui a envie réellement de faire connaissance, ça me nourrit beaucoup. Bien souvent, je ne vois plus le temps passer, la fatigue accumulée disparaît et j’ai l’impression d’être à la bonne place.

Être un humain, c’est ça. C’est faire face à différents types de gens, c’est se confronter, c’est devoir choisir et recevoir, c’est s’ouvrir au risque d’être déçu, c’est oser sortir des zones connues pour aller à la rencontre de gens différents. Mais plus on vieillit, plus, je crois, on décèle le vrai du faux et on peut mettre nos énergies dans ce qui nous semble valoir la peine. Quand on est plus jeune, on vivote, on est souvent peu centré et on n’a pas le bagage pour détecter les « vampires d’énergie ».

Heureusement, en expérimentant, on affûte ses outils, on devient plus mature et on s’en fait moins avec ce que les autres pensent de nous. Il faut dire qu’à force de se cogner le nez, n’importe qui apprend! Mais je dirais que c’est dans les belles relations riches qu’on retient le plus, qu’on se crée des repères par rapport à ce qu’on veut. Quand la connexion est si forte que la parole n’est plus nécessaire, en amitié comme en amour, ça donne une dose de confiance en soi et la force d’affronter toutes les épreuves.

En cette ère de réseaux sociaux et de fausses amitiés virtuelles, j’ai particulièrement envie de revenir à l’essentiel, au vrai, au senti, au contact humain en chair et en os. Tout le monde peut jouer un jeu derrière un écran, faire trois choses en même temps, peser ses mots. Mais en vrai, on est soi, on a le non-verbal, le ton, le regard, le sourire… Tous ces petits détails qui enrichissent un échange et qui donnent beaucoup d’informations sur l’état de notre interlocuteur.

On se révèle plus en personne par notre être que par nos paroles. Étrangement, en ligne, plusieurs sont prêts à révéler des détails croustillants de leur vie (ou de leur corps) car ils se sentent moins vulnérables. Pour ma part, j’ai besoin de la vraie chaleur humaine pour me mettre en confiance et je n’ai pas ce besoin absolu d’approbation de mes pairs sur la toile. Je partage sans attentes, mais plus ça va, plus j’oublie de consulter ces réseaux virtuels.

Être vrai, c’est un objectif de vie qui se travaille à tous les jours. Et je crois que plus on tend vers cela, plus on rencontre des gens passionnants, on attire vers soi ceux qui ont les mêmes ambitions humaines : être heureux. Pas riche de biens et d’argent, riche de relations, d’expériences, d’émotions. À mes yeux, ça vaut tout l’or du monde…

Photo : Unsplash | Jon Tyson

Un autre tour de manège

ckturistando

La vie est courte. Je ne vous apprends rien ce matin, j’en suis bien consciente. Mais j’ai l’impression que, parfois, on oublie ce principe. On vit comme si on était éternel, on reporte à plus tard ce qui pourrait être fait maintenant et surtout, on laisse la peur nous freiner dans nos expériences. Et malheureusement, parfois, il faut des grands chamboulements pour nous faire réaliser qu’on est passé à côté de belles opportunités.

Parlez à n’importe qui, en rémission, ayant eu un cancer. Il vous dira que le soleil du matin n’a jamais été aussi beau, que les sourires sont plus éclatants et que chaque journée est une bénédiction qu’il savoure à chaque seconde. Mais pourquoi est-ce que ça prend un tel traumatisme pour en prendre conscience? Est-ce une insouciance, un manque de connexion à soi, un détachement ou une naïveté?

Peut-être un mélange de tout cela, me direz-vous. Et chaque personne ayant son histoire, on réagit tous différemment. Personnellement, depuis quelques années, j’élargis mes horizons, je plonge dans des aventures plus osées, j’explore plus large. Que ce soit en voyage, dans mes lectures ou dans mes relations, j’essaie de sortir de ma fameuse zone de confort, aller au-delà du connu, du commun.

J’ai compris, je ne sais trop comment, qu’il faut parfois aller se confronter pour savoir ce qui nous plaît, pour définir nos limites. Un peu comme l’enfant qui s’approche du feu ou du rond de poêle. On demeure, au fond, d’éternels cœurs d’enfant et on a tendance à tomber dans le trop sérieux lorsqu’on devient adulte. Mais la vie, ça ne peut pas toujours être sérieux et ce n’est pas parce qu’on a des obligations qu’on doit froncer des sourcils et rester dans notre petit carré de sable bien chaud et contrôlé.

Déjà, voyager, ça nous fait réaliser à quel point, ici, tout est aseptisé, régulé, tempéré. Ça me fascine à quel point on a mis des normes et des standards sur tout. Mais ça nous met dans une posture de soumission en quelque sorte et surtout, ça fait qu’on ne réfléchit plus, on n’écoute plus notre instinct. À chaque retour de voyage, je fais ce même constat, j’ai cette même impression d’étouffement.

Mais dans toutes les sphères de notre vie, on a toujours le choix de s’écarter un peu du chemin tracé, de la route classique. Des fois, ce n’est qu’un pas, des fois c’est un grand saut. Quand on réapprend à écouter nos envies et nos désirs profonds au lieu de constamment suivre le troupeau, on ressent un grand relâchement, un calme qui s’installe.

