Beau moment hier alors que je reprenais la pratique du yoga. Autre contexte, autre journée, changement de routine. Mais tout autant de plaisir et de bien-être ressenti. Le yoga, c’est une pratique très personnelle où chaque corps a ses propres contraintes, ses propres limites et où il faut être sincère avec soi. Anti-performance par excellence, le yoga demeure une des meilleures manières de se connecter à soi et d’être empathique envers sa propre personne.
On passe nos journées à courir, à se presser, à vouloir performer, à tenter de donner le meilleur de nous-mêmes, plus qu’hier, moins que demain. Mais on oublie parfois qu’il faut aussi se déposer, arrêter le cycle infernal et interminable pour se ressourcer, se recentrer. Prendre le temps de ressentir son corps, de se concentrer sur son souffle pour déceler les tensions accumulées qu’on peine à percevoir dans le quotidien.
Pourquoi a-t-on autant de difficulté ou d’hésitation à s’accorder du temps pour soi? Pourquoi donne-t-on autant aux autres alors qu’on gruge sur le temps qu’on se donne à soi-même? Notre tête sait que c’est un piège et qu’on finira par en payer le prix mais on veut tellement être adéquat qu’on peut s’oublier, se priver de ces moments individuels.
Je ne sais pas pour vous mais, personnellement, je reporte souvent ces rendez-vous avec moi-même. La liste de choses à faire l’emporte souvent sur ces pauses. Et pourtant… Je connais les effets bienfaiteurs de prendre du temps pour moi. Et quand je mets à l’agenda une activité destinée à me faire du bien, je suis fière de moi et je me répète que je dois le faire plus souvent.
Je ne sais pas si c’est le tourbillon technologique qui nous entoure qui fait en sorte qu’on s’éloigne de soi-même à ce point, ou si c’est simplement la vie qui est ainsi. Mais, en discutant dernièrement avec quelqu’un, on avait cette impression qu’on est souvent en train de se battre pour quelques secondes de répit. Comme s’il était devenu normal d’être disponible, tout le temps.
Se faire un devoir de prendre soin de soi devrait être enseigné dans les écoles afin de faire grandir des humains plus sains et plus aptes à s’auto-soigner. La petite pilule magique, c’est facile, mais ça demeure une béquille. Apprendre aux enfants à méditer pour calmer les angoisses, enseigner les bienfaits du sport et d’une alimentation saine, démontrer les bénéfices d’une nuit de sommeil réparatrice… Tout cela ne serait-il pas un investissement pour désengorger nos urgences et cliniques?
Je suis d’une génération à qui on a appris toute l’importance du travail. Avoir une « bonne job » c’était l’objectif ULTIME! Mais finalement, combien de personnes vivent malheureuses et désabusées parce que le dit travail ne comble rien et crée plutôt un vide intérieur? À quoi ça rime d’avoir une belle position sociale et un gros compte de banque si le cœur saigne?
Identifier ses passions, ses intérêts et ses lieux de ressourcement est primordial pour garder un équilibre. Accorder du temps à tout cela peut être un défi dans nos horaires surchargés mais c’est primordial. Il ne s’agit pas de seulement garder la tête hors de l’eau mais bien de vivre sereinement. Ce n’est pas le minimum requis que l’on cherche à atteindre mais bien le meilleur pour soi.
Il faut se le rappeler, se réformer même parfois, pour être à la hauteur avec soi-même. On le dit souvent, on ne peut pas sauver les autres et il faut d’abord s’aider soi-même pour être pleinement présent pour autrui. Mais entre les paroles et le concret, il y a parfois un monde… Alors, un étirement à la fois, une posture, une respiration… On se connecte et on réalise qu’au fond, ce qui importe, c’est d’être en vie.
Photo : Unsplash | Michelle