Posts published on "mars 2017"

Quand bouger n’est plus un réflexe

James Sutton

Article troublant dans La Presse+ ce matin concernant la dégradation de la forme physique chez les jeunes dans les écoles. J’aurais beau chercher une introduction en la matière moins brutale, le constat ne le serait pas moins : ça ne va pas bien. Et un passage qui m’a particulièrement choquée dans ce papier?

Au primaire, le ministère de l’Éducation recommande 120 minutes d’éducation physique par semaine. Mais il ne s’agit que d’une suggestion. Selon la FEEPEQ, plus de 30 % des écoles ne respectent pas ce minimum recommandé.

Pardon? 30%? Une simple suggestion? Comment peut-on décider de couper dans la santé des jeunes, de les priver de cette occasion d’être encadrés dans la pratique de l’activité physique, dans un des rares moments dans leur horaire chargé pour se défouler un peu, faire sortir le stress et la fatigue accumulés? Je n’ai jamais compris que le gouvernement ait pu même envisager une seconde de couper les cours d’éducation physique et je peux vous jurer que je serais montée aux barricades si un projet avait été déposé dans cette optique.

Je n’ai pas été élevée dans une famille où le sport était très présent et j’ai dû m’éduquer moi-même à intégrer l’activité physique dans ma routine de vie. Il faut apprendre à découvrir ce que l’on aime et ce qu’on sera capable d’incorporer dans son horaire sans se sentir privé de temps. Car quand on n’a jamais bougé beaucoup, au départ, on peut sentir que c’est du temps en moins. Pour les grands sportifs, cette phrase peut paraître insensée mais pour le commun des mortels, c’est la réalité. Cessons de se mettre la tête dans le sable sur ce sujet…

Alors quand on réussit à trouver ce qui nous plaît et nous permet de garder notre motivation, c’est tout un accomplissement. Si on coupe l’opportunité de ces jeunes d’expérimenter plusieurs sports, on les prive d’un apprentissage sur eux-mêmes et sur les bienfaits de l’activité physique. Et ce que ça génère, ce sont des jeunes qui souffrent de problèmes de santé beaucoup trop tôt car ils ne sont pas en forme. Et, nul besoin de m’étendre sur le sujet mais vous comprenez que c’est le système de santé qui doit gérer ces cas atypiques.

Comment peut-on croire que ça n’a pas d’impact, que c’est sans conséquence? C’est comme de dire qu’on va couper le français et qu’ils ont seulement à ouvrir la télé et à lire un peu pour l’apprendre. Voyons, ça n’a aucun sens! L’école est un milieu de vie qui doit encadrer et offrir un terrain favorable aux bonnes habitudes de vie autant qu’aux connaissances.

Oui, les parents ont un rôle à jouer mais les enfants sont fortement influençables et si, à l’école, on leur passe le message que ce n’est pas important de prendre soin de soi, ils vont l’intégrer d’une certaine façon. Et je ne crois sincèrement pas que c’est un risque que l’on veut prendre collectivement. On a déjà des chiffres qui nous prouve qu’une dérive s’opère. Ne la laissons pas empirer!

Ce matin, oui, c’est un coup de gueule et non un partage positif et serein mais ça aussi, ça fait partie de la vie. On doit demeurer à l’affût du laisser-aller de notre société car c’est collectivement qu’on peut garder le cap. La facilité est un mal commun dans la gouvernance de notre pays et notre province et si on n’insiste pas sur ce que l’on désire comme société, certains pourraient décider à notre place et nous imposer des règles incongrues qui leur semblent plus faciles à gérer.

Soyez présents et faites savoir à vos écoles et vos gouvernements que l’activité physique et le partage de bonnes habitudes de vie doivent occuper une place centrale dans la société. En ayant un message ferme et clair, nous démontrerons notre conviction. C’est l’avenir de nos jeunes qui en dépend. Sur ce, bon vendredi et bonne fin de semaine!

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Photo : Unsplash | James Sutton

Mettre la « switch à off »

Clem Onojeghuo

C’est surement le titre le moins francophone que j’aurai publié ici mais je me suis dit a) c’est toujours bien mon blogue alors je me fixe mes propres contraintes et b) cette expression colle tellement à ma pensée que je ne peux pas faire autrement. Une traduction l’aurait transformée et le résultat n’aurait pas été le même.

Mais ce début de réflexion reflète bien mon état d’esprit justement. Pouvoir se déconnecter de sa propre vie le temps de souffler un peu est un rêve que tout le monde fait par moment. Autant par rapport à la critique possible que pour les obligations familiales, financières, professionnelles ou autre, pouvoir s’extraire de tout ce tourbillon pour s’enraciner, respirer et se reconnecter avec soi-même me semble un besoin essentiel, voir un droit de base.