Oui, ça fait peur parfois, surtout quand on a passé des années à ne plus réfléchir à qui on était et ce qu’on voulait vraiment. Mais je vous le dis, il faut oser pour ressentir… Sinon, on peut s’éteindre à petits feux. Je sais, vous allez me dire que vous avez peur du jugement des autres, d’entendre les critiques, de voir le regard et de sentir la désapprobation. Mais, par expérience, bien souvent, c’est de la projection et ça ne vous appartient pas.

Jamais je n’aurais cru tenir un blogue, voyager seule, suivre des cours universitaires, m’affirmer en tant que femme aussi fermement, suivre des cours en tout genre, m’impliquer dans ma communauté, rencontrer des gens différents et assumer qui je suis, avec mes contradictions, mes doutes et mes élans. Mais aujourd’hui, j’aime ce que ça m’apporte de vivre MA vie. Car il s’agit bien de cela. Vivre selon soi et non selon la société et ses moules bien rigides. Alors, vous embarquez dans le manège?

Photo : Unsplash | ckturistando

Stop ou encore?

Omar Prestwich

Est-ce qu’on essaie trop de faire en sorte que la réalité corresponde à nos attentes, à nos désirs? Accepte-t-on le fait que ça ne se passe pas toujours comme on veut? On parle souvent de nos fameuses attentes irréalistes mais prend-on vraiment le temps de les décortiquer, de les comprendre et de se demander pourquoi elles sont là? Parce que rien n’arrive pour rien, ce qu’on ressent y compris.

Quand on voudrait des mots, il y a le silence, quand on voudrait la paix, il y a le chaos. Ces contradictions entre nos envies et la réalité sont bien souvent là pour nous apprendre à s’ajuster, à s’écouter, à accepter. Si tout fonctionnait toujours comme on le désire, on trouverait surement le moyen d’être insatisfait. Au lieu de pester contre ce qui nous frustre, si on prenait le temps de ressentir et de se demander ce que ça fait monter en nous, ce qui résonne?

Si on confronte toujours la réalité comme si c’était un complot, on dépense une énergie folle, dans le vide. N’est-il pas plus profitable de mettre cette énergie sur nous-mêmes, sur la compréhension de nos mécanismes de défense, sur nos blessures, les traces de notre passé pas encore tout à fait assumé?

Cette fameuse expression surutilisée sur les sites et applications de rencontres : passé réglé. Ça m’a toujours fait sourire. Souvent, ces gens croient qu’en balayant bien loin sous le tapis ce qui a teinté les années passées, tout cela disparaîtra. Mais on est forgé de nos expériences antérieures et nos réactions sont bien souvent des reflets de tout cela. Si on ne se connecte pas, on subit sans s’en rendre compte. On devient le pantin de notre histoire…

Accepter, c’est sans doute un des verbes les plus difficiles à appliquer au quotidien. Accepter qu’on ne contrôle pas grand-chose, accepter qu’on soit comme on est, accepter notre corps, nos défauts, nos travers, accepter que tout ne fonctionne pas comme on s’y attendait, accepter que la vie sème sur notre route des beaux comme des moins beaux moments, accepter qu’on ne sera peut-être jamais comme on le rêvait, accepter qu’on ne nous accepte pas toujours comme on est…

C’est le travail d’une vie d’accepter mais c’est au quotidien qu’on en mesure les bienfaits. Car on peut vivre une vie de galère, à toujours se battre contre vents et marées, à toujours vouloir que tout s’adapte à nous. Ou on peut choisir de lâcher-prise et de laisser la vie nous guider, en s’écoutant et en se respectant. Pour avoir essayé les deux, je peux vous dire que la seconde option est moins éreintante et plus gratifiante.

On ne peut pas être aimé de tous, c’est une des leçons que la vie nous apprend avec le temps. Quand on est jeune, dans la cour d’école, on voudrait tellement que tous les amis nous apprécient. Puis, avec le temps et les rencontres, on sent qu’on préfère se tenir loin de certaines personnes, sans trop en être conscient. Mais quand on devient adulte, on a plus de choix et de décisions, et on investit dans les relations qui nous apportent plus de positif, idéalement.

Investir son temps sur ce qui vaut la peine, ce qui nous nourrit, ce qui nous fait rire et qui apporte du bonheur dans notre cœur. Ça devrait être ça, au fond, notre objectif. Parce que ce qui nous gruge l’intérieur, ce qui perturbe notre état et notre équilibre, c’est un signe que ce n’est pas vraiment pour nous, que ça ne s’aligne pas avec nos valeurs. Et s’il n’y a pas moyen de faire des ajustements pour retrouver cet équilibre, on risque de patauger inutilement… C’est à nous de choisir si on veut faire du sur-place, ou si on préfère continuer d’avancer, à notre rythme…

Comme dirait Plastic Bertrand :

J’fais des galas, ou des galères
Je reste comme ça, ou je persévère
Stop ou encore

Photo : Unsplash | Omar Prestwich