Ce n’est pas toujours possible et notre plus grand frein est souvent nous-même. Mais qu’est-ce que les gens vont penser? J’ai beaucoup trop de choses à faire! Je vais prendre du retard! Pourtant, s’il y a bien une chose que je sais c’est qu’on est terriblement moins efficace quand on est épuisé, le presto prêt à sauter. On fait plus d’erreur, on assimile moins bien l’information, on se perd plus facilement dans notre pensées… Bref, ça tourne plus carré.

Et pourtant, on continue d’essayer d’avancer, englué dans notre obstination, pataugeant dans les méandres de notre jugement. Si, par miracle, on réussit à garder un semblant de contrôle, on accumule malgré tout de la fatigue et une usure malsaine. Mais bien souvent, on frappe un mur et celui-ci est un mal nécessaire pour nous faire comprendre qu’on a peut-être un peu trop abusé de notre banque d’énergie.

Donc, par moment, il faut sortir de tout ça pour prendre soin de soi, pour débrancher le câble imaginaire qui nous relie à notre vie trépidante et épuisante pour retrouver le calme et la paix intérieure. Pas de décision à prendre, pas d’engagement outre celui que l’on se fait à soi-même de s’écouter et de se respecter.

Ça peut prendre la forme d’une retraite au fond des bois tout comme d’un voyage dans le sud mais au fond il n’est souvent pas nécessaire d’aller bien loin. C’est plus un exercice psychologique que physique et comme n’importe quoi dans la vie, ça s’apprend. Mentalement, ne plus penser à la longue liste de choses à faire, est un exercice ardu en soi car, surtout chez la gente féminine, ce réflexe est inné et apporte un sentiment de sécurité. Illusion parfaite me direz-vous mais c’est tout de même l’impression que ça donne.

Quand j’ai entendu l’annonce de la mini tempête à la radio, je me suis dit que c’est l’occasion parfaite pour s’enfermer dans un cocon et attendre que ça passe en savourant le moment. Samedi matin, alors que la neige s’accumulera dans les rues et fera rager la population, je me blottirai en pyjama, un livre à la main, un café dans l’autre et je profiterai de chaque minute qui s’offrira à moi. Manger, dormir, faire du yoga et lire seront mes principales activités. Toutes des choses qui me font du bien, toutes des sources de bonheur.

Par moment, il faut le faire car personne ne prendra soin de nous à notre place et c’est nous avant tout qui payent le prix de cet acharnement à vouloir continuer malgré l’épuisement, la fatigue, le besoin d’arrêter. Prendre soin de soi, c’est offrir au monde la meilleure version de soi-même. Et je trouve cet objectif fort louable…

 

Photo : Unsplash | Clem Onojeghuo

Être à sa place, au bon moment

Andrew Neel

Il m’est arrivé de rencontrer des gens dans ma vie qui semblaient toujours avoir ratés le train de leur vie, comme s’il leur était impossible d’être au bon endroit, au bon moment. Alors que d’autres me paraissent toujours être sur leur X, parfaitement en phase avec eux-mêmes, bien ancrés solidement sur leur route.

Je sais pertinemment que ce n’est pas donné à tout le monde, à tout moment, de saisir le changement, de l’accueillir et l’accepter dans sa vie. Par moment, dans un creux de vague, on préfère se rouler en boule et regarder la vie se dérouler autour de soi plutôt que d’envisager le moindre ébranlement. Et ces phases d’hibernation sont souvent cruciales pour refaire ses forces, accumuler de l’énergie et s’enraciner avant de lever la tête pour prendre part au remaniement.

S’il y a une chose qui est permanente et qui revient constamment, c’est bien le changement. Une fois qu’on a compris ça dans la vie, déjà, ça fait moins peur. Et si on fait trop de plans détaillés et qu’on s’y accroche, il y a fort à parier que la vie viendra brasser tout ça pour nous faire comprendre qu’elle mène le bal et que nos plans, ils doivent être flexibles.

La vie est un cycle, infini et indéfini, qui amène son lot de bons et mauvais moments, de sentiments positifs et négatifs et avec le temps, on mesure l’importance de ces 2 antipodes pour apprécier le tout. Résister à cela revient à nier la vie en soi et entre vous et moi, je miserais plus sur la vie dans ce combat.

Je ne sais pas pour vous mais moi j’ai des expériences très concrètes de moment dans ma vie où j’ai combattu ce qui devait arriver et où je me suis brûlée les ailes. C’est plutôt au moment où j’ai consciemment lâché prise que le calme est revenu. En tentant de m’accrocher au passé, au connu, à la facilité, bref en m’obstinant à demeurer dans ma zone de confort, j’ai dépensé une énergie folle et je n’ai fait que m’épuiser. Car malgré tout, le changement allait s’opérer, avec ou sans moi, métaphoriquement parlant.

Je ne sais pas si c’est l’âge ou l’expérience, ou les 2, mais aujourd’hui j’ai accepté ce mouvement et je vis bien avec. Et quand je croise des gens qui semblent marcher à contre-courant de ce que la vie a décidé pour eux, j’essaie de partager ce savoir pour leur apporter un peu de paix. Ce n’est pas toujours le bon moment, ils ne sont pas toujours réceptifs mais je sais que je sème quelque chose et qu’un jour, ce partage résonnera en eux et prendra tout à coup un sens. Une fois le brouillard dissipé, on voit souvent plus clair…

Des gens ont fait cet effort pour moi, m’ont appris des leçons de vie que je n’oublierai jamais. On dit que les personnes passent dans notre vie pour une raison précise et je peux en témoigner. Parfois, on croise quelqu’un pour nous confronter, pour apprendre, pour avancer, pour reculer, pour arrêter… Mais il y a toujours une raison, un apprentissage. Et des fois, une personne n’est de passage que pour nous rappeler de se protéger, redresser nos antennes.

En cette saison de renouveau où la vie semble reprendre ses aises dans la nature, je sens toujours un vent de fraîcheur et j’espère qu’il en est de même pour vous. C’est à cette période de l’année que j’aime me déposer et prendre le pouls de ma vie, consolider mes acquis des derniers mois et ressentir ce qui m’a touchée, blessée, enchantée. En rassemblant tout cela, je me sens prête pour poursuivre ma route, pour profiter de la vie, pour partager et enrichir l’existence des autres humains qui m’entourent. Parce qu’à mes yeux, c’est à ça que sert notre parcours sur cette Terre…

Au revoir, grande dame!

Elise St. Clair

En lisant ce matin sur le décès de Madame Janine Sutto, je n’ai pu m’empêcher de me dire que personne ne pourra la remplacer. Cette grande dame qui a brillé entre autre sur les planches et à l’écran aura su, tout au long de sa carrière, entretenir cette flamme, cet amour inconditionnel de son métier et nous communiquer les émotions de ses personnages comme peu auront su le faire. Elle laisse un grand vide mais aussi de merveilleux souvenirs et une quantité impressionnante d’archives à visionner encore, et encore.

Puis, en faisant défiler les « pages » de La Presse+ sur ma tablette, je tombe sur l’article à propos de Cœur de pirate, Béatrice Martin de son vrai nom, qui déclare avoir besoin d’une pause. Et dans ma tête, ne me demandez pas pourquoi, mais il y a comme un drôle de lien qui s’est fait.

J’ai l’impression que, même si elle était née dans les années ’80, Madame Sutto n’aurait pas exposé sa vie sur les réseaux sociaux comme la chanteuse l’a fait. Loin de moi l’idée de juger ou de critiquer, j’ai simplement l’impression que, malheureusement, cette tendance à nourrir la bête finit parfois par engloutir.

La grande dame, incarnation de la sagesse et du respect, a toujours su garder un équilibre entre sa vie de famille et son art. Elle fut une grande artiste, une grande amoureuse de la vie, une inspiration pour plusieurs générations. Malgré les coups durs, elle a toujours eu cet étincelle au coin de l’œil, signe d’une inébranlable foi en l’humain.

Je me questionne donc sur la possibilité d’atteindre cet équilibre aujourd’hui, alors que tout va si vite, alors que tout se déroule en ligne avant même qu’on ait le temps de ressentir une émotion, que tout est public, partagé, liké… Cette Béatrice qui cherche ses repères et se perd dans le flot continu de commentaires à son sujet n’entretient-elle pas une relation malsaine avec cette perpétuelle lumière sur sa vie?

Comme je le mentionnais, ceci n’est pas un reproche à la chanteuse et compositrice mais plutôt un questionnement quant à notre rapport à ce monde infini qui n’oublie jamais. Hier je vous parlais de cette petite perle de bouquin de Rafaëlle Germain qui pose un regard critique sur cette mémoire incommensurable qui nous prive d’un certain anonymat. Je peux facilement imaginer que pour une vedette, c’est encore pire.

Il suffit de faire une recherche sur Google avec son propre nom pour réaliser que des pages nous concernant nous étaient totalement inconnues et que des photos de nous sont disponibles sans que nous n’ayons été conscients de leur prise. Et ce, en étant de simple mortel, une personne ordinaire, sans carrière médiatisée. Alors imaginez-vous ce que c’est que d’être connu!

Est-on encore capable de vivre sans vérifier son fil Facebook dans la journée, sans regarder nos courriels, sans accès internet, sans téléphone intelligent… Plusieurs en font des cures pour mieux apprécier le silence et pour prendre conscience de cette dépendance. Car oui, il s’agit la plupart du temps de dépendance, pernicieuse et vicieusement implantée dans nos vies sans que l’on en soit conscients.

On ne se souvient plus car on a un appareil pour immortaliser un moment, on n’apprend plus car on a accès à toute l’information du monde du bout des doigts. Mais ces beaux moments que nous a offert Mme Sutto par son talent et sa générosité, ils demeureront immuables, éternelles perles de plaisir, perdurant au-delà des réseaux sociaux car ils ont touché notre cœur. Souhaitons que Béatrice Martin trouve la paix intérieure et puisse revenir à cet art essentiel : celui de la communication de l’âme, celui du langage universel.

 

Photo : Unsplash | Elise St. Clair

L’heure est au divertissement

Eric Nopanen

Ces derniers temps, avec le printemps qui tardait à s’installer et la neige qui ne cessait de s’accumuler, j’ai eu comme une rage de cocooning, un besoin intense de me blottir dans un jeté et d’être absorbée par de la fiction pour oublier cet hiver éternel. Et j’avoue que j’ai été complètement séduite par quelques merveilleux produits d’ici qui m’ont divertie à souhait. Compte-rendu de cette bulle réconfortante purement québécoise.

Tout d’abord, côté lecture, je savoure actuellement comme de la grande gastronomie l’ouvrage touchant et confrontant d’une auteure que j’adore : Rafaële Germain. Réunissant ses réflexions, impressions, observations et questionnements sur la mémoire en cette ère où tout est gravé à jamais, ou presque, dans l’univers numérique, la belle Rafaële se dévoile dans un style tout à fait nouveau, très sincère et intime dans cet essai intitulé Un présent infini : notes sur la mémoire et l’oubli. L’objet en soi est déjà d’une beauté et d’une finesse qui tranche avec ses précédents bouquins de style chick lit, mais c’est au niveau du ton très personnel que l’on se laisse charmer. Chaque phrase, chaque page se révèle un petit bijou et nous transporte dans nos propres pensées sur notre rapport au temps, à la mémoire et à cette tendance qu’on a à publier nos vies sur les réseaux sociaux sans gêne et sans pudeur.

Livré un peu comme une discussion qu’elle aurait eue avec son père, Georges-Hébert Germain, cet essai se veut à la fois un hommage à son paternel qui, ironiquement, a perdu la mémoire à cause de la maladie, lui qui collectionnait les souvenirs et se plaisait à les partager, et une observation sur l’effet pervers de ce rapport quasi permanent avec la vie virtuelle de nos congénères. Franchement, il y a longtemps que je n’ai pas été aussi touchée par un ouvrage. À lire absolument!

Du côté des séries, j’ai littéralement dévoré 2 petites séries québécoises disponibles sur tou.tv : L’âge adulte et Trop.

L’âge adulte, série dramatique alliant à nouveau le comédien et auteur Guillaume Lambert et le réalisateur François Jaros, se présente comme une comédie de situation sous forme de courts épisodes, comportant sa part d’absurde et de drame humain autour de personnages vulnérables confrontés à un imprévu qui les interpelle en profondeur. Autant les moments cocasses s’enchaînent, autant on peut être troublé par la candeur des personnages et leur sincérité. Un vrai petit plaisir qui se consomme en un rien de temps. Parfait pour un petit dimanche pluvieux!

Puis, mon dernier coup de cœur à ce jour qui m’a rendu accro, c’est la série Trop. La première chose à dire c’est que c’est juste trop court, sans mauvais jeu de mots. Sur une toile de fond d’ironie et de comique se révèle une merveilleuse histoire sur la maladie mentale mais dans un contexte de jeunesse et de douce folie.

On s’immisce dans la vie d’une troupe d’amis, de jeunes trentenaires incertains, un brin égoïstes, dont le cœur est habité par 2 sœurs, aussi différentes que divertissantes. L’aînée, campée par Evelyne Brochu, jeune professionnelle qui jongle avec sa séparation et son travail, s’occupe de son mieux de sa sœur qui reçoit un diagnostic de trouble bipolaire, incarnée par l’étonnante Virginie Fortin. Situations loufoques, délires et fous rires sont au rendez-vous et malgré les débordements de la cadette, on ne peut qu’être captivée par cette vie rocambolesque mais si distrayante. Du gros fun et un moment pour décrocher, tout en se trouvant, finalement, pas si pire que ça…

 

 

Photo : Unsplash | Eric Nopanen